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Moyen-Orient - Entretien express

« Le système d’apartheid d’Israël est à l’origine des souffrances de millions de Palestiniens »

Philip Luther, directeur de recherche et de plaidoyer et conseiller principal pour Amnesty International, répond aux questions de « L’Orient-Le Jour ».

« Le système d’apartheid d’Israël est à l’origine des souffrances de millions de Palestiniens »

De gauche à droite, Philip Luther, directeur de recherche et de plaidoyer et conseiller principal pour Amnesty International, la secrétaire générale d’Amnesty, Agnès Callamard, et la militante Orly Noy, lors d’une conférence de presse mardi, annonçant le rapport d’Amnesty. Ronen Zvulun/Reuters

Après Human Rights Watch, Yesh Din et B’Tselem, c’est au tour d’Amnesty International de qualifier d’« apartheid » le système politique israélien, en s’appuyant sur une enquête menée de 2017 à 2021. Dans un rapport de 182 pages publié mardi, l’organisation de défense des droits humains décrypte et publie les détails du système de discrimination, de dépossession et de répression, favorisant les juifs israéliens aux dépens des Palestiniens. Si Amnesty dénonce les crimes, commis de façon délibérée et sous les gouvernements successifs, l’organisation appelle Israël à « démolir l’apartheid, pas les habitations des Palestiniens » et réclame la saisie de la Cour pénale internationale. Accusé de crime contre l’humanité par Amnesty, Israël a dénoncé par la voix de son ministère des Affaires étrangères, un « faux rapport », accusant l’organisation de donner « dans les deux poids deux mesures et la diabolisation afin d’ôter à Israël toute légitimité ».

Interrogé par L’Orient-Le Jour, Philip Luther, directeur de recherche et de plaidoyer et conseiller principal pour Amnesty International, revient sur les conclusions de ce rapport et leur portée.

Pourquoi l’utilisation du terme d’apartheid revêt-elle une importance particulière pour Amnesty International ?

Le nouveau rapport d’Amnesty International révèle la véritable ampleur du système d’apartheid en Israël. Les Palestiniens en Israël et dans les territoires palestiniens occupés (TPO) ainsi que les réfugiés palestiniens sont traités comme un groupe racial inférieur et ils sont délibérément privés de leurs droits. Plusieurs décennies de traitement inégal ont eu pour effet de marginaliser et d’appauvrir les Palestiniens qui vivent dans un état de peur et d’insécurité permanent. En ce moment même, des Palestiniens sont en train d’être expulsés de force de leur domicile, sont séparés de leur famille et confinés derrière des postes de contrôle et des murs. Le système d’apartheid d’Israël est à l’origine des violations des droits humains et des souffrances auxquelles sont confrontés des millions de Palestiniens et Palestiniennes au quotidien.

Pourquoi publier ce rapport maintenant ?

Des facteurs externes et internes nous ont amenés à envisager l’application du cadre de l’apartheid à Israël et aux TPO ces dernières années. Premièrement, le débat s’est intensifié sur la question de savoir si une situation d’apartheid existe en Israël et/ou dans les TPO. Deuxièmement, Amnesty International a adopté une politique mondiale sur l’apartheid en 2017, après avoir reconnu que l’organisation avait accordé une attention insuffisante aux situations de discrimination et d’oppression systématiques dans le monde. Cela lui a permis d’examiner les situations potentielles d’apartheid à l’échelle mondiale sur une base cohérente. Troisièmement, des développements externes récents ont incité notre organisation à se pencher davantage sur l’application du cadre de l’apartheid à Israël et aux TPO en particulier, par exemple, l’adoption par Israël en 2018 de la loi sur l’État-nation, qui consacre constitutionnellement la discrimination raciale à l’égard des non-juifs en Israël et dans les TPO.

Comment avez-vous effectué vos recherches ? Avez-vous été confrontés à des difficultés ?

Nous avons analysé en détail les lois, la réglementation et les ordonnances militaires israéliennes pertinentes, ainsi que les lignes de conduite des institutions publiques et les déclarations du gouvernement israélien et des responsables militaires. Nous avons examiné des documents officiels et accessibles au public, tels que des documents des archives parlementaires israéliennes, de planification et des plans de zonage, ainsi que des budgets gouvernementaux et des décisions rendues par des tribunaux israéliens. L’enquête s’est aussi basée sur des rapports d’organes des Nations unies et d’organisations de défense des droits humains. Pour les études de cas présentées dans le rapport, Amnesty a recueilli des dizaines d’entretiens auprès de communautés palestiniennes en Israël et dans les TPO entre février 2020 et juillet 2021.

