Un avocat porte plainte contre Mikati pour enrichissement illicite

L'avocat Rami Ollaik, membre du collectif Mouttahidoun et réputé proche du Courant patriotique libre, a déposé jeudi une plainte à titre personnel contre le Premier ministre et milliardaire de Tripoli, Nagib Mikati, devant le premier juge d'instruction de Beyrouth, Charbel Abou Samra, pour enrichissement illicite dans le cadre de l'affaire de la Banque de l'habitat, rapporte le site local el-Nashra.

La procureure près la Cour d'appel du Mont-Liban, la juge Ghada Aoun, avait engagé en 2019 des poursuites contre Nagib Mikati, son fils Maher et son neveu Azami (le fils de Taha Mikati, frère du Premier ministre) pour enrichissement illicite par le biais de prêts au logement subventionnés.

En 2018, le journaliste Salem Zahrane avait déjà rapporté que des responsables politiques et des personnes fortunées avaient bénéficié par le passé de prêts au logement subventionnés par la Banque du Liban. Documents à l’appui, il avait précisé que plusieurs sociétés dirigées par des membres de la famille de M. Mikati ont bénéficié entre 2010 et 2013 de neuf prêts immobiliers subventionnés pour une valeur totale de 14 millions de dollars. Or, avec des fortunes personnelles d’environ 2,8 milliards de dollars, les frères Nagib et Taha Mikati sont des habitués du top 1.000 des plus grosses fortunes du monde publié chaque année par Forbes. Le groupe Mikati avait alors estimé être la cible d’une "campagne de dénigrement". Un conseiller de M. Mikati avait pour sa part assuré que ces prêts avaient été octroyés en conformité avec les règlements de la BDL.

Réagissant à cette nouvelle plainte, le bureau de presse du Premier ministre a qualifié jeudi les accusations de l'avocat Ollaik de "mensonges concernant des affaires qui se sont avérées fausses", affirmant que "certains se cachent derrière l'avocat", dans une critique claire au camp aouniste. Le bureau de presse de M. Mikati a ensuite insisté qu'il n'y avait "pas d'enrichissement illicite et aucune atteinte à l'argent public".

Le collectif Mouttahidoun (Unis pour le Liban), une coalition d’avocats formée en 2016 dont l’objectif affiché est de "lutter contre la corruption", est derrière plusieurs plaintes récentes contre des responsables politiques et du milieu bancaire.