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Politique - Messe de Pâques

À Bkerké, des messages politiques à plusieurs destinataires

Raï renouvelle ses attaques implicites contre le Hezbollah, alors que Aoun tance Berry sans le nommer.

À Bkerké, des messages politiques à plusieurs destinataires

Le président Aoun reçu par le patriarche Raï dimanche à Bkerké. Photo Dalati et Nohra

Le siège du patriarcat maronite ressemblait en ce dimanche de Pâques catholique à une tribune à partir de laquelle plusieurs messages politiques ont été lancés en plusieurs directions. D’une part parce que le patriarche maronite, Béchara Raï, a renouvelé ses critiques implicites au Hezbollah, en présence de l’allié chrétien de ce dernier, le président de la République, Michel Aoun. Et d’autre part parce que le chef de l’État a lui aussi décoché ses flèches en direction de son principal adversaire, le président de la Chambre, Nabih Berry, sans le nommer, l’accusant de bloquer l’enquête sur le drame du 4 août 2020 au port de Beyrouth. Dans son homélie dominicale, le patriarche maronite n’a pas mâché ses mots : « Les Libanais ne veulent pas de substitut ni de partenaire à l’État. Ils attendent le moment où la mainmise sur le pays sera levée et l’hégémonie cernée. Ils attendent que la politisation et le blocage du pouvoir judiciaire et de l’administration prennent fin (...). » « Cela permettra qu’il y ait uniquement une seule République, une seule légitimité, une seule référence pour les armes, une seule référence pour la prise de décisions et une identité libanaise unifiée », a ajouté le prélat, dans une critique à peine feutrée de l’arsenal illégal du Hezbollah.

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Le prélat a en outre rappelé la nécessité que « la souveraineté des États frères soit respectée » et que cessent les « campagnes qui les prennent pour cible parce qu’elles ne servent pas l’intérêt du Liban mais ceux de pays étrangers ». Une critique aux attaques menées régulièrement par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, contre les monarchies du Golfe, qui viennent de se rabibocher avec Beyrouth après des mois de brouille diplomatique. Comment interpréter cette nouvelle attaque verbale de Bkerké contre le parti chiite ? « Le patriarche maronite n’adresse de messages politiques à personne. Il prend des positions claires parce qu’il est conscient de la difficulté de la situation du pays », commente Sejaan Azzi, ancien ministre proche du patriarcat maronite, pour L’Orient-Le Jour. Les propos du chef de l’Église maronite sont intervenus quelques semaines après un déplacement au Caire où il avait déclaré que le dialogue avec le parti chiite visait uniquement à maintenir la communication entre les deux parties. « Mgr Raï n’a pas tenu de propos à même d’entraver ce dialogue, car Bkerké est ouverte à tous les protagonistes », soutient Sejaan Azzi. « Mais l’important, c’est que ce dialogue puisse porter sur les questions épineuses », s’empresse-t-il de préciser. « Il faut attendre de voir si une délégation du Hezbollah se rendra à Bkerké pour présenter ses vœux à Mgr Raï », estime l’ancien ministre, laissant ainsi entendre qu’une telle visite sera interprétée comme un signe de bonne volonté de la part du Hezbollah, qui reste fidèle à sa politique de ne pas polémiquer avec le chef de l’Église maronite.

Aoun tance Berry

Si le patriarche Raï a tiré exclusivement sur le Hezbollah, le président Michel Aoun a, lui, surtout ciblé le mouvement Amal, et par ricochet le Hezbollah. « La partie qui bloque le pouvoir judiciaire est connue », a-t-il tonné en réponse à la question d’une journaliste sur le sort de l’enquête sur le drame du port de Beyrouth, qui stagne depuis des mois en raison des recours en dessaisissement présentés par des proches du duo chiite contre le juge Tarek Bitar, chargé de l’affaire. « Vous savez tous qui fait de l’obstruction. Qui avait bloqué le gouvernement ? Pourquoi posez-vous des questions dont vous connaissez la réponse ? » a lancé le chef de l’État dans une allusion à peine voilée au tandem Amal-Hezbollah qui avait bloqué l’action du cabinet Mikati pendant plus de trois mois, réclamant le limogeage de Tarek Bitar. « Le président n’a fait que décrire la réalité », souligne un proche de la présidence assurant que les propos de M. Aoun ne sont pas à interpréter sous l’angle du timing, car il a simplement répondu à une question. « Il reste que la même partie qui a paralysé le gouvernement entrave aujourd’hui l’action de la justice », reconnaît ce proche de la présidence, rappelant que le ministre des Finances, Youssef Khalil (proche de Nabih Berry), s’abstient toujours de signer le décret de la formation de l’assemblée plénière de la Cour de cassation (chargée de trancher les recours en dessaisissement contre Tarek Bitar, afin qu’il poursuive son enquête).

