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Nos Lecteurs ont la Parole

« Election time »

N’ayant plus les moyens de se payer des costumes neufs, il enfile ses vêtements élimés avec une certaine décence et s’apprête à entrer en campagne électorale. C’est la saison. Il ne s’agit pas pour lui d’aller à la rencontre des électeurs, Covid oblige, mais de palabrer avec les autres candidats potentiels sur des questions de logistique, la liste à constituer, les noms à ajouter ou à effacer, et les slogans. Les slogans, surtout, trouver le remède miracle à la misère des gens. « Votez pour moi et le dollar va descendre », mais c’est déjà pris. « Votez pour moi et vos dépôts vont revenir », c’est devenu trop cliché, et c’est déjà pris aussi. « Votez pour moi et les armes seront remises à l’État », c’est fort, mais un peu prétentieux, pense-t-il. « Votez pour moi parce que vous avez vu ce que les autres ont fait de vous. » Mais les autres, eux, sont en train de distribuer du mazout et les gens ont froid, ils sont en train de distribuer du pain et les gens ont faim. Les autres sont en train de se la jouer entre-deux, taper sur l’autre pour aiguiser la haine puis embrasser l’autre sur la bouche quand tout ce carnaval sera fini. Il ne sait pas comment commencer. Comment sortir du monde virtuel et affronter la réalité ? Car, dans le virtuel, il est le roi. Il a plus de « likes » que tous les candidats réunis. Mais la réalité, c’est autre chose. Dans la réalité, il a besoin d’argent, beaucoup d’argent, et d’un petit message. Le message, il le cherche. L’argent, il a peur de le perdre. L’argent, comment dire, c’est un fantôme. Il est là sans l’être tout à fait.Et pendant ce temps, les barbus ajustent la stratégie de défense de leur révolution islamique, et les autres continuent l’opération de nettoyage de leurs bilans. Après l’évaporation des comptes bancaires, c’est au tour des liasses de billets cachés dans les maisons de passer à la trappe. Et les gens accourent aux guichets, heureux de gagner le peu de ce qu’ils avaient déjà perdu, les miettes qu’on a bien voulu leur accorder de ce qu’on leur avait pris de force de manière illégitime. Pourquoi tu n’es pas candidat ? Ou plutôt, tu es candidat pour quoi ? Dans ce pays où tout s’effondre, seule la bêtise semble éternelle.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

N’ayant plus les moyens de se payer des costumes neufs, il enfile ses vêtements élimés avec une certaine décence et s’apprête à entrer en campagne électorale. C’est la saison. Il ne s’agit pas pour lui d’aller à la rencontre des électeurs, Covid oblige, mais de palabrer avec les autres candidats potentiels sur des questions de logistique, la liste à constituer, les noms à...

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