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Politique - Décryptage

Après la décision de Hariri, Amal et le PSP en mal d’alliés

De l’avis de tous les observateurs, analystes et parties impliquées dans les prochaines législatives, la décision de Saad Hariri de suspendre sa participation à la vie politique a rebattu les cartes. Certes, tout le monde s’attendait à ce que le leader du Futur ne participe pas personnellement aux élections, mais nul ne s’attendait à ce qu’il interdise aussi à son courant de le faire. C’est là d’ailleurs que réside la bombe que M. Hariri a lancée à la face de tous, ses adversaires comme ses alliés, ses amis et les parties régionales et internationales. Il est en effet reparti à Abou Dhabi pour rejoindre ses nouvelles affaires, laissant derrière lui une scène sunnite encore sous le choc et des partenaires politiques en mal d’alliés.

Le retrait de M. Hariri et de son parti a donc ouvert les appétits de tous les autres protagonistes désireux de gagner des voix sunnites dans toutes les circonscriptions, du Nord au Sud, en passant par la Békaa, le Chouf et Beyrouth. Mais les plus affectés par sa décision sont incontestablement le président de la Chambre Nabih Berry et le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt, avec lesquels il formait un axe solide et déterminant sur la scène politique.

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Dans une première réaction à la décision de M. Hariri, les milieux proches de Aïn el-Tiné avaient commencé à parler d’un problème de représentation équitable des différentes communautés, comme l’exige la Constitution. Mais jusqu’à présent, il n’y a aucun appel au boycott des élections de la part des figures religieuses et politiques sunnites. Cet argument est donc écarté pour l’instant. Mais le problème auquel font face Nabih Berry et Walid Joumblatt demeure. Sans son leader traditionnel depuis 1992 (Rafic puis Saad Hariri), la communauté sunnite est désemparée. Selon l’avis de la plupart des spécialistes électoraux, les voix du courant du Futur (qui selon différentes études représentent entre 35 et 40 % des suffrages sunnites) devraient s’éparpiller. Une partie renoncera à voter par désenchantement, et ceux qui se rendront aux urnes se partageront entre plusieurs acteurs. Jusqu’à présent, les études faites montrent que les fidèles du Futur ne comptent voter en grand nombre ni pour Baha’ Hariri ni pour les candidats choisis par le chef des Forces libanaises Samir Geagea. Les voix seront donc partagées entre différents personnalités et groupes politiques, dont ceux qu’on appelle « les sunnites proches de la résistance » (les Ahbache, Fayçal Karamé, Jihad Samad, Hassan Mrad...), qui ont déjà raflé en 2018 dix sièges sunnites sur 27. Ce qui devrait rendre plus difficile et compliquée la reconstitution de l’axe Berry-Joumblatt-Hariri.

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Certes, il reste trois mois et demi pour le scrutin, et d’ici là, beaucoup de données peuvent changer. Mais selon les premières estimations, l’absence de Saad Hariri fragilise aussi bien le mouvement Amal et son chef que le PSP. Même si M. Berry n’a aucune inquiétude au sujet de l’élection de membres de son mouvement au Parlement en raison de son alliance indéfectible avec le Hezbollah et de la volonté déclarée de ce dernier de garder pour le tandem chiite les 27 sièges du Parlement, l’absence du courant du Futur et d’un bloc homogène sunnite le privera d’un bon paquet de voix pour l’élection du chef de l’Assemblée. Il y a ainsi des possibilités sérieuses qu’une partie des voix sunnites ne vote pas pour lui tout comme une partie des voix chrétiennes et druzes, surtout si le camp du PSP est affaibli après la perte d’une partie des voix sunnites dans l’Iqlim el-Kharroub, à Beyrouth et dans la Békaa-Ouest. S’il reste probable que M. Berry soit quand même élu à la tête du Parlement faute d’autre candidat, ce sera avec une courte majorité. Son rôle sera ainsi affaibli.

C’est dans ce contexte que le scénario du report des élections, avec la prolongation du mandat de l’actuel Parlement d’un ou de deux ans, commence à circuler. Officiellement, il s’agit de tenir compte de l’état d’affaiblissement dans lequel se trouve la communauté sunnite. Mais en réalité, le but est de maintenir en place les équilibres politiques actuels, en attendant que les développements régionaux et internationaux se précisent et que Saad Hariri puisse revenir sur la scène politique locale. D’ailleurs, pour étayer leur thèse, les partisans de ce scénario rappellent que Saad Hariri n’a pas demandé aux membres de son groupe de démissionner du Parlement. Ce qui signifie qu’il conservera sa place tant que le Parlement sera légitime. Pour les partisans de cette thèse, c’est la seconde bombe à retardement que Saad Hariri a laissée derrière lui. Il faudra attendre son retour au Liban le 14 février pour avoir plus de précisions sur ses intentions.

Une question se pose toutefois : quelle sera la position de la communauté internationale en cas de report des élections, alors qu’elle y attache beaucoup d’importance ? Les partisans de cette thèse rappellent que pendant des années, la communauté internationale a exigé des élections en Libye, et celles-ci n’ont pas encore eu lieu.

De l’avis de tous les observateurs, analystes et parties impliquées dans les prochaines législatives, la décision de Saad Hariri de suspendre sa participation à la vie politique a rebattu les cartes. Certes, tout le monde s’attendait à ce que le leader du Futur ne participe pas personnellement aux élections, mais nul ne s’attendait à ce qu’il interdise aussi à son courant de le...

commentaires (5)

“... Après la décision de Hariri, Amal et le PSP en mal d’alliés ...” - Eh oui, ils sont tous fous “alliés”...

Gros Gnon

16 h 49, le 29 janvier 2022

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • “... Après la décision de Hariri, Amal et le PSP en mal d’alliés ...” - Eh oui, ils sont tous fous “alliés”...

    Gros Gnon

    16 h 49, le 29 janvier 2022

  • Berri et Joumblat vont essayer d'éloigner cette échéance. Ceux qui sont derrière la décision de Hariri, l'ont bien jouée.

    Esber

    10 h 33, le 29 janvier 2022

  • Le porte parole du CPL nous prévient que le report des élections est permis! Et le fuel Iraniens dans tout ça? Il est où??

    Nassar Jamal

    08 h 07, le 29 janvier 2022

  • Ah le journalisme objectif! Tout le monde va mal sauf votre idole le 'President fort' et le parti orange ainsi que leur parrain (qui tire les ficelles) Persique, que vous ne critiquez jamais! On en voit le resultat de leur regne apres des annees de blocage......Commentez sur cela un jour pour au moins donner une semblance d'objectivite aux lecteurs.....

    Sabri

    05 h 06, le 29 janvier 2022

  • « Des etudes montrent…bla..bla..bla.. les voix sunnites ne seront pas reportées vers GEAGEA » et voilà… SH revient à la charge discrètement contre les FL sur la base « d’une étude effectuée par ses rêves et envies » ou sans doute par un rapport émanant du CPL. C’est toujours les mêmes refrains : « une source autorisée » « des sources sûres » … Dans ce cas? UNE ETUDE !!! LOOL.. franchement… De qui se moquent on? Bonne journée tout le monde. Y a t il un contrôle effectué auprès des rédacteurs ? Ou chacun des rédacteurs écrit librement à des milliers d’abonnés…ses fantasmes ou ses envies en les citant comme « analyse… études.. décryptage «  ??

    LE FRANCOPHONE

    00 h 33, le 29 janvier 2022

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