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Société - Éducation

Le « lollar » à 8 000 LL affectera-t-il les frais de scolarité dans les universités ?

Les principaux établissements d’enseignement supérieur n’ont toujours pas modifié leurs frais de scolarité, mais ils n’excluraient pas un ajustement à l’avenir. Et les étudiants vivent dans l’angoisse.

Le « lollar » à 8 000 LL affectera-t-il les frais de scolarité dans les universités ?

Sur le campus de l’AUB, à Beyrouth. kateafter/Bigstock

Depuis que la Banque du Liban a augmenté le taux du « dollar libanais », ou « lollar », utilisé pour les retraits bancaires, de 3 900 LL à 8 000 LL le mois dernier, les étudiants des universités libanaises vivent dans l’angoisse d’une nouvelle hausse des scolarités.

Un certain nombre d’universités libanaises avaient déjà fixé les frais de scolarité des étudiants locaux au taux du lollar et une nouvelle augmentation semblait donc inévitable. Toutefois, jusque-là, les plus grandes universités n’ont pas encore augmenté le taux de change utilisé pour le paiement des frais de scolarité. Les étudiants, pour leur part, sont loin d’être rassurés et craignent toujours qu’une hausse des frais de scolarité ne se prépare.

De 36 millions puis 93,6… jusqu’à 192 !

« Payer les frais de scolarité facturés au taux de 1 515 LL le dollar était déjà un combat en soi puis le défi est devenu plus lourd encore lorsque l’université a fixé le taux à 3 900 LL. Si elle décide maintenant d’adopter le taux de 8 000 LL, il me sera tout bonnement impossible d’obtenir mon diplôme », déclare à L’Orient Today Léa Haddad, étudiante en psychologie à l’Université américaine de Beyrouth (AUB).

La jeune femme, qui n’a plus qu’un an d’université, paie actuellement ses frais de scolarité sur une base de 24 000 $ par an. Alors que les étudiants libanais ont le choix de payer leurs frais de scolarité en livres, sa scolarité en monnaie locale a plus que doublé au début de 2021, passant de 36 millions à 93 600 millions de LL. En décembre 2020, l’AUB avait en effet demandé à ses étudiants de s’acquitter des frais de scolarité au taux de 3 900 LL pour un dollar, au lieu de 1 515 LL. Si l’université adopte le taux actuel du lollar, sa nouvelle facture s’élèvera à 192 millions de LL. Et même si le prix en dollars reste inchangé, le père de Léa Haddad touche son salaire en livres depuis qu’il a perdu, fin 2019, son ancien emploi à l’étranger qui était payé en dollars.

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Comme Léa, de nombreux étudiants universitaires ont commencé 2022 sous pression financière, après avoir déjà passé une année universitaire aux prises avec l’augmentation des frais de scolarité associée à la flambée des prix des produits de première nécessité, notamment l’alimentaire, le carburant et les médicaments.

Depuis le 21 avril 2020, le lollar était arrimé à 3 900 LL pour un dollar. En décembre 2021, la Banque du Liban a publié une nouvelle circulaire fixant un taux majoré de 8 000 LL pour le retrait en espèces. Le nouveau taux est en vigueur jusqu’à fin juin 2022, bien que l’expérience prouve qu’il peut être annulé avant cette date ou prolongé au-delà de cette date. Le nouveau taux du lollar reste cependant bien inférieur au taux du marché parallèle, où la livre a atteint ces derniers jours un nouveau record de plus de 30 000 LL pour un dollar américain.

La récente circulaire de la BDL entraîne forcément la question de savoir si les établissements universitaires adopteront le nouveau taux pour leurs frais de scolarité à l’avenir, même s’ils ne l’ont toujours pas fait.

Halabi : Pas d’augmentation suite à la circulaire

Le ministre de l’Éducation Abbas Halabi explique à L’Orient Today que « la loi 515, qui est la loi en vigueur à ce jour sur la question des budgets scolaires, n’autorise aucune augmentation tant qu’il n’y a pas de nouvelles charges imposées par de nouveaux règlements et lois ».

Selon M. Halabi, la circulaire de la BDL ne constitue pas un règlement qui ouvre la voie à une telle augmentation. Le ministre précise par ailleurs qu’il a exhorté toutes les universités et écoles du Liban à s’en tenir au régime financier actuel afin que « les étudiants et le secteur de l’éducation restent en mesure de surmonter cette étape difficile ».

« Au moment où les universités adopteront le nouveau taux du lollar, elles devront prendre en considération le fait qu’il n’est pas donné à tout le monde d’avoir un compte en dollars libanais (ou lollars) », explique Mohammad Ibrahim Fheili, économiste et stratège du risque, à L’Orient Today. Il souligne que de nombreuses personnes sont désormais payées en livres libanaises et seront donc confrontées à de sérieux problèmes financiers si elles doivent s’acquitter des frais à un taux de 8 000 LL. « Un autre fardeau est… le plafond imposé aux transactions en espèces dans les banques locales, poursuit M. Fheili. Actuellement, le Liban traite principalement, mais pas exclusivement, en espèces, et les parents vont avoir du mal à retirer l’intégralité des frais de scolarité compte tenu du plafond fixé par la circulaire. »

Pas encore de hausse, mais jusqu’à quand ?

Début janvier, l’AUB et la Lebanese American University (LAU) n’avaient pas décrété de hausse des frais de scolarité sur la base du nouveau taux du lollar. L’Université Saint-Joseph (USJ) divise ses frais de scolarité en deux montants, 50 % étant libellés en livres libanaises et les 50 % restants en lollars, qui sont jusqu’à présent toujours fixés au taux de 3 900 LL. L’AUB a même envoyé un e-mail à ses étudiants fin décembre 2021, les informant qu’ils « peuvent régler leurs frais de scolarité du semestre prochain par virement bancaire ou dépôt bancaire à partir du 3 janvier au taux de 3 900 LL ». L’université n’a cependant pas exclu d’adopter le nouveau taux du lollar à l’avenir, ajoutant que « l’administration examine actuellement le système de collecte des frais de scolarité pour le prochain semestre et annoncera tout changement éventuel dans les semaines à venir ».

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Au début de 2020, la LAU avait vite fait de suivre l’exemple de l’AUB en adoptant la même stratégie et fixant son taux de scolarité à 3 900 LL pour un dollar. Aujourd’hui aussi, comme l’AUB, la LAU n’a pas encore pris de décision concernant l’application du taux de 8 000 LL, confirment des responsables de l’université. Aucunement rassurée, Léa Haddad fait part de sa crainte que l’université ne prenne bientôt la décision d’adopter le nouveau taux du lollar. « Le message de l’AUB n’a fait que me stresser davantage, car cela signifie que ma charge financière pourrait s’alourdir du jour au lendemain. Une telle décision chamboulerait ma vie. Je n’aurai peut-être jamais mon diplôme », lâche-t-elle.

(Cet article a été originellement publié en anglais sur le site de « L’Orient Today » le 4 janvier 2022).

Depuis que la Banque du Liban a augmenté le taux du « dollar libanais », ou « lollar », utilisé pour les retraits bancaires, de 3 900 LL à 8 000 LL le mois dernier, les étudiants des universités libanaises vivent dans l’angoisse d’une nouvelle hausse des scolarités.Un certain nombre d’universités libanaises avaient déjà fixé les frais de...

commentaires (1)

Et le fameux dollar étudiant ?? On en est où précisément ?

Wow

16 h 26, le 11 janvier 2022

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Commentaires (1)

  • Et le fameux dollar étudiant ?? On en est où précisément ?

    Wow

    16 h 26, le 11 janvier 2022

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