Une délégation de talibans à Doha pour réclamer une aide financière

Une délégation de talibans est arrivée dimanche au Qatar pour réclamer à nouveau à la communauté internationale, qui ne reconnaît pas le régime, de fournir l'aide financière dont a besoin l'Afghanistan en crise, a indiqué une responsable britannique.

Emmené par Amir Khan Muttaqi, ministre des Affaires étrangères du gouvernement instauré par les talibans, le groupe doit s'entretenir lundi à Doha avec des diplomates européens et du Golfe, qui devraient notamment exposer leurs attentes sur les droits humains en Afghanistan.

L'Afghanistan s'enlise dans une profonde crise humanitaire depuis la prise de pouvoir en août dernier des talibans, après vingt ans de guerre dévastatrice, et l'arrêt de l'aide internationale, qui représentait 75% du budget afghan. Selon l'ONU, 55% de la population, soit 23 millions d'Afghans, sont menacés de famine.

"La Grande-Bretagne continue d'engager un dialogue pragmatique avec les talibans, afin de réaliser notre engagement pour aider les Afghans", a déclaré une porte-parole du gouvernement britannique. Elle a jugé "nécessaire de maintenir ouverts des canaux de communication, afin d'avoir des contacts et des réseaux diplomatiques pour soulever des inquiétudes", notamment sur les "droits humains" et "particulièrement ceux des femmes".

Vendredi, les Etats-Unis ont saisi 7 milliards de dollars de réserves de la Banque centrale afghane, une décision décriée par les talibans. Jeudi, une délégation talibane s'était engagée à assurer la protection des travailleurs humanitaires en Afghanistan, y compris des femmes, et à favoriser l'éducation, selon l'ONG qui les avaient invités à Genève.

Fin janvier, des talibans s'étaient rendus à Oslo en Norvège lors d'une visite controversée, la première en Europe depuis leur prise de pouvoir en août dernier, pour rencontrer des membres de la société civile afghane et des diplomates occidentaux. Les talibans avaient déjà dirigé l'Afghanistan entre 1996 et 2001, imposant une interprétation rigoriste des lois islamiques. Ils ont ensuite été chassés par les forces américaines et leurs alliés, avant de revenir au pouvoir l'été dernier à la faveur du retrait militaire des Occidentaux.

L'ONU plaide depuis des mois pour un allègement des sanctions infligées à Kaboul depuis août 2021 pour éviter l'effondrement du pays.