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Politique - Législatives

À Tripoli, les adversaires de Hariri se mettent en ordre de bataille

Achraf Rifi s’allie aux FL pour mener l’offensive de « la modération forte ».

À Tripoli, les adversaires de Hariri se mettent en ordre de bataille

Des partisans de Saad Hariri dans la rue, le 22 janvier 2022. Photo Mohammad Azakir/Reuters

Depuis que le chef du courant du Futur Saad Hariri a officiellement suspendu son engagement politique personnel et celui de sa formation, le silence du côté de Tripoli est assourdissant. Parce que l’heure est à la préparation d’une bataille électorale qui promet d’être particulièrement corsée sur la scène sunnite de la ville, où la famille Hariri jouait un rôle central et où les adversaires du parti bleu sont à l’affût.

Tripoli fait partie de la circonscription du Liban-Nord II. Celle-ci inclut également les cazas de Minié (un siège sunnite) et Denniyé (deux sièges sunnites). Quant à Tripoli, elle est représentée à la Chambre par huit sièges répartis comme suit : cinq sunnites, un maronite, un alaouite et un grec-orthodoxe. À écrasante majorité sunnite, cette circonscription a longtemps été perçue comme un fief incontestable du courant du Futur. Tripoli est également la ville dont plusieurs figures sont des rivaux politiques de Saad Hariri et de sa formation : Fayçal Karamé, actuel député de la ville, ou encore Misbah Ahdab, ex-parlementaire et candidat malheureux au scrutin de mai 2018.

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Mais les regards seront surtout rivés sur Achraf Rifi, ancien ministre de la Justice et farouche opposant aux choix du parti haririen, notamment depuis la mise sur pied du compromis présidentiel conclu avec le chef de l’État Michel Aoun en 2016. Une entente qui, pour M. Rifi, a « jeté le Liban dans les bras de l’Iran ». Et c’est à partir de ce positionnement que l’ancien directeur des FSI compte se lancer dans la compétition électorale, profitant du retrait de Saad Hariri. « Cette décision est un facteur positif pour ceux qui mènent bataille pour recouvrer la souveraineté du Liban », affirme l’ex-ministre à L’Orient-Le Jour. Il estime que c’est ce qui explique le fait que l’annonce de M. Hariri n’ait pas suscité de réaction dans les milieux de la grande ville du Liban-Nord, exception faite du Premier ministre Nagib Mikati, originaire de la ville, qui avait exprimé sa tristesse sur son compte Twitter.

« Nous menons actuellement le combat de la levée de la mainmise iranienne sur le pays. Nous avons donc besoin d’une modération forte, et non faible. C’est-à-dire du modèle politique de Rafic Hariri et pas de son fils », ajoute M. Rifi, dans une critique au modus vivendi que Saad Hariri a maintenu avec le Hezbollah pendant plusieurs années.

Achraf Rifi ne sera pas seul dans cette bataille. Il a choisi de tendre la main aux Forces libanaises de Samir Geagea. Un choix qui est loin d’être anodin. En effet, depuis les affrontements miliciens à Tayouné en octobre dernier, entre des combattants vraisemblablement proches des FL et des militants du tandem chiite Amal-Hezbollah, Samir Geagea s’est rapproché du « terrain » sunnite. Et il est de fait perçu par une partie de ce milieu comme étant le seul capable de tenir tête au Hezbollah. Cette alliance intervient donc au moment où les tensions politiques entre Meerab et la Maison du Centre sont à leur paroxysme. En témoignent les échanges verbaux virulents entre les deux camps, dans la foulée du communiqué de M. Geagea au lendemain de l’annonce du retrait de l’ancien Premier ministre. Le leader chrétien s’était alors dit « solidaire de M. Hariri » et déterminé à « coordonner avec le Futur », en dépit de toutes les divergences politiques, s’attirant les foudres de plusieurs ténors du parti haririen. La tension était déjà très palpable entre les anciens alliés depuis que Samir Geagea avait déclaré début janvier que « la majorité sunnite est (son) alliée naturelle au niveau populaire, et non au niveau du leadership ». « Nous sommes en discussions avec M. Rifi, mais il n’y a rien de concret pour le moment », précise un cadre FL. « Les Forces libanaises savent que si elles venaient à se lancer dans la bataille électorale à Tripoli, elles en sortiraient écrasées. Parce qu’un discours extrémiste sera contré par un autre plus extrémiste. Cette démarche pourrait ainsi conduire à la Chambre les figures proches du Hezbollah », commente Moustapha Allouche, vice-président du Futur. Et d’appeler Achraf Rifi à « ne pas bâtir son leadership sur un discours axé sur la confrontation avec Saad Hariri pour tenter de le remplacer ».

