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Culture - Projection/débat

Sur les traces de Jim Harrison, ce soir à l'Institut français de Beyrouth

« Seule la terre est éternelle » est projeté ce soir, jeudi 14 avril, à la salle Montaigne (Institut français du Liban) à 20h, en présence d’un des réalisateurs, Adrien Soland. Un documentaire consacré à l’écrivain américain Jim Harrison disparu en 2016 et qui vous reconnecte avec l’essentiel. À voir absolument.

Sur les traces de Jim Harrison, ce soir à l'Institut français de Beyrouth

Dans la barque, François Busnel et Jim Harrison. Photo DR

Le film s’ouvre sur un plan large de fleurs, de montagnes aux cimes couronnées de neige ou de blé blond pliant au vent. Un vieil homme respire. Son souffle est lourd, mais il respire, et sa respiration se fait parole. Cet homme, c’est Jim Harrison, le grand écrivain et poète américain auteur de Dalva, de Légendes d’automne et de tant de livres et recueils de poèmes qui racontent l’Amérique. Son Amérique. Il est revenu dans le Montana pour se lover dans la terre, loin des turbulences de la ville. « Jim est attachant, parce qu’il est à hauteur d’homme », dit Adrien Soland arrivé mercredi au Liban pour présenter Seule la terre est éternelle, ce film qui, depuis sa sortie en salle en France il y a un mois, a déjà dépassé la barre des 50 000 entrées.

Et l’aventure commence…

Ce n’est pas un documentaire per se, mais un film de fiction, une sorte de conte, réalisé en format hybride en scope, où les gros plans sur Jim Harrison alternent avec des paysages fabuleux de l’Amérique profonde. Le visage raviné par les vents se transforme soudain en reliefs. Il est tantôt montagne escarpée, tantôt plaines, mais il est surtout rivière d’où coule la vie. Ces rivières qu’il aime et dont il parle tellement.

Les réalisateurs et producteurs Adrien Soland et François Busnel. Photo DR

« C’est un film réalisé à trois avec François Busnel et moi-même, non sur Jim Harrison, mais avec lui. Cela fait quinze ans que nous travaillons ensemble, que nous coréalisons des documentaires entre autres pour l’émission La grande librairie. Mais cette fois-ci, je voulais qu’il le fasse entièrement seul et que je l’accompagne à cause de son amitié avec Jim. » La grande aventure commence en 2011, lorsque les deux réalisateurs/producteurs entament une série de documentaires sous l’intitulé Les carnets de route de François Busnel. « Nous étions allés en Amérique, nous avons sillonné durant trois mois tous les États-Unis de motel en motel. Nous avons rencontré une quarantaine d’écrivains et parmi ces quarante, il y avait Jim qui nous a invités à déjeuner autour d’un chili con carne, confie Adrien Soland. Comme Jim était un ami de François depuis 1996, je lui ai suggéré de faire un film sur lui parce que c’est un personnage extraordinaire et que le cinéma permet une plus grande liberté que la télévision. François se met donc à écrire un projet et le montre à Jim, mais ce dernier refuse illico, le trouvant trop classique. Il faut savoir que cet écrivain n’en fait qu’à sa tête. C’est un homme libre qui ne s’embarrasse pas à mettre des masques, révèle-t-il. Nous réécrivons donc et nous en discutons, et nous revenons chaque année le voir. En 2015, après lui avoir proposé un scénario où la nature, qui est assez présente dans ses œuvres, est actrice principale, il envoie un e-mail à François l’informant qu’il accepte. Nous lui avons proposé de retourner sur tous les lieux de ses romans, mais en arrivant chez lui, nous nous sommes rendu compte qu’il n’était pas au top de sa forme. François ne s’en est vraiment pas rendu compte, car il ne voulait pas voir ça. Mais le lendemain, il a été convaincu de bétonner l’entrevue et de laisser le parcours des lieux de ses œuvres pour plus tard. »

