
Akkar sous la neige. Photo fournie par Michel Hallak
Les vents polaires qui balaient le Liban et la région ces quelques jours ne sont peut-être pas exceptionnels dans l’absolu, mais ils sont inhabituels pour un mois de mars. Abdel Rahman Zawawi, chef du service prévisions à Météo-Liban, rappelle cependant le dicton populaire suivant lequel « il faut garder les plus grandes bûches pour le mois de mars ». « C’est ce que disaient nos ancêtres, ils ont probablement vécu des mois pareils à leur époque », dit-il à L’Orient-Le Jour.
Au-delà de l’anecdote, d’un point de vue scientifique, l’expert explique pourquoi des températures aussi polaires affectent le bassin sud de la Méditerranée et le Moyen-Orient cette année. « Le courant-jet ou jet stream, un courant d’air qui se trouve à une altitude de dix kilomètres, représente généralement un barrage à l’arrivée de telles zones de basse pression vers nos contrées, explique-t-il. Or il semble que ce courant-jet se soit déplacé vers d’autres latitudes cette année, ce qui a ouvert la voie à ces températures polaires au Liban, mais aussi en Égypte par exemple, et ailleurs. »
Des températures polaires, mais des pluies qui ne sont pas plus abondantes pour autant. « Il faut noter que le niveau de pluies reste inférieur à la moyenne annuelle, même s’il a dépassé dans certaines régions la moyenne de l’année dernière », fait-il remarquer. Le froid de mars a cependant reconstitué le manteau neigeux qui avait fortement diminué en raison d’une période plus douce en février. Or la neige emmagasine l’eau et renfloue, pendant sa fonte, les nappes phréatiques qui sont la principale ressource hydraulique du pays.
Autre particularité de cette zone de basse pression : les vents qui ont atteint les 95 kilomètres par heure vendredi dernier dans la zone de l’aéroport de Beyrouth, souligne l’expert. « Durant ces deux jours de mardi et mercredi, qui seront de toute évidence les plus froids (six à huit degrés de moins que la normale), le temps sera plutôt sec, peut-être avec des pluies intermittentes », poursuit-il.
Ce qui caractérise cette année, souligne Abdel Rahman Zawawi, c’est que l’automne a été particulièrement doux et sec, et que la saison de pluie et d’enneigement se prolonge. Impossible, cependant, de savoir si de nouvelles zones de basse pression doivent être prévues au-delà de la tempête Greta, qui se sera pratiquement résorbée vers samedi, avec une hausse des températures. « Nous ne pouvons avoir de prévisions fiables au-delà d’une semaine », précise l’expert. Il ajoute : « Mais tant que les températures restent plus basses que la moyenne du mois – qui, dans le cas de mars, est de 13 à 22 degrés –, on peut continuer à s’attendre à des pluies plus ou moins intenses. »
La vue à Jezzine, mardi matin. Photo fournie par Mountasser Abdallah.
Des régions sous la neige
La journée d’hier a été particulièrement froide, et celle d’aujourd’hui le sera autant. Ainsi, des chutes de neige ont été observées à partir de 450 mètres au Liban, avec des températures bien inférieures aux moyennes saisonnières.Face à la crise économique et l’effondrement des infrastructures, les Libanais ont souffert, notamment en montagne. Notre correspondant au Liban-Sud, Mountasser Abdallah, rapporte que la neige a recouvert la majorité des villages de Jezzine et que des chutes de neige ont été observées à partir de 500 mètres. Les écoles de cette localité, ainsi que celles de Jezzine, Marjeyoun et Bint Jbeil, ont donc fermé leurs portes.
Mais c’est le Akkar qui a le plus souffert, étant sans électricité depuis plusieurs jours. Des chutes de neige ont été observées à 350 mètres, et à partir de 450 mètres certaines routes étaient coupées, rapporte notre correspondant Michel Hallak. Une équipe dirigée par Gilbert Moukheiber, responsable de l’association 33north, et des volontaires de l’association Darb Akkar se sont chargés de faire parvenir des vivres, du lait et des médicaments aux bergers qui se trouvent sur les hauteurs de Mechmech. Depuis le début de la tempête, une soixantaine de leurs chèvres sont décédées.
Dans la Békaa, notre correspondante Sarah Abdallah rapporte que la neige qui est tombée à partir de 500 mètres a recouvert toute la plaine jusqu’à Baalbeck. Les routes de la région étaient coupées et les villages situés à 1 300 mètres étaient complètement isolés.
Les vents polaires qui balaient le Liban et la région ces quelques jours ne sont peut-être pas exceptionnels dans l’absolu, mais ils sont inhabituels pour un mois de mars. Abdel Rahman Zawawi, chef du service prévisions à Météo-Liban, rappelle cependant le dicton populaire suivant lequel « il faut garder les plus grandes bûches pour le mois de mars ». « C’est ce que...
commentaires (4)
Et nous ici au nord de l’Italie nous avons besoin de pluies qui n’arrive pas les lacs sont au minimum. Quel dommage ce beau pays , le Liban , on allait skier et après on allait à la plage . Le Hezbollah a fait du bon travail ???
Eleni Caridopoulou
18 h 08, le 16 mars 2022