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Sans plonger dans ces dédales politiciens, Khaldoun Chérif, analyste politique tripolitain, voit mal Achraf Rifi remporter la bataille en tendant la main à M. Geagea. « Tripoli n’est pas acquise pour le chef des FL, pour les raisons que tout le monde connaît », explique-t-il à L’OLJ, dans une allusion à l’assassinat en 1987 de Rachid Karamé, ancien Premier ministre originaire de Tripoli, dont M. Geagea est accusé par ses détracteurs. « Il est d’ailleurs encore tôt pour décrypter la scène électorale de Tripoli », ajoute-t-il.

« Je ne sais pas qui est Baha’ Hariri »

Autre protagoniste qui pourrait chercher à combler le vide laissé par le Futur : le parti Sawa de l’homme d’affaires Baha’ Hariri, frère aîné de Saad, qui avance lentement ses pions sur la scène locale. Après avoir exprimé des positions hostiles à la ligne politique de son frère, M. Hariri a déjà huilé sa machine dans la perspective du scrutin de mai. « Nous avançons lentement mais sûrement pour prendre part à la compétition électorale », déclare à notre journal Saïd Sanadiki, responsable de la machine électorale de Sawa li Louban. « Saad Hariri a fait son choix. L’heure est au changement, et c’est avec ceux qui incarnent cela que nous allons nous allier », ajoute-t-il, sans plus de détails. « Je ne sais pas vraiment qui est Baha’ Hariri. Je sais qu’il a déjà payé des fortunes pour sa campagne et ses outils de communication », ironise Moustapha Allouche excluant la possibilité de voir Baha’ se substituer à son frère. Dans les cercles proches du Hezbollah, Fayçal Karamé, actuel député de Tripoli, a lui aussi commencé à préparer sa bataille électorale. Se dotant d’un discours confiant dans sa présence sur le terrain, M. Karamé semble convaincu que « l’absence haririenne ne changera rien à Tripoli ». « La communauté sunnite a toujours été modérée, et cela peut aider à voir de nouvelles figures émerger », estime-t-il. Et d’assurer qu’il prendra part à la compétition avec les mêmes alliés, comprendre les figures proches du camp du 8 Mars et du Hezbollah. A contrario, Nagib Mikati n’a pas encore tranché la question de sa participation personnelle au scrutin. « Mais il s’oriente vers l’appui de certaines listes », confie Ali Darwiche, député alaouite de Tripoli, membre du groupe parlementaire du Premier ministre.

Depuis que le chef du courant du Futur Saad Hariri a officiellement suspendu son engagement politique personnel et celui de sa formation, le silence du côté de Tripoli est assourdissant. Parce que l’heure est à la préparation d’une bataille électorale qui promet d’être particulièrement corsée sur la scène sunnite de la ville, où la famille Hariri jouait un rôle central et où les...

commentaires (8)

Que des nains et des mains droites en comparaison à l'écrasante personnalité de notre feu président Bachir Gemayel. Lui seul saurait sortir de cette situation.

Michael Nasrallah

21 h 56, le 28 janvier 2022

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • Que des nains et des mains droites en comparaison à l'écrasante personnalité de notre feu président Bachir Gemayel. Lui seul saurait sortir de cette situation.

