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Comprendre le scrutin - Repère

Vote, décompte des voix : ce qu’il faut savoir avant d'aller voter le 15 mai prochain

Le 15 mai prochain, sauf imprévu, les électeurs libanais seront appelés à élire une nouvelle législature, pour la première fois depuis quatre ans. Le vote se déroulera cette fois-ci selon le même mode de scrutin, fondé sur la proportionnelle, adopté pour le scrutin de 2018 et le même découpage des circonscriptions électorales. Voici quelques clés essentielles pour comprendre d’abord la procédure de vote, c’est à-dire principalement les actes que doit accomplir l’électeur, puis les modalités du décompte des voix.

I - Le vote

- La compétition électorale se déroule entre des listes fermées dans chacune des circonscriptions, ce qui veut dire que l’électeur doit voter pour l’une des listes en présence telle qu’elle est, sans importation, ni échange, ni soustraction de noms de candidats. Ce qu’on appelait auparavant le « panachage », permettant à l’électeur de biffer par exemple le nom d’un candidat sur une liste donnée pour le remplacer par celui d’un autre de la même confession, tiré d’une liste concurrente ou se présentant en indépendant, n’est donc plus possible avec le système en vigueur.

- Il n’est pas possible non plus pour l’électeur d’apporter avec lui au bureau de vote son bout de papier qu’il aura préparé chez lui ou qu’il aura reçu des mains de partisans de telle ou telle liste. Avec le système actuel, les bulletins de vote sont fournis par le ministère de l’Intérieur. Ce dernier avait opté en 2018 pour un seul feuillet rassemblant les diverses listes en présence dans une circonscription donnée, chaque liste étant identifiée par une couleur et comportant les noms des candidats.

- Sur présentation d’une pièce d’identité, l’électeur reçoit des mains du responsable du bureau de vote le bulletin (ou feuillet) contenant l’ensemble des listes, avant de pénétrer dans l’isoloir. Là, il coche en premier lieu la case correspondant à la liste de son choix. Après ce premier vote, l’électeur dispose d’un droit (non-obligatoire) de vote préférentiel pour un seul des candidats figurant sur cette liste, mais à condition que, dans les circonscriptions formées de deux ou plusieurs cazas, son vote aille à l’un des candidats qui se présentent dans le caza où lui-même est inscrit. Naturellement, cette disposition ne s’applique pas dans les circonscriptions qui correspondent à un seul caza (ex. Metn, Baabda, Zahlé,…) ou dans celles qui ne comportent pas de cazas (les deux circonscriptions de Beyrouth). Ainsi, par exemple, à Beyrouth I (8 sièges) ou à Zahlé (7 sièges), l’électeur est en mesure d’accorder sa voix préférentielle à n’importe lequel des candidats de la liste au niveau de toute la circonscription.

- Le terme « caza » renvoie ici aux circonscriptions de la loi précédente (dite de 1960), lesquelles ne se confondent pas toujours avec les divisions administratives. Par exemple, les régions de Marjeyoun et de Hasbaya sont deux cazas sur le plan administratif, mais elles forment une seule unité électorale de base composant avec les cazas de Nabatiyé et de Bint Jbeil la circonscription du Liban-sud III. Il en est de même dans les circonscriptions de la Békaa II (les cazas de la Békaa ouest et de Rachaya) et de la Békaa III (Baalbeck et Hermel). A l’inverse, dans la circonscription du Liban sud I (Ville de Saïda et Jezzine), le caza administratif de Saïda est divisé en deux unités de bases, la ville de Saïda proprement dite (adjointe au caza de Jezzine), et la région de Zahrani, rattachée à la circonscription du Liban sud II.

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- Si un électeur coche une liste A puis accorde sa voix préférentielle à un candidat de la liste B, son vote préférentiel est annulé et seul est comptabilisé son suffrage pour la liste A. Il en ira de même si un électeur vote pour une liste C et donne son suffrage préférentiel à deux candidats de cette liste se présentant dans son caza ou à un candidat se présentant dans un autre caza.

