
Le président du Parlement libanais, Nabih Berry, lors d'un discours au Liban-sud, le 1er avril 2022. Photo fournie par notre correspondant Mountasser Abdallah
Le président du Parlement, Nabih Berry, a estimé vendredi que "l'avenir" du Liban et sa sortie de la crise qui le frappe depuis 2019 passent par les élections législatives du 15 mai prochain. Pour le chef du législatif, ce scrutin est "le plus dangereux depuis la mise en place de l'accord de Taëf de 1989, qui a mis fin à la guerre civile, du fait, selon lui, de tentatives de récupération politique en vue de changer l'identité du Liban.
Le chef du mouvement Amal s'exprimait à Msayleh, au Liban-sud, lors d'une cérémonie organisée à l'occasion du lancement officiel de la machine électorale du tandem chiite formé avec le Hezbollah, dans la circonscription du Liban-sud II qui comprend les cazas de Tyr et Zahrani, deux importants fiefs de M. Berry.
Les partis de Nabih Berry et Hassan Nasrallah ont formé une liste baptisée "L'espoir et la fidélité", une dénomination incluant le nom du parti du chef du Législatif et celui du groupe parlementaire du Hezbollah.
"Tentative de récupération"
"Le futur du Liban, son avenir, son identité, ses constantes, et la sortie de crise dépendent des résultats de ces élections dans tout le pays", a déclaré M. Berry, qui est à la tête de la Chambre depuis trois décennies. "Nous nous approchons de l'une des plus importantes et plus dangereuses élections législatives depuis l'accord de Taëf", a-t-il ajouté. Devant une foule brandissant des drapeaux verts d'Amal, il a mis en garde contre des "tentatives de récupération (politique), à la recherche de plus de voix". Pour le président de la Chambre, cette démarche vise à "changer l'identité et les constantes nationales du Liban". M. Berry n'a toutefois pas nommé ceux qu'il accuse de faire de la récupération politique.
Poursuivant sur la même lancée, M. Berry a affirmé que "ce scénario a été mis sur les rails au lendemain des élections législatives de 2018". "Il a été préparé dans des chambres noires dont les cadres ont été entraînés à l’extérieur du pays". Des accusations encore une fois vagues.
Estimant que "de l'argent est dépensé pour faire tomber le tandem Amal-Hezbollah dans la circonscription du Liban-sud II", le chef d'Amal s'est adressé à "ceux qui disposent de valises remplies de devises étrangères", non sans ironie : "Si cet argent avait été dépensé pour financer des projets bénéfiques à cette région, je vous aurai accordé ma propre voix".
"Gare aux clichés"
Nabih Berry a ensuite exhorté les partisans du duo chiite à se rendre massivement aux urnes, et voter pour les listes de l'alliance Amal-Hezbollah, sans pour autant mentionner son alliance de circonstance avec le Courant patriotique libre (CPL) de Gebran Bassil, avec qui il entretient des liens exécrables. "Gare aux clichés selon lesquels les résultats du scrutin sont connus à l'avance, sans besoin d'y participer", a-t-il averti, appelant à ce que le 15 mai soit le jour du vote "pour le projet du tandem chiite, issu de la population et qui incarne ses aspirations".
La veille, le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, bête noire du Hezbollah, avait fait un clin d’œil à l'électorat chiite, vraisemblablement aux partisans du mouvement Amal. "Nous avions dit que quiconque vote pour le Courant patriotique libre vote pour le Hezbollah, et cela est à 100% vrai. Aujourd’hui, je vous dis, et je dis surtout aux chiites : celui qui vote pour le Hezbollah vote pour le CPL", avait déclaré le chef des FL.
Les élections législatives sont perçues par une partie de la population ainsi que par la communauté internationale comme une étape indispensable pour le changement dans un Liban en plein effondrement économique et financier depuis 2019. Certains observateurs craignent un report, sous divers prétextes, de ces élections, alors que les partis au pouvoir sont en perte de popularité. Toutefois, ces partis affirment tous être en faveur de la tenue du scrutin.
Premiere fois que j' entends un responsable politique , ou que ce soit, qui presente les elections legislatives comme un danger ! Peut-etre veut-il dire que si le Hezbollah et ses acolytes perdent, ils vont renverser la table sur tout le monde ? Ce qui est sur , c' est que la loi electorale, est la plus bancale qui soit, ou que ce soit , sur la surface du globe terrestre..!
11 h 56, le 04 avril 2022