Voici venue l’heure de l’« acta non verba », celui des actes, pas des mots. Du « facta non verba », parce que les actions parlent plus fort que les paroles.
Jamais dans l’histoire du Liban, malgré les guerres et les différentes crises, notre identité n’a été aussi défigurée et en danger de disparition. Beyrouth, Achrafieh plus précisément, est à l’image de ce que le pays est devenu : une poubelle à ciel ouvert envahie de déchets, de mendiants venus de pays voisins et de voyous des bas quartiers. Une ville morte où la plus grande partie des commerces ruinés sont à vendre, les rues sans vie et les trottoirs extrêmement sales. Une ville totalement abandonnée à son malheur, sacrifiée pour de bas calculs, au bord du collapse, au même titre que pratiquement tout le pays.
À deux mois d’élections cruciales qui peuvent encore changer les choses ou, du moins, stopper l’hémorragie et inverser le cycle, et tout en continuant à pointer du doigt les vrais responsables de nos malheurs, à savoir le Hezbollah et ses complices, il nous faut agir et réagir. Nous avons suffisamment perdu de temps à parler, hurler, manifester, dénoncer et condamner. Aujourd’hui, il nous faut des actions concrètes. Notre devoir en tant que citoyens est d’exiger de toutes les personnalités qui se présentent aux élections législatives à Beyrouth I de montrer leur véritable volonté d’agir et trouver des solutions radicales et rapides aux problèmes auxquels nous faisons face.
L’expérience sur le terrain a montré qu’Achrafieh a besoin d’une municipalité propre à elle afin de pouvoir gérer, en toute indépendance, sa vie économique, sécuritaire, sociale et urbaine. La municipalité de Beyrouth a été, surtout après le 4 août, aux abonnés absents, et a fait preuve d’un grand manque d’intérêt doublé d’une incompétence totale. Cette municipalité que nous revendiquons et pour laquelle devront se battre les candidats aux législatives sera chargée de s’attaquer directement aux problèmes suivants :
1- Une mendicité grandissante qui envahit les rues et les salit encore plus, doublée de bandes de voyous de haut niveau.
2- Un réseau de valets parking qui s’étend de la rue Monnot jusqu’à Gemmayzé et Mar Mikhaël, et qui font la loi sur la voie publique au niveau du stationnement, de la circulation et de la sécurité.
3- Un réseau de plus de 1 000 mobylettes de coursiers appartenant en très grande partie à des non-Libanais qui ne respectent pas le code de la route et occasionnent des accidents et des attroupements publics et qui, de plus, possèdent nos adresses et numéros de téléphone.
4- Un réseau de mafieux dans cette même rue Monnot qui est en train de devenir la nuit une zone de non-droit occupée par des bandes véreuses appuyées par certains partis politiques qui encouragent la prostitution, le racket et le trafic de drogue.
Nous leur demandons également de trouver une solution à la propreté, allant des crottes de chien sur les trottoirs aux poubelles éventrées par cette nouvelle vague de recycleurs ambulants. Assurer une sécurité aux habitants, notamment entre 1h et 5h du matin où, faute de courant, la ville est plongée dans une obscurité totale qui facilite les vols de voitures et les cambriolages de maisons, d’installations électriques et de commerces. Empêcher les ventes immobilières louches qui se passent en douce chez les notaires et qui risquent de changer le visage démographique et social d’Achrafieh.
En attendant de pouvoir renverser les pouvoirs politiques qui nous ont amenés là où nous sommes arrivés, un processus qui a besoin de beaucoup de temps, il est urgent de s’y mettre à notre niveau local. Même si nous sommes conscients que les problèmes de recyclage, d’environnement, d’agriculture urbaine, d’énergie solaire et de couche d’ozone sont importants, les priorités et la réalité sur le terrain sont totalement différentes. Nous n’avons pas le luxe du temps ni celui d’entamer des discussions philosophiques et creuses. L’heure est à l’action. Nous devons sans perdre une minute nous concentrer sur les problèmes qui concernent notre vie quotidienne et notre existence même.
À ce groupe de candidats qui promettent, comme tous le font à la veille d’élections, monts et merveilles : écoutez le pouls de la rue et ce cri d’alarme. Le bilan de ces deux dernières années est tragique : un tiers des habitants d’Achrafieh n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois et le quartier est devenu l’ombre de ce qu’il était. Prenez des initiatives pour encourager le commerce local, booster l’économie communautaire et solidaire et créer des emplois dans le respect de la dignité humaine.
Arrêtez les discours et les promesses vite oubliées, jamais tenues. Faites un calendrier qui puisse nous convaincre de l’utilité de nos voix car nous n’avons d’autre choix que celui de voter utile. Pour sauver notre identité et notre culture, c’est maintenant ou jamais, nous n’aurons pas de seconde chance.
Votons utile, votons pour les personnes qui connaissent le mieux Achrafieh, qui défendent la souveraineté du Liban et les choix libres des citoyens d’Achrafieh ; ces faiseurs qui se sont toujours battus avec courage, qui ont affronté les pires moments, pour que Beyrouth reste indépendante, belle et lumineuse. Une ville où il fait bon vivre, et qui doit rester un exemple de culture, de résistance et de modernité.
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1000%!! Ce que vous dites est tellement vrai. On veut des solutions courageuses et locales, une entraide entre les habitants et les commerces de la ville, et assurer la sécurité et la salubrité des trottoirs et des quartiers, surtout la nuit. Achrafieh est devenu un camp de Roms, et ses habitants n'y sont pas en sécurité. L'espace public est occupé par des non-résidents, non libanais. En attendant de découper la municipalité de Beyrouth en deux ou trois, il faut des initiatives citoyennes, menées par nos députés !!
10 h 33, le 23 mars 2022