- L’électeur peut se contenter de cocher la case correspondant au candidat auquel il veut accorder son vote préférentiel, sans rien faire d’autre. Dans ce cas, on considère qu’il a accompli les deux opérations, autrement dit qu’il a voté à la fois pour le candidat de son choix et pour la liste incluant ce candidat.

- A la fin de l’opération, l’électeur sort de l’isoloir et dépose son bulletin dans l’urne.

II- Le décompte des voix

- Dans une première opération, on calcule le « coefficient électoral » de chaque circonscription en divisant le nombre total de suffrages exprimés dans la circonscription sur le nombre de sièges qu’elle comprend. Par suffrages exprimés, on entend l’ensemble des votes dont aura soustrait les votes blancs et nuls. D’où l’inutilité du vote blanc au Liban, dans la mesure où il n’a aucun effet juridique ou pratique.

Prenons par exemple la circonscription de Saïda/Jezzine, qui comporte cinq sièges : deux à Saïda (sunnites) et trois à Jezzine (2 maronites et un grec-catholique). Supposons que trois listes A, B et C se sont présentées dans cette circonscription. La liste A a obtenu 35 000 voix, la liste B 37 500 et la liste C 2 500. Le nombre total de suffrages exprimés est donc de 75 000. On divise ce chiffre sur 5, ce qui nous donne un coefficient électoral de 15 000. La liste C est éliminée de la course ayant obtenu moins que le « seuil d’éligibilité », lequel est fixé par la loi au coefficient électoral. Reste donc deux listes, A et B.

- Dans une deuxième opération, on calcule un nouveau coefficient électoral après avoir ôté du total des suffrages le « déchet », c’est-à-dire les voix de la liste éliminée. 75 000 – 2 500 = 72 500 à diviser sur 5 sièges = 14 500. C’est le nouveau coefficient.

- Pour connaître le nombre de sièges emportés par chacune des deux listes restantes, on divise le nombre de voix obtenues par chacune sur le nouveau coefficient électoral. La liste A obtient donc 35 000 à diviser sur 14 500 = 2,41 et la liste B 37 500 sur 14 500 = 2,59. On commence par ne pas tenir compte des décimales, ce qui donne à chaque liste deux sièges, mais il reste un cinquième siège à pourvoir. Comme la liste B a obtenu la décimale la plus élevée, ce siège lui reviendra. La liste B a donc emporté trois sièges et la liste A deux sièges.

A présent, pour connaître les candidats vainqueurs, on procède de la façon suivante :

- Tout d’abord on calcule la proportion des voix préférentielles obtenues par chaque candidat par rapport au total des voix préférentielles dans son caza (et non pas dans toute la circonscription).

- Ensuite, on unifie les deux listes en une seule et on y place les candidats en suivant un ordre décroissant des taux qu’ils ont obtenus.

- Et dans une troisième et dernière opération, on procède par élimination en déclarant vainqueurs les candidats ayant les taux les plus forts, mais en tenant compte, au fur et à mesure que l’on descend dans la liste, du filtrage imposé par trois paramètres : le nombre de sièges gagnés par chaque liste, le nombre de sièges par caza (lorsqu’il y a lieu) et l’identité confessionnelle des sièges.

