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Culture - Documentaire

Et si Beyrouth était une comédie et que le théâtre était le réel ?

Dans le cadre des festivités célébrant le mois de ramadan, le théâtre al-Madina présente, le 23 avril, « Madinatane » (« Deux villes »), un documentaire de Omar Naïm ou une vision différente et croisée des planches et de la ville.

Et si Beyrouth était une comédie et que le théâtre était le réel ?

Pour Omar Naïm, un documentaire peut être fait avec les techniques d’un film de fiction et vice versa. Photo DR

« Qu’est-ce qu’une ville ? » « Qu’est-ce qu’un théâtre ? » C’est en réfléchissant à ces deux questions-clés que Omar Naïm a réalisé le documentaire Madinatane (« Deux villes »).

Le cinéaste a quitté le Liban en 1995 pour poursuivre des études de cinéma au fameux Emerson College de Boston, tout en effectuant des retours annuels au bercail. En 2016, à l’occasion de la vingtième année de la création du théâtre al-

Madina, sa mère Nidal al-Achkar lui a proposé de réaliser un film pour documenter et archiver les deux décennies de cette institution fleuron de la rue Hamra. Un festival marquant cet anniversaire a regroupé nombre de travaux et de comédiens qui ont contribué à l’émergence de ce théâtre. « Ma mère voulait que je filme les festivités pour les archives. Mais pour moi, c’est devenu une opportunité de faire quelque chose de plus grand. D’abord, parler de mes parents (son père est le journaliste Fouad Naïm), du théâtre mais aussi de Beyrouth et de la culture si importante dans la capitale libanaise. Après deux semaines où je n’arrivais pas à trouver le sommeil, le titre a surgi dans ma tête et l’idée du film par la suite. »

Le metteur en scène Roger Assaf interviewé par Omar Naïm. Photo DR

La scène et la ville

Madinatane parle donc non seulement de la création du théâtre al-Madina mais aussi du combat des parents de Omar pour la culture dans un pays où l’on n’y accorde pas beaucoup d’importance. Enfin la comparaison entre la gestion de ces deux microcosmes de vie – la scène et le quotidien – met en évidence une triste réalité : la réussite de l’un et l’échec de l’autre. À travers près de 20 entrevues, notamment avec ses parents, Fouad Naïm et Nidal al-Achkar, avec des comédiens et comédiennes (Roger Assaf, Georges Khabbaz…) ou les employés d’al-Madina qui ont suivi la naissance de cette grande aventure du théâtre depuis le début, le metteur en scène parvient à créer cette atmosphère familiale qui a habité les lieux et qui contraste avec les prises de vue de déliquescence de la ville de Beyrouth à l’époque des ordures qui garnissaient ses rues et le vide à la tête de l’État. « Deux mondes différents, dit-il, et pourtant, à voir comment ma mère, soutenue par une équipe soudée et passionnée, a pu gérer son théâtre, malgré tous les obstacles qui ont traversé le pays, on se demande comment un petit État comme le Liban n’arrive pas à se construire et à se reconstruire. Le théâtre al-Madina est un modèle de vivre-ensemble, de solidarité de plusieurs communautés, mais aussi d’une passion absolue pour l’art et la culture. »

Omar Naïm a baigné dès sa petite enfance dans une atmosphère artistique : « J’ai été inoculé par ma mère du virus de la culture et je suis convaincu que c’est le seul moyen de sauver un pays », affirme-t-il. Dans le documentaire, il dirige ses intervenants comme des acteurs de film de fiction. « J’aime mélanger les genres, dit-il. Pour moi, un documentaire peut être fait avec les techniques d’un film de fiction et vice versa. » Le réalisateur, souvent en déplacement, a dernièrement tourné aux Émirats arabes unis. Mais il n’a jamais coupé le cordon ombilical avec le Liban où il s’est attelé 3 mois durant à effectuer des recherches en amont, à visiter tous les autres théâtres et à dresser un état des lieux. Les acteurs du théâtre al-Madina parlent tous avec passion et amour de cette bulle de vie où chacun se respecte. C’est certainement la vérité et l’authenticité dans les rapports humains qui sont éclairées par la caméra du réalisateur quadragénaire. Ici, dans le cadre de ce théâtre, les gens travaillent pour bâtir une nouvelle société alors que l’on aperçoit au Parlement des sortes de fantoches, des cabotins qui se mentent les uns aux autres ainsi qu’à leurs compatriotes. Le film Madinatane est teinté de mélancolie, de nostalgie mais aussi d’un espoir infini en l’être humain qui peut quand il veut. Et si Nidal al-Achkar avoue qu’elle ne croit pas beaucoup en la reprise de ce pays, elle ne cessera de chanter Heloua ya baladi (« Mon pays si beau »).

Les acteurs du théâtre al-Madina parlent tous avec passion et amour de cette bulle de vie où chacun se respecte. Photo DR

La chaîne BBC arabe a décidé dernièrement de diffuser ce film et Omar Naïm est confiant que ce documentaire pourra participer à des festivals de cinéma et de théâtre. « Les gens ont besoin, plus que jamais, d’être dans des espaces avec d’autres gens réels non virtuels, et seul le théâtre peut offrir cette opportunité. » À signaler que Omar Naïm avait réalisé un premier documentaire autour du Grand Théâtre du centre-ville de Beyrouth. Son long-métrage The Final Cut était présenté en compétition dans les festivals de Berlin et Deauville 2004 où il a obtenu le prix du scénario.

Samedi 23 avril, 21h, au théâtre al-Madina, Hamra.

Billets chez Antoine et au guichet.

« Qu’est-ce qu’une ville ? » « Qu’est-ce qu’un théâtre ? » C’est en réfléchissant à ces deux questions-clés que Omar Naïm a réalisé le documentaire Madinatane (« Deux villes »). Le cinéaste a quitté le Liban en 1995 pour poursuivre des études de cinéma au fameux Emerson College de Boston, tout en effectuant des retours annuels au bercail....

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