Le Liban a signé mercredi matin avec la Syrie et la Jordanie un contrat d'importation de courant électrique s’inscrivant dans le cadre d’une initiative américaine dévoilée courant août 2021 pour aider Beyrouth à sortir d'une grave crise multiforme, alors que la population subit un rationnement extrême de courant. Selon les autorités libanaises, le courant électrique devrait arriver dans les deux prochains mois.
La signature du contrat a eu lieu entre les ministres de l'Energie libanais, Walid Fayad, et ses homologues jordanien, Saleh Kharabsheh, et syrien, Ghassan Zamel, tous deux arrivés à Beyrouth mardi soir. L'annonce a été faite par M. Fayad à 10h30. Ironiquement, peu avant la signature au siège du ministère de l'Energie, le courant électrique a été coupé pendant un bref moment. Les trois responsables ont été reçus en matinée au Grand sérail par le Premier ministre Nagib Mikati.
"C'est un moment historique important pour le Liban par sa dimension symbolique", s'est félicité le ministre Fayad. "Aujourd'hui, nous consolidons l'action arabe commune... à travers l'accord modeste mais très important pour le peuple libanais, qui a besoin de chaque heure d'électricité," qu'il peut obtenir, a-t-il ajouté.
"Nous allons assurer 250MW de courant en coopération avec la Jordanie et avec le soutien de nos frères en Syrie", a ajouté M. Fayad. "Ce qui était censé être achevé en six mois l'a finalement été en deux mois", s'est-il félicité. "Il reste encore à finaliser la question du financement de la part de la Banque mondiale et nous allons oeuvrer pour cela rapidement afin que l'accord entre en exécution", a-t-il promis.
Quant au ministre jordanien, il a affirmé que cet accord "ouvre la voie à davantage de coopération dans d'autres domaines". Son homologue syrien a pour sa part rappelé que le gouvernement de Damas "insistait à faire aboutir ce dossier le plus vite possible". "Nous sommes prêts à tout moment pour le raccordement électrique", a-t-il indiqué. Il a lui aussi affirmé que ce contrat ouvrira la voie à encore plus de coopération entre les deux pays, alors que la normalisation avec le régime du président syrien Bachar el-Assad ne fait pas l'unanimité au Liban.
Les États-Unis ont accepté d’aménager de façon ciblée le régime de sanctions (associé à la loi César) visant le régime de Damas et tous ceux qui coopèrent avec lui, pour que ces projets énergétiques puissent aboutir. C’est en principe la Banque mondiale qui doit les financer, à condition que certaines réformes visant le secteur soient entre-temps lancées. Mardi, le ministre syrien de l'Energie avait affirmé devant le chef de l'Etat libanais, Michel Aoun, que son homologue syrien, Bachar el-Assad, a ordonné de faciliter l'acheminement d'électricité au Liban". Walid Fayad avait pour sa part indiqué que l'accord sur l'électricité jordanienne permettrait d'ajouter deux heures par jour à l'approvisionnement en électricité fourni par EDL.
Mais plusieurs détails concernant cet accord restent flous. Le directeur régional de la Banque mondiale, Saroj Kumar Jha, a déclaré à L'Orient Today que la Banque mondiale étudiait les demandes soumises par le gouvernement libanais pour financer à la fois le contrat d'électricité jordanien et le contrat de gaz égyptien, à condition que le gouvernement adopte d'abord un plan de réforme du secteur de l'électricité. Le montant exact du financement n'a pas encore été déterminé, mais la demande initiale du gouvernement était de 250 millions de dollars, a précisé M. Jha.
Le Parlement doit encore ratifier cet accord.
La crise que traverse le Liban depuis plus de deux ans a frappé de plein fouet le fonctionnement du secteur de l’électricité, rendu presque inopérant par des années de mauvaise gestion et de clientélisme politique. Le coup de grâce est survenu le 4 août 2020 avec la destruction partielle du siège d’Electricité du Liban (EDL) lors de la double explosion qui a soufflé Beyrouth et son port. Plusieurs initiatives ont été annoncées ou lancées en 2021 pour tenter de répondre à l’urgence. Un accord a par exemple été conclu avec l’Irak au cours de l’été pour importer, pendant un an, du carburant à des conditions aménagées. Des réformes dans le secteur de l'électricité au Liban constituent une condition essentielle pour débloquer le financement du projet par la Banque mondiale. Cet accord sur l'électricité via la Jordanie et la Syrie fait partie d'une initiative lancée par les Etats-Unis. La deuxième partie de l'accord consiste à importer du gaz d'Egypte en passant par la Jordanie, puis à l'échanger en Syrie contre du gaz syrien et à le fournir au Liban pour faire fonctionner ses centrales électriques.
Selon des informations communiquées par un haut-responsable du département d’Etat américain à L’Orient-Le Jour, les Etats-Unis sont "très préoccupés" par la crise libanaise de l’énergie et ont donc décidé d’encourager des projets garantissant du pays une hausse "graduelle et durable" de la quantité de courant, à partir du moment où elle est mise en œuvre de façon "transparente".
Rendons justice à ce ministre qui, au moins essaie de faire quelque chose pour son pays, au lieu de voler, boycotter, blablater…
22 h 37, le 26 janvier 2022