    Michael Nasrallah

    21 h 56, le 28 janvier 2022

  • ECHEANCE ABONNEMENT 30 JANVIER. APRES DEMAIN. LE MATIN J,AI QUITTE. L,APRES MIDI JE REVIENS. CAR IL NE FAUT PAS PRIVER L,OPINION PUBLIQUE DE NOS LIBRES EXPRESSIONS. JE SUIS SUR QUE L,OLJ Y METTRA DE L,EAU DANS LE VIN AIGRE DE SA CENSURE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 49, le 28 janvier 2022

  • Visionnaire, Bachir est venu avant son temps. Il a opté pour la paix avec Israel . La paix ne fut pas signé pour ne pas "ennerver" les pays arabes dont l'arabie séoudite. Pour préserver les salariés libanais dans ce pays. Or aujourd'hui, les arabes font la paix alors que notre pays a plongé dans les bras de l'iran volontairement ( accord de Mar Michael Aoun / Nasrallah) ou par la force des armes ( invasion de beyrouth en 2007 par les hezbollah). Aujourd'hui, le pays est effrité. Aucune personnalité n'a la carrure et le charisme pour mener la barque qui est perforée de partout. Lors du TITANIC, il y a eu quelques rescapés. Dans ce cas , au liban, il n'y aura aucun rescapé. Tous ont tout perdu : Pays, identité, valeurs, argent, comptes en banque, emploi et surtout ces pays qui étaient amis du liban. Dégoutés, désabusés et découragés par les agissement du Hezbollah et de ses alliés : En premier le CPL et cie. Ils ont remis le le pays à Nasrallah et ne savent plus comment s'en sortir. Surtout que leur base est anti hezbollah. ( sauf pour les EX PSNS qui ont intégré le CPL, ceux là, ils ne croient qu'à la grande syrie et non au liban indépendant). Donc Hariri , Aoun, Bassil, Rifi ou quiconque? Personne n'a le charisme et la vision qu'avaient Camille et Bachir. Ce sont des petits, des nains de la politique qui essaient de jouer dans la cour des grands mais qui n'y arrivent pas. Ils se prennent pour des présidents de je ne sais quoi mais ils ne sont rien.

    LE FRANCOPHONE

    17 h 32, le 28 janvier 2022

  • CHRETIENS, SUNNITES ET DRUZES, ET TOUT LIBANAIS PATRIOTE : LE HAKIM POUR PRESIDENT. RIFI POUR PREMIER MINISTRE. ET LES CHOSES CHANGERONT RADICALEMENT DANS LE PAYS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 44, le 28 janvier 2022

  • ECHEANCE ABONNEMENT LE 30 JANVIER. APRES DEMAIN. JE QUITTE. RAISON ; L,HUMILIANTE CENSURE. JE REVIENDRAI QUAND L,OLJ RESPECTERA LES LIBRES EXPRESSIONS DE SES ABONNES DANS CE CONTEXTE LOCAL EXISTENTIEL POUR LE PAYS ET SON PEUPLE. FAIRE TAIRE LES VOIX LIBRES EST UN CRIME IMPARDONNABLE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 36, le 28 janvier 2022

  • POUR CEUX QUI CHERCHENT À LIBÉRER LE PAYS DE L'IRAN ET SES MERCENAIRES, VOUS AVEZ UN PATRIOTE HONNÊTE PUR ET DUR COMME ACHRAF RIFI, VOUS ATTENDEZ QUOI ? IL FAUT SE RASSEMBLER DERRIÈRE CET HOMME COURAGEUX ?. VU L'EXPÉRIENCE HISTORIQUE QU'IL A SUR LE COMPORTEMENT DES BANDIS ET LES MAFIEUX, C'EST L'HOMME DE LA SITUATION.

    Gebran Eid

    11 h 24, le 28 janvier 2022

  • C,EST PRINCIPALEMENT A TRIPOLI ET NON SEULEMENT QUE LES VOIX SUNNITES VONT ALLER A RIFI ET A TOUT AUTRE CANDIDAT DES AUTRES COMMUNAUTES NOMME OU APPUYE PAR LES FORCES LIBANAISES. EN PLUS DES VOIX CHRETIENNES PARTOUT. SEUL LE HAKIM PEUT TENIR TETE AUX MERCENAIRES IRANIENS ET LEURS SERVITEURS CPLIENS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 29, le 28 janvier 2022

  • Calmez-vous, les élections seront reportées sine die. Nous sommes au pays du ni-gagnant-ni-perdant. Qui prend les paris?

    Gros Gnon

    07 h 20, le 28 janvier 2022

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