Le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, a estimé samedi qu'il fallait "sérieusement envisager le vote direct, par le peuple" pour l'élection du président de la République, alors qu'au Liban c'est le Parlement, élu par la population, qui vote pour choisir le chef de l'Etat.
Les propos de M. Bassil, gendre du président actuel, Michel Aoun, interviennent à l'approche de l'expiration du mandat présidentiel, en octobre, et au moment où l'on prête au chef du CPL des ambitions d'accès à la présidence de la République.
Le leader chrétien a tenu ces propos dans un discours lors d'un congrès consacré au lancement d'une charte pour un "Liban civil", dans lequel il a estimé que son mouvement faisait tous les efforts possibles pour construire un Etat libanais laïc. Gebran Bassil a profité de cette occasion pour exposer la vision de sa formation sur la mise en place d'un Etat non confessionnel, alors qu'il est accusé par ses détracteurs de tenir un discours sectaire et populiste et de vouloir accéder à la présidence à tout prix. M. Bassil est, en effet, l'une des figures politiques les plus honnies de la révolte populaire déclenchée le 17 octobre 2019 contre toute la classe au pouvoir, mais il se défend contre ces accusations qualifiées d'"injustes". Au pouvoir avec son camp depuis une quinzaine d'années, il se présente comme un outsider attaqué par le système en place.
"Croyez-moi, nous avons tout essayé : l'exil entre 1990 et 2005, la mise à l'écart du pouvoir de 2005 à 2008, puis la participation au pouvoir (...) Le résultat en est que la seule solution est de changer le système, ou de le faire évoluer", a estimé le chef du CPL qui critique régulièrement l'accord de Taëf en vertu duquel la guerre civile a pris fin et la Constitution a été modifiée. Ces modifications ont été critiquées par le camp aouniste qui estime que le poste du président maronite a été affaibli au profit de celui du Premier ministre sunnite.
Législatives et "référendum"
"Il nous est permis de sérieusement envisager l'élection du président de la République directement par le peuple, à deux tours, afin de préserver la spécificité et la symbolique de ce poste et sa représentativité de toute la population", a affirmé M. Bassil. Selon divers analystes, le CPL de M. Bassil risque d'accuser de sérieuses pertes lors des élections législatives du 15 mai prochain, ce qui pourrait couper court aux chances du député de Batroun d'accéder à la présidence s'il venait à se porter candidat.
"Nous voulons que les législatives servent de referendum sur la citoyenneté et sur les choix économiques et financiers requis afin de sortir du système de rente vers un système d'économie productive (...)", a affirmé dans ce contexte M. Bassil, même si dans certains milieux, on estime qu'il préfèrerait un report du scrutin.
Le chef du CPL a enfin énuméré une série d'engagements que sa formation compte prendre au Parlement, afin de faire avancer la mise en place d'une Etat laïc. Parmi ces engagements figurent "des efforts pour colmater les brèches dans la Constitution, la poursuite de l'application du Pacte national et son amélioration (...), le vote d'une loi unifiée pour un code civil pour les affaires personnelles, une loi sur la décentralisation administrative et financière, une loi électorale sur base de la proportionnelle avec circonscription élargie, la création d'un Sénat, et celle d'un fonds pour la gestion des avoirs de l'Etat, avec la participation du secteur privé".
commentaires (24)
jobrano aurait il oublie que son but 1er etait de restorer les droits des chretiens, enre autres celui de preserver le tabouret de baabda aux seuls maronites ? Oups ! a cette exception pret , son appel reste serieux: etat laic oui, mais a double fond .
Gaby SIOUFI
09 h 22, le 28 février 2022