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Culture - Cinéma

Mathieu Fournet : il y a beaucoup de talents au Liban

Le directeur des affaires européennes et internationales au Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) en France était à Beyrouth pour participer aux débats autour du cinéma libanais organisés par l’Institut français du Liban. « L’OLJ » en a profité pour discuter avec lui des aides, des projets de coopération et de la nécessité d’une bonne restructuration du secteur.

Mathieu Fournet : il y a beaucoup de talents au Liban

Mathieu Fournet, directeur des affaires européennes et internationales au Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) en France. Photo Michel Sayegh

Vous avez été au chevet du cinéma libanais peu après l’explosion du 4 août. Vous revenez un an et demi après, avec des représentants d’Unifrance et de Gaumont, retrouver les professionnels libanais du secteur, pour tâter le pouls de nouveau à travers ces rencontres cinématographiques qui ont eu lieu à l’Institut français...

Nous étions venus la première fois et je dis nous, car il s’agissait du président du CNC, Dominique Boutonnat, de la productrice Anne-Dominique Toussaint et moi-même, car nous savions que le cinéma était un milieu qui avait été terrassé d’abord par le Covid-19, ensuite par l’explosion du 4 août. Il était nécessaire pour la viabilité du cinéma libanais avec lequel nous avons beaucoup d’affinités, ne serait-ce que la langue et la culture, que nous soyons là. Nous avions débloqué un fonds d’urgence exceptionnel à cette époque-là avec des versements directs aux entreprises de production pour pouvoir faire redémarrer leur activité le plus vite possible alors que nos soutiens en France vont en général à la production française tout comme l’aide aux cinémas du monde, donc versés à un projet, entre autres, libanais fait avec un producteur français en coproduction. Cette aide était donc exceptionnelle, afin d’apporter une bouée, un ballon d’oxygène à la filière cinématographique au Liban.

Y a-t-il aujourd’hui sur votre agenda un programme de continuité à ce premier fonds d’urgence ? Et si oui, en quoi consiste-t-il ?

Il n’est pas prévu un second fonds d’urgence, mais il est certain que la continuité figure sur notre agenda, bien qu’elle s’exprime différemment. Cette continuité, nous l’avons pensée dès le début d’une autre manière en mettant des actions sur les résidences et les ateliers d’écriture. Ainsi, de nombreux Libanais sont venus ces derniers mois en France travailler sur leur projet d’écriture et de développement, que ce soit à la Cité des arts, au groupe Ouest ou encore à Méditalents. En novembre 2021, nous avons placé le Liban comme pays invité aux rencontres de coproduction francophone à Bruxelles et deux projets libanais y ont participé. Les artistes, que ce soient des réalisateurs/réalisatrices ou des producteurs/productrices, ont pu venir en Belgique rencontrer tous les producteurs francophones : les Canadiens, Belges, Luxembourgeois, Suisses et Français. C’était la première fois qu’un invité était à l’honneur de ces rencontres. En juillet, un festival méditerranéen créé auparavant entre la Tunisie à Manarat et la France va ajouter le Liban à son programme et nous allons prendre des projets d’écriture et de développement libanais. Le CNC octroie à cette occasion une bourse. Par ailleurs, nous allons inviter des réalisateurs à nos ateliers d’écriture au mois de mai à Cannes. Ces deux dernières années, la France n’a pas été à l’abri des difficultés. Elle a été très impactée par le Covid-19 et les salles de cinéma en ont aussi souffert. Nous essayons donc par tous les moyens de réajuster notre politique d’aide tout en continuant d’accompagner le cinéma libanais.

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Quand quelqu’un se noie, il ne suffit pas de lui tendre la main, mais il faut lui apprendre à nager. Le cinéma au Liban barbote tout seul sans structuration, ni encadrement. Les rencontres houleuses qui ont eu lieu à la Salle Montaigne – lors du grand week-end du cinéma français à Beyrouth fin avril – entre différents professionnels libanais ont reflété cet état des choses. Qu’en pensez-vous ?

Quand on a vu que Le Liban se noyait, nous lui avons jeté une bouée de secours et tous les présents ont dit que cela les avait beaucoup aidés. D’ailleurs, nous avons organisé des rencontres avec les résidents dans le but de savoir où ils en étaient dans leurs projets et s’ils avaient besoin d’une autre résidence dans les festivals comme Manarat, Locarno, Turin, Thessalonique auxquels les producteurs et les talents libanais peuvent participer. Et ceci nous le mettons en place avec ces festivals partenaires du CNC. Pour ce dernier, l’international a toujours été très important. La France est au cœur de la coproduction du cinéma et notamment le cinéma d’auteur, par conséquent nous sommes à la recherche, depuis deux ans, de talents. Nous savons qu’il y en a beaucoup au Liban. Nous voudrions que la France reste au centre de cette grande coproduction avec le Liban. D’autre part, les problèmes internes qu’ont évoqués certains cinéastes ou producteurs lors des rencontres à l’Institut français sont, comme je les ai spécifiés, internes. Nous ne pouvons pas nous y immiscer. Mais nous espérons que les Libanais puissent avoir une meilleure structuration du secteur, qu’ils continuent à dialoguer entre eux pour trouver des solutions. Et qu’ils aient un jour une politique publique en faveur de la culture. Au final, la question fondamentale pour la filière cinématographique, c’est bel et bien un fonds national qui pourrait un jour être créé. Il redressera pour toujours le secteur cinématographique.

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