Ode à la vie

Il y a plusieurs lectures de ce film. Il y a la nature en premier lieu, l’ensauvagement ou le retour à la terre, l’histoire de l’Amérique mais aussi l’histoire d’un homme en train de partir qui nous ramène à la vie. « C’est une ode à la vie, parce que Jim Harrison est joyeux et taquin, indique Adrien Soland. Il parle en toute simplicité de son processus d’écriture face à un mur blanc pour ne pas être diverti. De la nourriture qu’il aime avec une sauce, de la pêche, des femmes, et bien sûr des Indiens dont il connaît très bien la culture.

Un voyage initiatique avec la terre et les mots de Jim Harrison. Photo DR

Jim Harrison ne s’embarrasse pas des mots. Il est une passerelle entre les cultures amérindienne et contemporaine. Il n’est pas une légende à la Hemingway, mais un homme simple qui se montre tel qu’il est. Dès le premier jour, nous lui avons dit : “Viens, qu’on te maquille un peu, qu’on te change les habits”. Il a répondu : “On ne se peigne pas avec la mort”. Nous devions retourner le voir au printemps 2016 et c’est là qu’il nous a quittés. Nous étions très découragés, étant des producteurs indépendants, nous faisons ça avec nos petites économies. C’est alors que Thierry Frémeaux nous relance et nous motive de nouveau. Nous sommes retournés en 2018 refaire le long voyage, mais sans lui. » Les deux hommes ont loué une voiture qui ressemble à la sienne et ils sont repartis en pèlerinage sur les traces de Jim Harrison, en vivant d’une façon mystique. « C’est ainsi que François est devenu un cinéaste à part entière, s’appliquant au niveau du son, de l’image et du rythme. C’est un peu difficile pour un journaliste littéraire de passer à la réalisation d’un film. Je trouve qu’il a un grand talent de narrateur », souligne Adrien Soland. Sur des airs de country music et avec la voix de Janice Joplin, et à l’invitation de Jim Harrison, le spectateur s’enfonce dans les profondeurs de la forêt, coule avec la rivière et effectue son propre voyage initiatique en reconnexion avec la terre.

Paroles de Jim Harrison extraites du film

– « Et j’ai pensé à une question que m’avait posée un Cree sur un ton moqueur : Que deviennent les histoires quand il n’y a personne pour les raconter ? »

– « Sur ma tombe, j’aimerais qu’on écrive : “Il a fait son boulot”, mais j’aime bien cette épitaphe d’un philosophe : “Nous aimions la terre, mais nous n’avons pas pu rester”. »

– Parlant du génocide de Wounded Knee où, pour affamer les Indiens, la cavalerie américaine a tué 17 millions de bisons : « Comment corriger le passé ? On ne peut pas, mais on essaye d’ajuster la trajectoire du présent pour ne pas reproduire les erreurs du passé. C’est ce qu’on n’a jamais fait. »

– « Le rôle de l’écrivain, c’est donner une voix à ceux qui n’en ont pas. »

– « L’histoire de l’Ouest est une histoire de cupidité. »

– « J’écris avec des bics à pointe fine, je n’aime pas les bruits électroniques des ordinateurs. »

Le film s’ouvre sur un plan large de fleurs, de montagnes aux cimes couronnées de neige ou de blé blond pliant au vent. Un vieil homme respire. Son souffle est lourd, mais il respire, et sa respiration se fait parole. Cet homme, c’est Jim Harrison, le grand écrivain et poète américain auteur de Dalva, de Légendes d’automne et de tant de livres et recueils de poèmes qui racontent...

commentaires (1)

Heu… je dois confondre avec Jim Morrison…

Gros Gnon

20 h 24, le 14 avril 2022

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Commentaires (1)

  • Heu… je dois confondre avec Jim Morrison…

    Gros Gnon

    20 h 24, le 14 avril 2022

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