- Le système peut avoir des effets pervers. Le cas le plus marquant à cet égard est celui du scrutin de Zahlé en 2018, où un candidat de la liste Hezbollah-Nicolas Fattouche, Eddy Demerjian, a emporté le siège arménien orthodoxe alors qu’il n’avait obtenu que 77 voix et que son score était nettement inférieur à ceux de ses concurrents directs sur les principales autres listes. Pourquoi ? Tout simplement parce que du fait du vote chiite massif en faveur du candidat du Hezbollah et du score moyen (mais tout de même consistant) de l’ex-député Fattouche, la liste en question avait atteint deux coefficients électoraux, ce qui lui donnait d’emblée deux sièges. Or après l’opération de filtrage par nombre de sièges emportés et par confession, il s’est trouvé que les listes rivales avaient chacune « épuisé » son lot de sièges et qu’il ne restait plus que le siège arménien orthodoxe à allouer à la liste qui n’avait pas encore obtenu son lot au complet. C’était le cas de la liste du Hezbollah…

I - Le vote- La compétition électorale se déroule entre des listes fermées dans chacune des circonscriptions, ce qui veut dire que l’électeur doit voter pour l’une des listes en présence telle qu’elle est, sans importation, ni échange, ni soustraction de noms de candidats. Ce qu’on appelait auparavant le « panachage », permettant à l’électeur de biffer par exemple le nom...

commentaires (4)

Ça me fait penser aux règles du je de la Grelotine dans Kaamelott: La Grelotine c’est un jeu du pays de Galles. C'est facile. On peut jouer avec soit des haricots soit des lentilles. Le premier qui annonce la mise dit, mettons, "lance de 16" ou "lance de 32″, ou une "quadruplée" qu’on appelle, c’est une lance de 64, parce qu’on avance de 16 en 16 sauf pour les demi coups. Là, celui qui est à sa gauche soit il augmente au moins de 4 soit il passe et il dit "passe grelot" , soit il parie qu’il va monter au moins de 6 ou de 7, il peut tenter la grelotine. A ce compte là il joue pas, il attend le tour d’après et si le total des mises des 2 autres ne suffit pas à combler l’écart, il gagne sa grelotine et on commence le tour avec des mises de 17 en 17. Mettons là que le suivant annonce une quadruplée, là elle vaut 68, il peut contrer ou il se lève et il tape sur ses haricots en criant "grelote ça piquotte" et il tente la relance jusqu’au tour d’après… Étonnant, non?

Gros Gnon

22 h 59, le 04 mai 2022

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Commentaires (4)

  • Ça me fait penser aux règles du je de la Grelotine dans Kaamelott: La Grelotine c’est un jeu du pays de Galles. C'est facile. On peut jouer avec soit des haricots soit des lentilles. Le premier qui annonce la mise dit, mettons, "lance de 16" ou "lance de 32″, ou une "quadruplée" qu’on appelle, c’est une lance de 64, parce qu’on avance de 16 en 16 sauf pour les demi coups. Là, celui qui est à sa gauche soit il augmente au moins de 4 soit il passe et il dit "passe grelot" , soit il parie qu’il va monter au moins de 6 ou de 7, il peut tenter la grelotine. A ce compte là il joue pas, il attend le tour d’après et si le total des mises des 2 autres ne suffit pas à combler l’écart, il gagne sa grelotine et on commence le tour avec des mises de 17 en 17. Mettons là que le suivant annonce une quadruplée, là elle vaut 68, il peut contrer ou il se lève et il tape sur ses haricots en criant "grelote ça piquotte" et il tente la relance jusqu’au tour d’après… Étonnant, non?

    Gros Gnon

    22 h 59, le 04 mai 2022

  • Je n’ai pas voté en 2018 mais cette fois-ci j’ai pris la décision ferme de voter. Comment prendre connaissance des listes de candidats dans mon casa avant de se présenter aux urnes? Est-ce-qu’il un ou plusieurs sites qui décrivent le programme électoral de chaque candidat, ses qualifications et son expérience, enfin un curriculum vitae. ?

    Georges S.

    17 h 14, le 24 mars 2022

  • Bel effort d'explications, merci!

    TrucMuche

    13 h 48, le 24 mars 2022

  • Il serait plus opportun de faire un tableau explicatif que d’essayer d’expliquer dans l’abstrait. Mais la remarque restera vaine, dommage ! cordialement !

    Le Point du Jour.

    12 h 23, le 22 mars 2022

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