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Économie - Monnaie

La banque centrale de Russie intervient sur le marché des changes pour « stabiliser la situation »

La banque centrale de Russie intervient sur le marché des changes pour « stabiliser la situation »

Les réserves en devises de Moscou sont de l’ordre de 640 milliards de dollars. Dimitar Dilkoff/AFP

La banque centrale russe a annoncé hier commencer des « interventions » sur le marché des changes afin de « stabiliser la situation » après la chute du rouble, au moment où la Russie a lancé une opération militaire contre l’Ukraine. « Afin de stabiliser la situation sur le marché financier, la Banque de Russie a décidé de commencer des interventions sur le marché des changes », a annoncé la banque centrale dans un communiqué. Ces mesures sont également destinées à « fournir des liquidités supplémentaires au secteur bancaire » russe, menacé par les sanctions occidentales. « La Banque de Russie assurera le maintien de la stabilité financière et la continuité des opérations des institutions financières, en utilisant tous les outils nécessaires », a-t-elle encore indiqué, assurant avoir des « plans d’action clairs pour tout scénario ».

La monnaie russe a temporairement chuté de 9 % hier matin et a atteint un plus bas historique.

Banque centrale européenne

La Banque centrale européenne (BCE), quant à elle, a annoncé hier surveiller « de près » les implications de la situation en Ukraine. Le conseil des gouverneurs de la BCE « procédera à une évaluation complète des perspectives économiques lors de la réunion de mars » incluant « les développements récents dans le domaine géopolitique », a ajouté l’institut dans un communiqué transmis à l’AFP par une porte-parole. La BCE va donc surveiller « les prix du pétrole et du gaz, mais aussi la confiance des investisseurs, la confiance des consommateurs, le commerce », selon le chef économiste de l’institut, Philip Lane, dans une interview à la Frankfurter Allgemeine Zeitung publiée mercredi soir. Le superviseur bancaire logé au sein de la BCE s’intéresse, lui, déjà depuis plusieurs jours à l’impact éventuel de sanctions sur les grandes banques sous sa surveillance. Il regarde en particulier l’impact sur les liquidités, les prêts, les positions en devises et le négoce d’instruments financiers, selon Bloomberg.

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Face à l’éventualité du conflit, Moscou a depuis longtemps commencé à remplir son bas de laine, notamment ses réserves de change. « Les abondantes réserves en devises de Moscou (quelque 640 milliards de dollars), la hausse du cours du pétrole (la Russie étant un important producteur de l’or noir, NDLR) et son faible ratio dette/PIB va aider la Russie à contrebalancer l’impact direct des sanctions, même si à long terme elle sera confrontée à une stagnation économique », explique sur Twitter Oleg Ignatov, analyste de l’ICG. Ces mesures pourraient néanmoins faire de la Russie un marché « paria impossible pour les investisseurs », estime M. Ash. Une débâcle que le Kremlin a dit avoir « prévue ». « Pour que cette période émotionnelle soit la plus passagère possible, toutes les mesures nécessaires ont été prises », a ainsi affirmé aux journalistes son porte-parole Dmitri Peskov. La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a quant à elle alerté sur « un important risque économique pour la région et le monde », alors même que l’économie mondiale tente de se relever de la crise liée au Covid-19. « Nous évaluons les implications et nous nous tenons prêts à soutenir nos membres au besoin », a-t-elle indiqué.

Matières premières

Hier, les cours mondiaux de plusieurs matières premières stratégiques ont vu leurs prix flamber sur les marchés mondiaux, comme le carburant et le blé (voir par ailleurs).

Selon le cabinet spécialisé Agritel, « c’est sur l’huile de tournesol que pèse le plus grand danger ». Célèbre pour ses champs de tournesol à perte de vue, l’Ukraine est premier producteur mondial de l’oléagineux et premier exportateur mondial de son huile. Or « la situation est très tendue sur le marché mondial des huiles. Il y a peu de stocks d’huile de soja en Amérique latine et d’huile de palme en Indonésie et Malaisie, alors que la demande est très forte », analyse Sébastien Poncelet, expert chez Agritel.

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Quant à eux, les métaux industriels « les plus exposés » à des sanctions de la Russie par la communauté internationale seraient l’aluminium, le nickel et le palladium, estime Capital Economics. Le groupe russe Rusal est le deuxième producteur industriel d’aluminium du monde. Ce métal a atteint un nouveau record historique hier matin sur le marché LME de Londres, à 3 382,50 dollars la tonne. Pour le nickel, il y a Nornickel Norilsk, dirigé par l’oligarque Vladimir Potanine. En 2019, la Russie était le troisième producteur de minerai de nickel derrière l’Indonésie et les Philippines, mais elle est en deuxième position pour le nickel raffiné, derrière la Chine. Le centre de recherche estime que 7 % du marché mondial du nickel raffiné « pourrait être affecté » par d’éventuelles sanctions. Or le métal, qui bat aussi des records sur les marchés actuellement, est l’un des plus demandés sur la planète dans les usines de batteries électriques, censées permettre à l’industrie automobile d’abandonner le pétrole. Pour le palladium, dont la Russie contrôle 50 % du marché mondial, l’automobile est aussi en première ligne. Le titane, métal prisé des avionneurs pour sa légèreté et sa très haute résistance, est également un enjeu indirect du conflit. La société russe VSMPO-Avisma, fondée en 1941 dans l’Oural, est le premier fournisseur de l’aéronautique mondiale, selon le directeur général du motoriste aéronautique Safran, Olivier Andriès, qui dit disposer de « quelques mois de stocks » devant lui.

La banque centrale russe a annoncé hier commencer des « interventions » sur le marché des changes afin de « stabiliser la situation » après la chute du rouble, au moment où la Russie a lancé une opération militaire contre l’Ukraine. « Afin de stabiliser la situation sur le marché financier, la Banque de Russie a décidé de commencer des interventions sur le...

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