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Nos Lecteurs ont la Parole

Les Libanais devant la boule de cristal

Notre avenir est-il entre voyance et divination ? Les questions fusent entre Libanais et Libanaises. Que va-t-il se passer demain ? Où va le pays ? Pendant ce temps, nos politiciens continuent la politique de trompe-qui-peut.

Le pays se dégrade à tous les niveaux… Il est impossible d’imaginer un secteur en bon état de fonctionnement. Les politiciens sont des faussaires. Ils ne sont responsables de rien! Ils ne sont coupables de rien ! Ces mêmes politiciens continuent d’abuser de la bonne foi et de la crédulité du peuple. Mystificateurs, opportunistes, incapables, tous les qualificatifs à la fois. Sans entrer dans les labyrinthes de la politique libanaise, si tant est qu’il y en ait une. Observons l’état des lieux. Il y a comme un massacre de toute une société, de toute une culture au vu et au su de tout le monde.

Prenons le projet du budget 2022 qui n’est autre qu’un couperet aveugle concocté par des plus ou moins ignares mais sûrement assassins. Comment peut-on abuser d’un peuple épuisé par la guerre, par la misère ? Les dirigeants à tous les niveaux l’ont volé et vont lui faire payer en premier la majorité des pertes. D’un autre côté, on va quémander auprès de la Banque mondiale des subsides pour les familles pauvres. Tous les secteurs du pays sont dans la misère. Cela par l’imprévoyance des responsables et leur manque de vision pour des plans d’avenir.

La fuite de nos cerveaux dans tous les secteurs fait de nous un État défaillant. Nos jeunes générations s’essoufflent à payer les universités. À noter que les grandes universités font des efforts pour soutenir les frais d’étude par des aides venant de l’extérieur. Le peuple souffre, mal protégé médicalement, tant sur le plan physique que mental. Le climat social est complètement ignoré par tous les responsables. Et de plus on surcharge d’impôts de plus en plus les couches sociales déjà dans la misère. Dans ce désarroi total, notre vision de demain est complètement brouillée. Notre société se trouve dans une incapacité psychique à faire face au dérèglement extérieur. Des névroses d’angoisse apparaissent. L’anxiété préfigure un danger à venir. On navigue entre peur, stress, soucis et obsessions. Chacun questionne l’oracle ou les gourous médiatiques sur l’avenir. Les diseurs de bonne aventure nous dessinent des chemins rassurants dans un brouillard des plus épais. Les gens s’inquiètent : le cours du dollar, le prix de tout, le prix du mazout, la facture du moteur pour l’électricité… Par ailleurs, les élections vont-elles avoir lieu ? Le résultat de ces élections? Comment se préparent les listes ? Et personne ne réagit, personne n’entrevoit une sortie. Que feront nos enfants? Y a-t-il un avenir pour le Liban? Autres questionnements des gens : à quoi vont aboutir les discussions entre l’Iran et l’Amérique à Vienne, ou bien les contacts entre l’Iran et l’Arabie saoudite. D’autres nous expliquent en secret les dessous des discussions et les conséquences tantôt favorables, tantôt désastreuses pour le Liban et les Libanais. Les plus dupes sont ceux-là mêmes qui attendent les directives des chefs. À noter que ces mêmes chefs supposés savoir quelque chose sont les plus ignorants. Certains rapportent les confidences ultrasecrètes d’un ambassadeur rencontré à un dîner. Disons que différents pays sont en ébullition ou en dislocation. De l’Irak, la Syrie à la Libye, du Yémen au Soudan, à la Tunisie et l’Algérie, le peuple est à la recherche de sa voie et d’une stabilité. Notre problème au Liban est avec un groupe armé mobilisé par l’Iran et qui défait le pays. Dans les autres pays, il y a les mêmes groupes déstabilisateurs. Tous ces groupes visent un ennemi commun, Israël. Le Liban se trouve seul dans un état de guerre contre cet ennemi. Nous subissons les attaques, mais nous nous réservons la réplique pour après ! Cela profite à ces groupes armés pour affirmer leur mainmise et déstabiliser leur pays. Calmement, il faut aider notre groupe armé à venir à une table de dialogue. Chacun pourra communiquer, exprimer, argumenter, mais sûrement pas sous la menace des armes. Cette insistance à brandir les armes entraîne un éclatement du pays et une confrontation où tous les moyens seront permis. Cette guerre dite civile est déjà là, même si elle n’est pas déclarée. Elle est dans les mentalités et dans les agissements du groupe armé, par le blocage du pays. Comme tous les pays avec des conflits intérieurs, les pays déjà cités s’enfoncent et dérivent vers une misère humanitaire. On aboutit à un esclavage et à une dérive de la condition humaine par une mutilation des libertés et une dégradation de l’être humain. Dans ces conditions, le Libanais n’a de choix que l’insurrection, et surtout quand la liberté publique est bafouée. Habituellement, la vie en société, c’est une réunion d’êtres qui se sont acceptés et qui peuvent dialoguer malgré leurs différences. Nos politiques sont dans une position factice. Certains soutiennent, d’autres subissent la force armée, ce qui rend leur choix malsain et toxique. Mais le peuple va réagir et dire son mal-être par des grèves, par la désobéissance civile, et peut être par le vote pendant les élections. Malgré son individualisme, le Libanais devra réagir. Qu’il prenne conscience que les responsables sont pervers et qu’il y a des personnes honnêtes, conscientes et de bonne disposition pour prendre la relève. Il y a un État de droit qui doit s’installer, malgré le sentiment grisant de la force dominante. Les électeurs doivent choisir des candidats avec des qualités objectives (compétences, expériences) et subjectives (image, projets et écoute). En général, les peuples aspirent à un leadership de grandes valeurs d’honnêteté et d’un esprit de décision (étude faite par Daniel Coleman, psychologue dans la Harvard Business Review). Machiavel disait : « Rien ne procure autant d’estime à un prince qu’accomplir de grandes entreprises et donner de soi des exemples rares et mémorables. » Notre pays a besoin d’hommes d’État rassembleurs et non de groupes, partis ou milices au pouvoir de dispersion. Notre pays vit un théâtre tragique sans connaître l’intrigue ni le déroulement de l’action. Une classe dirigeante incapable de sécuriser son peuple (socialement, économiquement et psychologiquement) est une classe incapable ou malhonnête. Dans les deux cas, elle doit partir, soit par les élections, soit par la force des baïonnettes. Les êtres ou groupes sociaux peuvent avoir des références mythologiques, des récits historiques de leur passé, des références religieuses et fantasmatiques différents. Cela n’empêche pas de cohabiter dans un espace géographique commun. C’est le destin du Liban, pour un avenir certain, par la volonté de tous et de responsables honnêtes et clairvoyants. Un président ou un responsable se doit d’incarner la nation par-dessus les intérêts partisans et protéger l’État. Le Liban et les Libanais arriveront à cette stabilité par la volonté et par l’action et non en questionnant la boule de cristal.

Psychiatre psychanalyste

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Notre avenir est-il entre voyance et divination ? Les questions fusent entre Libanais et Libanaises. Que va-t-il se passer demain ? Où va le pays ? Pendant ce temps, nos politiciens continuent la politique de trompe-qui-peut.Le pays se dégrade à tous les niveaux… Il est impossible d’imaginer un secteur en bon état de fonctionnement. Les politiciens sont des faussaires. Ils ne sont...

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