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Ces critiques de M. Aoun interviennent alors que, contre toute attente, le CPL, parti qu’il a fondé, et le mouvement Amal vont faire front commun dans certaines circonscriptions lors des législatives de mai... « Dire que les deux partis sont alliés est une exagération. Il y a certaines régions où il y a une entente ponctuelle avec le courant aouniste », précise un proche du président de la Chambre. « Le CPL se lance dans le scrutin à l’heure où il est en déclin de popularité. Il a peur de perdre la bataille, notamment à Jezzine et au Kesrouan. Il veut donc se mobiliser sur tous les fronts pour resserrer les rangs de son électorat », analyse ce proche de Nabih Berry.

« Que le président exprime ces prises de position est un bon signe. Mais nous attendons des actes, tels que la fin de l’entente de Mar Mikhaël, et non une alliance électorale avec le tandem chiite », lance de son côté Sejaan Azzi.

Le siège du patriarcat maronite ressemblait en ce dimanche de Pâques catholique à une tribune à partir de laquelle plusieurs messages politiques ont été lancés en plusieurs directions. D’une part parce que le patriarche maronite, Béchara Raï, a renouvelé ses critiques implicites au Hezbollah, en présence de l’allié chrétien de ce dernier, le président de la...

commentaires (9)

Entre-temps les chrétiens partent???

Eleni Caridopoulou

18 h 51, le 19 avril 2022

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Commentaires (9)

  • Entre-temps les chrétiens partent???

    Eleni Caridopoulou

    18 h 51, le 19 avril 2022

  • Pour quelqu'un qui souffre dun cancer ardu, les commentaires implicites mènent nulle part. On est des adultes et on dit la vérité telle quelle. Tancer l'un ou l'autre est aussi inutile devant le corps de la Patrie! On doit dire la vérité telle quelle ou se taire complètement!

    Wlek Sanferlou

    15 h 17, le 19 avril 2022

  • Une faute de frappe s’est glissée dans mon commentaire. Lire « sur les recommandations des fossoyeurs ».

    Sissi zayyat

    13 h 23, le 19 avril 2022

  • Il s’est pourtant allié à Berri, l’autre mafieux grandiose pour les élections ??

    Wow

    12 h 09, le 19 avril 2022

  • IL FAUT EN FINIR AVEC L,ACCAPAREMENT DE LA PRESIDENCE DU PAYS PAR LES MARONITES QUI L,ONT DETRUIT. PUISQU,IL REVIENT AUX CHRETIENS IL Y A D,AUTRES CHRETIENS QUE LES MARONITES. LE PREMIER PRESIDENT CHRETIEN DU PAYS ETAIT ORTHODOXE. IL Y A D,AUTRES CHRETIENS AUSSI. MAIS POUR LES TROIS PRESIDENCE IL FAUT PASSER A LA LAICITE. JE M,ACCOMEDERAI BIEN ET AVEC ESPOIR ET SURETE AVEC ACHRAF RIFI... UN LIBANAIS QUI VEUT LE BIEN DU LIBAN ET RIEN D,AUTRE CONTRAIREMENT AUX ACHETES ET VENDUS DE LA BERGERIE DE RAI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 56, le 19 avril 2022

  • Il arrive à la fin de son mandat, à plus de 80 ans et il a toujours peur de désigner les fossoyeurs de la nation? Ah j’oublie un détail important, ils ont été la raison même de son intronisation avec comme bras cassé, son gendre qui murmurait à son oreille les astuces pour mettre à genoux notre pays sur les dédommagions des fossoyeurs que lui designer ne pas comprendre le vrai but mais les suivait religieusement. Le courage ne s’improvise pas, on l’a ou on ne l’a pas c’est la qualité des grands hommes dont il ne fait pas partie.

    Sissi zayyat

    11 h 36, le 19 avril 2022

  • DES MESSAGES FLOUS COMME TOUJOURS. ON N,OSE PAS NOMMER. DES PAROLES D,AIR DANS L,AIR. DU VENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 17, le 19 avril 2022

  • Paroles, paroles paroles......On ne s'attend a rien de ces personnages......

    Sabri

    05 h 35, le 19 avril 2022

  • Pourquoi posez-vous des questions dont vous connaissez la réponse ? » a lancé le chef de l’État.. Et pourquoi ne désigne t il pas nommément ceux qui font obstacle à l'enquête du port ... tout en faisant alliance avec eux ? Tandis que son gendre pavane face aux questions du rédacteur en chef de l'orient et se montre persuadé de pouvoir diriger le pays en dépit des sanctions dont il fait l'objet.. Sait il seulement qu'en dehors de la syrie "soeur" terme qu'avait utilisé son modèle lahoud.... il ne pourra voyager nulle part, sauf peut être au siège des Nations Unies considéré comme zone neutre ou en iran. En outre il ne pourra pas se défaire de sa filiation qui est comme un chewing-gum collé à sa chaussure, avec son beau père

    C…

    00 h 55, le 19 avril 2022

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