Boukhari officialise le retour de Riyad au Liban

Deux jours après son arrivée à Beyrouth mettant un terme à cinq mois d’une grave crise diplomatique opposant le pays à plusieurs monarchies du Golfe, l’ambassadeur d’Arabie saoudite au Liban a officialisé hier le retour du royaume sur la scène locale. Après une tournée auprès de plusieurs responsables religieux et un bref entretien en début de soirée avec le Premier ministre Nagib Mikati, Walid Boukhari a réuni autour d’un iftar organisé au siège de l’ambassade à Yarzé plusieurs responsables politiques ainsi qu’un grand nombre d’ambassadeurs. « Les relations n’ont jamais été rompues avec le Liban, (notre rappel) était une mesure diplomatique visant à exprimer un certain mécontentement après des prises de position portant atteinte à l’Arabie saoudite et aux pays du Golfe », a affirmé M. Boukhari lors d’un bref point de presse à l’issue de l’iftar. Et de poursuivre : « Le royaume a toujours tenu à la stabilité du Liban, et c’est sur la base de cette vision que nous sommes revenus à Beyrouth. » L’ambassadeur a tenu à souligner que son pays n’interfère pas « sur les questions souveraines » et « respecte les échéances électorales, législatives et présidentielle ». En réponse à une question, il a de nouveau réfuté toute ingérence saoudienne dans les affaires internes du Liban : « Notre retour intervient dans le cadre de projets communs avec la France afin de soutenir le Liban sur le plan humanitaire, parce que le peuple libanais le mérite, surtout durant cette période très difficile. »

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L’ambassadeur saoudien était arrivé à Beyrouth vendredi après-midi, quelques heures après l’ambassadeur du Koweït, Abdel Aal al-Kinaï. Selon le ministère saoudien des Affaires étrangères, le retour intervenait en « réponse aux appels des forces politiques modérées au Liban, et à l’engagement du gouvernement libanais à prendre les mesures nécessaires pour cesser toutes les activités (...) portant atteinte au royaume », en référence notamment au Hezbolllah. Cette déclaration est intervenue dans la foulée de l’annonce d’un accord de principe entre le Fonds monétaire international (FMI) et le Liban. Prenant la parole au côté de M. Boukhari, hier, l’ambassadrice des États-Unis au Liban Dorothy Shea a salué l’accord avec le FMI, estimant qu’« il y a de l’espoir à l’horizon pour le Liban ». Quant à l’ambassadrice de France Anne Grillo, elle aussi prenant part au point de presse de M. Boukhari, elle a estimé que le retour de l’ensemble des ambassadeurs du Golfe au Liban est « un message important à l’ensemble des Libanais ». Rappelant les efforts du président français pour soutenir le pays et résoudre sa crise diplomatique avec le Golfe, elle a souligné qu’elle va mettre en œuvre, avec M. Boukhari, « un mécanisme de coopération inédit pour financer des projets humanitaires, notamment au niveau de la santé et de la sécurité alimentaire ».

Outre Mmes Grillo et Shea et nombre d’ambassadeurs ainsi que la représentante de l’ONU au Liban Joanna Wronecka, plusieurs responsables politiques libanais étaient invités à la table de l’iftar, dont notamment le Premier ministre Mikati, les anciens présidents Amine Gemayel et Michel Sleiman, les anciens chefs de gouvernement Fouad Siniora et Tammam Salam, le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt, le chef des Forces libanaises Samir Geagea et le chef des Kataëb Samy Gemayel. Le ministre de l’Agriculture Abbas Hajj Hassan (représentant le président de la Chambre Nabih Berry) et la députée Bahia Hariri (présidente du groupe parlementaire du Futur) étaient également présents.

La tournée de Boukhari

Plus tôt dans la journée, l’ambassadeur saoudien avait effectué une tournée auprès des responsables religieux du pays. Il a été reçu par le mufti de la République, Abdellatif Deriane, qui a estimé que le retour de M. Boukhari « est de bon augure pour le Liban en dépit de la situation qu’il traverse, et présage un avenir prometteur pour tous les Libanais qui vivent des crises extrêmement dures ». M. Boukhari s’est par la suite entretenu avec le vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Ali el-Khatib, qui a espéré que « le retour de l’ambassadeur et de ses frères au Liban constituera le début d’un nouveau parcours visant à renforcer les relations fraternelles entre les deux pays ». L’ambassadeur s’est par la suite concerté avec le cheikh Akl druze Sami Abi el-Mouna, au sujet des « développements politiques dans le pays et la région ». Ce dernier a également souhaité que « les responsables libanais œuvrent pour une entente continue en vue de servir les intérêts des deux pays frères ». M. Boukhari a ensuite été reçu par le chef de l’Église maronite, Béchara Raï, à Bkerké. Lors de leur entretien, Mgr Raï a assuré que « le retour des ambassadeurs des pays du Golfe au Liban a soulagé (le pays et) reconfirmé le soutien des frères arabes au Liban ».

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Peu avant l’iftar, le diplomate a reçu à Yarzé le Premier ministre Mikati. Le « royaume veille à soutenir le Liban et à rester aux côtés du Liban », a déclaré le Premier ministre après l’entretien. « Nous n’avons pas parlé du nuage qui (a terni nos relations) par le passé parce que les relations ont des hauts et des bas, a-t-il précisé. Nous avons plutôt parlé des relations historiques et futures entre le Liban et le royaume. » « Pas un seul jour, je n’ai senti que l’Arabie saoudite a fermé ses portes devant moi ou les Libanais », a ajouté le Premier ministre, annonçant une visite en Arabie saoudite « durant le mois de ramadan », sans préciser s’il s’agira d’un déplacement politique ou religieux.