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Lifestyle - This is America

L’heure d’été à la montre de Benjamin Franklin

Le dimanche 27 mars, le Liban effectuera comme chaque année son passage à l’heure d’été, en attendant le 30 octobre pour remettre ses pendules à l’heure d’hiver. Retour sur l’origine de cet habituel réglage de montre.

L’heure d’été à la montre de Benjamin Franklin

Passage à l’heure d’été dans quelques jours. Photo d’illustration bigstock

Grand homme politique, diplomate et surtout l’un des pères fondateurs des États-Unis, Benjamin Franklin (1706-1790) était aussi un homme de sciences. À son crédit, l’invention des premiers sapeurs-pompiers, ainsi que de nombreux objets utiles du quotidien, parmi lesquels le paratonnerre, les lunettes à double foyer ou le poêle à combustion contrôlée. Dans ce registre, il a pactisé avec le soleil et a exploité une partie de sa luminosité à laquelle personne ne prêtait vraiment attention, et qui par la suite est devenue le Daylight Saving Time, (DST). Autrement dit, l’heure d’été et l’heure d’hiver. Établi à Paris en 1784 en tant qu’ambassadeur américain, Franklin, alors âgé de 78 ans, s’était prêté à une drôle d’expérience. Partisan du dicton « se coucher tôt et se lever tôt », il avait un jour été désagréablement arraché de son sommeil à 6 heures du matin par un éclatant soleil d’été. Les jours suivants, il a minutieusement relevé l’heure exacte du début de la journée puis fait part de ses découvertes dans une lettre adressée au rédacteur en chef du Journal de Paris. Dans celle-ci, qui fut publiée, il confiait : « J’ai regardé ma montre, qui marche très bien, et j’ai trouvé qu’il n’était que six heures. Pensant que c’était quelque chose d’extraordinaire que le soleil se lève si tôt, j’ai regardé dans l’Almanach où j’ai trouvé que c’était bien l’heure donnée pour le lever du soleil, ce jour-là. J’ai consulté les dates précédentes et j’ai trouvé qu’il devait se lever encore plus tôt chaque jour jusqu’à la fin de juin. »

Benjamin Franklin, père fondateur et inventeur. Photo tirée du compte Instagram Benjamin_franklin_inventor22

Compter sur le soleil et non sur les bougies

« Vos lecteurs qui, comme moi, n’ont jamais porté leur attention sur le soleil de l’avant-midi et consultent rarement la partie astronomique de l’Almanach, seront aussi étonnés que moi, quand ils apprendront qu’il se lève si tôt, poursuit Franklin d’un ton badin dans son courrier. Et, surtout quand je leur assure qu’il éclaire dès qu’il se lève. Ayant répété cette observation les trois matins suivants, je trouvais toujours exactement le même résultat. » Et ce n’est pas tout… Le scientifique en lui avait même été jusqu’à préciser, en se basant sur ses propres calculs, la manière dont on pourrait dépenser moins en éclairage de bougies durant les 183 nuits allant d’avril à fin septembre. Tout simplement en retardant sa montre d’une heure… Ainsi, en se réveillant à l’aube, on pourrait économiser beaucoup d’argent en comptant sur le soleil pour s’éclairer au lieu des bougies. Dans cette lettre, (dont une photo est publiée sur le site The Franklin Institute), il avait également précisé qu’il était arrivé à cette conclusion à partir du nombre d’habitants de la ville de Paris, de la quantité de bougies consommées et de leur prix. Considéré comme un premier jet scientifique minutieusement élaboré, le concept du père fondateur inspire cent ans plus tard, plus précisément en 1895, l’entomologiste néo-

zélandais George Vernon Hudson. Selon Erin Blakemore du National Geographic, celui-ci a plaidé pour « un décalage horaire de deux heures afin qu’il dispose de plus d’heures de soleil après le travail pour aller à la chasse aux insectes en été ». Au début du XXe siècle, le constructeur britannique William Willett défend lui aussi cette ronde des heures afin d’encourager les Britanniques à se réveiller plus tôt et à profiter du soleil durant la saison estivale. L’idée de modifier les horloges gagne ensuite du terrain pendant la Première Guerre mondiale, lorsque l’Allemagne, le Royaume-Uni et d’autres pays impliqués dans le conflit cherchent eux aussi des moyens d’économiser l’énergie.

Tableau de Joseph Siffrein Duplessis représentant Benjamin Franklin. Photo Creative Commons

« Time is money »

Les partisans du changement horaire avaient avancé qu’avec plus d’heures de clarté, les gens passeraient davantage de temps à l’extérieur et moins à l’intérieur où, nécessairement ils doivent consommer de l’énergie. Les réels gains des économies d’énergie durant la période de l’heure d’été continuent d’être débattus jusqu’à aujourd’hui. Au pays de l’Oncle Sam où il existe plusieurs fuseaux horaires, la question vient d’être tranchée. La semaine dernière, le Sénat américain a adopté à l’unanimité un projet de loi visant à rendre l’heure d’été permanente. Une mesure qui, si elle est approuvée par la Chambre et le président Joe Biden, mettrait fin aux changements d’horloge semestriels pour la plupart des Américains. Il s’agirait aussi de la dernière tournure d’une tentative de longue haleine d’adopter un système de temps standard pour le pays, un processus qui a été tout sauf fluide. Jusqu’à aujourd’hui, aux États-Unis, l’heure d’été est mise en place du deuxième dimanche de mars jusqu’au premier dimanche de novembre, les changements d’heure ayant lieu à 2h heure locale, et non à minuit.

En Grande-Bretagne, en France, en Allemagne et au Liban, les aiguilles des horloges sont décalées le dernier dimanche de mars et le dernier dimanche d’octobre. Cette année, l’heure changera donc le 27 mars et le 30 octobre.

Toutefois, depuis plus d’un siècle, et sous toutes les latitudes, le débat reste entier de savoir s’il est vraiment nécessaire de gagner une fois une heure de sommeil et d’en perdre une quelques mois plus tard. Pour sa part, Benjamin Franklin se félicitait de sa trouvaille, et avec beaucoup de générosité, était disposé à la partager et la justifier. « Je ne demande ni place, ni pension, ni privilège exclusif, ni une quelconque récompense, avait-il écrit. Je ne m’attends qu’à en avoir l’honneur. » Ceci, sans oublier le fameux adage qu’on lui doit, rappelant que « Time is money ».

Grand homme politique, diplomate et surtout l’un des pères fondateurs des États-Unis, Benjamin Franklin (1706-1790) était aussi un homme de sciences. À son crédit, l’invention des premiers sapeurs-pompiers, ainsi que de nombreux objets utiles du quotidien, parmi lesquels le paratonnerre, les lunettes à double foyer ou le poêle à combustion contrôlée. Dans ce registre, il a pactisé...

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