Au moins 35 personnes ont été tuées et 100 blessées vendredi après que deux missiles se sont abattus sur la gare de Kramatorsk, dans l'Est de l'Ukraine, par laquelle des milliers de personnes sont évacuées depuis plusieurs jours.
Selon un volontaire humanitaire participant à l'évacuation des corps, rassemblés sous des plastiques sur un côté du parvis de la gare, au moins 35 personnes sont mortes dans la frappe. "J'ai vu une quinzaine de blessés, mais c'est difficile de dire combien il y en a eu, beaucoup ont été évacué peu après dans des voitures vers des hôpitaux", a-t-il expliqué. Au moins une trentaine de corps gisaient sur le sol, dans des sacs mortuaires et sous des bâches, que des militaires et policiers embarquaient à bord d'un camion.
Le patron de la compagnie ferroviaire ukrainienne Ukrzaliznytsia, Oleksandre Kamychine, a lui évoqué 30 morts et plus de 100 blessés, dénonçant sur sa chaîne Telegram une "frappe délibérée". Des milliers de personnes ont été évacuées ces derniers jours par train depuis la gare de Kramatorsk, capitale du Donbass sous contrôle ukrainien sous la menace d'une offensive russe majeure. Environ une heure avant la frappe, ils étaient déjà des dizaines de civils -personnes âgées, femmes et enfants- à faire la queue devant la gare à front rouge et blanc, en attendant de prendre le train. "Je cherche mon mari, il était là, je n'arrive pas à le joindre", a déclaré à l'AFP une femme, tremblante et en sanglots, hésitant à s'approcher des corps, son téléphone collé à l'oreille.
Une autre femme, elle aussi traumatisée, cherche son passeport dans les affaires abandonnées jonchant un peu partout la gare et son parvis, maculé de traces de sang. "J'étais dans la gare, j'ai entendu comme une double explosion, je me suis précipité contre le mur pour me protéger". "J'ai alors vu des gens en sang rentrer dans la gare, des corps partout par terre, je ne sais pas s'ils étaient blessés ou morts. Les militaires se sont précipités pour nous dire d'évacuer la gare, j'ai tout laissé ici".
Valises, peluches, ou autres sacs de biscuits étaient éparpillés en plusieurs endroits sur le quai, mêlés ici à un pied arraché ou un écœurant amas de chair informe, près d'un point d'impact dans le béton. Au milieu des bris de verre, un policier ramasse ici et là dans un carton les téléphones sanguinolents, dont l'un sonne dans le vide. Quatre voitures ont été pulvérisées et carbonisées devant la gare, où stationnent d'habitude les taxis. Partout, des longues traînées de sang sur le sol.
Sur la pelouse du parvis devant la gare, les restes d'un imposant missile kaki et tordu, sur lequel est tagué en russe à la peinture blanche "Pour les enfants". "C'était un missile Tochka, une bombe à fragmentation", a affirmé à l'AFP un officier de police sur place. "Il explose en plusieurs endroits, sur une superficie de la taille d'un terrain de football", a-t-il ajouté.
À en croire les tâches de sang sur le sol et les témoignages recueillis sur place, les victimes étaient éparpillées en plusieurs endroits de la gare, sur le quai principal attenant et son parvis. Elles étaient apparemment de tout âge, selon ce que l'on pouvait en apercevoir sous les bâches plastiques. À côté d'un des corps, un secouriste a déposé un chihuahua entouré d'un tissu, hébété mais encore vivant, la mâchoire trouée par un éclat. "Deux roquettes sont tombées sur la gare de Kramatorsk", avait dans un premier temps annoncé la compagnie ferroviaire ukrainienne.
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