Comment le système israélien de domination et d’oppression s’exprime-t-il dans le quotidien des Palestiniens ?

Amnesty reconnaît que des actes inhumains surviennent dans une moindre mesure et avec beaucoup moins de violence à l’intérieur d’Israël que dans les TPO, mais notre rapport fournit cependant des informations sur des violations commises à l’intérieur d’Israël constituant de tels actes et, dans le contexte du système plus large de domination et d’oppression des Palestiniens, des crimes d’apartheid. Par exemple, les autorités israéliennes ont procédé à des démolitions répétées de logements et à des expulsions forcées contre des bédouins palestiniens dans la région du Néguev, ce qui s’apparente à des transferts forcés. À l’intérieur d’Israël, nous avons recensé le déni du droit des réfugiés palestiniens de retourner en Israël et dans les TPO. Mais aussi une gestion raciste des terrains publics, validée par l’État, qui empêche les Palestiniens de louer ou d’acquérir l’immense majorité des terrains et logements publics, ni d’y avoir accès ou de pouvoir y construire. Et enfin, nous avons également observé des restrictions discriminatoires relatives aux regroupements familiaux, au droit de se marier et à l’extension du droit de résidence.

La publication de ce rapport peut-elle impacter vos futures activités en Israël ?

Cela dépend des actions des autorités israéliennes. Ce que nous espérons, c’est que ce rapport contribuera à un changement dans la situation. Un crime contre l’humanité est en train d’être commis. Israël doit démanteler le système d’apartheid, notamment en mettant fin aux démolitions de logements, en accordant aux réfugiés le droit de rentrer chez eux, et en mettant fin aux restrictions draconiennes des déplacements. En général, les autres États devraient exercer la compétence universelle afin de traduire en justice les responsables présumés de crimes d’apartheid. Le Conseil de sécurité des Nations unies devrait imposer à Israël un embargo strict sur l’armement et des sanctions ciblées aux responsables. Nous invitons aussi la Cour pénale internationale de considérer la qualification de crime d’apartheid dans le cadre de son enquête actuelle dans les TPO.

Après Human Rights Watch, Yesh Din et B’Tselem, c’est au tour d’Amnesty International de qualifier d’« apartheid » le système politique israélien, en s’appuyant sur une enquête menée de 2017 à 2021. Dans un rapport de 182 pages publié mardi, l’organisation de défense des droits humains décrypte et publie les détails du système de discrimination, de...

commentaires (2)

Ce commentaire réflète la propagande anti-juive qui innondait les médias arabes de l'époque (1948) à savoir, la volonté des juifs d'exterminer les arabes. C'est la principale raison pour laquelle les arabes ont fuit les territoires israéliens. Dans la réalité, toute la population juive de Jérusalem (la vielle ville) qui était majoritaire jusqu'en 1948 a été systématiquement expulsée de Jerusalem par l'armée jordanienne.

Scoubidou 1et2

11 h 01, le 05 février 2022

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Commentaires (2)

  • Ce commentaire réflète la propagande anti-juive qui innondait les médias arabes de l'époque (1948) à savoir, la volonté des juifs d'exterminer les arabes. C'est la principale raison pour laquelle les arabes ont fuit les territoires israéliens. Dans la réalité, toute la population juive de Jérusalem (la vielle ville) qui était majoritaire jusqu'en 1948 a été systématiquement expulsée de Jerusalem par l'armée jordanienne.

    Scoubidou 1et2

    11 h 01, le 05 février 2022

  • Je me souviens mon amie elle avait 13 ans en 1948, elle m’a raconté comment les juifs sont rentrés chez eux pour les exterminer, heureusement qu’ils étaient grecs , quand ils sont rentrés chez eux ils ont vu le drapeau grec et le portrait du roi , ils ont échappé bel . Ils sont venus au Liban

    Eleni Caridopoulou

    17 h 51, le 04 février 2022

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