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Politique - Baabda

Le dialogue voulu par Aoun sérieusement compromis

La relance du Conseil des ministres ne semble pas pour bientôt, Youssef Khalil n’ayant toujours pas finalisé l’avant-projet du budget 2022.

Le dialogue voulu par Aoun sérieusement compromis

Le président de la République Michel Aoun. Photo d’archives Dalati et Nohra

Il semble désormais de plus en plus improbable que le chef de l’État Michel Aoun puisse réunir sous sa houlette les principaux chefs de file politiques dans le cadre du dialogue national élargi auquel il avait appelé fin décembre. L’initiative que le président avait lancée dans une ultime tentative de sauver son mandat de la crise politique qui paralyse les institutions a subi de sérieux revers ces derniers jours, des acteurs principaux de la scène politique ne voulant pas y prendre part pour différents motifs. Tel est le cas du leader du courant du Futur Saad Hariri, qui a informé le chef de l’État de sa décision de ne participer à aucun dialogue avant les législatives de mai prochain. Idem pour les Forces libanaises de Samir Geagea, principal rival chrétien de Michel Aoun et de son camp, qui refusent de répondre positivement à l’appel de Baabda. Pour Meerab aussi, l’heure est à la bataille électorale.

En dépit de ces deux camouflets, Baabda poursuit les préparatifs des réunions que M. Aoun devrait tenir mardi et mercredi avec les chefs des partis politiques dans la perspective d’une table de dialogue. « C’est à la faveur de ses entretiens que le chef de l’État pourra se décider au sujet du maintien ou non du dialogue », explique un proche de Baabda contacté par L’Orient-Le Jour.

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Pour le moment, le Courant patriotique libre et le tandem chiite Amal-Hezbollah (malgré les rapports perturbés du président du Parlement avec le locataire de Baabda) ont confirmé leur participation au dialogue. C’est dans une volonté de calmer les tensions avec son allié chrétien que le parti de Hassan Nasrallah a répondu favorablement à l’appel, même si les débats devraient s’articuler, entre autres, autour d’un sujet qui lui est particulièrement sensible : la stratégie de défense nationale. De son côté, malgré les rapports complètement gelés avec Michel Aoun, le leader des Marada Sleiman Frangié se rendra à Baabda pour un entretien avec le chef de l’État, confie le proche du palais cité plus haut. Il indique que le Premier ministre Nagib Mikati a, lui, précisé devant M. Aoun lors de leur réunion vendredi dernier qu’il participera au dialogue en tant que chef du gouvernement et non en sa qualité de chef d’un groupe parlementaire. M. Mikati a, dans ce cadre, souligné que l’absence de Saad Hariri fera perdre au dialogue la présence et le poids politique des sunnites. À travers sa position, le milliardaire tripolitain a donc, une fois de plus, ménagé la chèvre et le chou : il a répondu à une obligation dictée par sa fonction de Premier ministre, sans pour autant se mettre à dos la communauté à laquelle il appartient à quelques mois des élections. Quant au leader druze Walid Joumblatt, il a d’ores et déjà donné le ton : « Pour sortir du blocage destructif, il faut que le Conseil des ministres se réunisse sans conditions préalables et lance un chantier de travail à partir de négociations avec le Fonds monétaire international. Cela est le dialogue principal auquel il n’y a aucune alternative », a-t-il écrit hier sur son compte Twitter. Il n’est même pas confirmé, selon les milieux de Moukhtara, que le chef du Parti socialiste progressiste se rendra à Baabda pour l’entretien avec M. Aoun.

Les yeux rivés sur Youssef Khalil...
Contrairement donc aux aspirations du président de la République, le dialogue paraît compromis et le déblocage gouvernemental ne semble pas pour demain. Près d’une semaine après les déclarations de Nagib Mikati concernant une proche convocation du Conseil des ministres pour examiner le projet de budget 2022, rien ne prête à croire que le cabinet pourra reprendre ses réunions, surtout que le ministre des Finances Youssef Khalil, qui gravite dans l’orbite de Nabih Berry, n’a toujours pas finalisé l’élaboration du texte.

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Un scénario axé sur la tenue d’une séance gouvernementale à laquelle Youssef Khalil serait le seul ministre chiite à participer a été évoqué ces derniers jours dans les coulisses. À ce sujet, notre chroniqueur politique Mounir Rabih indique que le Hezbollah serait prêt à participer à une séance ministérielle consacrée au budget si M. Berry prend une décision dans ce sens. Ainsi, si Youssef Khalil finalise rapidement l’avant-projet de budget, il s’agira d’un signal positif du tandem chiite en direction de MM. Aoun et Mikati. Il indique dans ce cadre qu’il serait actuellement question d’un nouveau compromis entre MM. Aoun et Berry, selon lequel le chef de l’État débloquerait le décret de nomination des gardes forestiers auquel tient le chef du législatif, la majorité des intéressés étant musulmans. En contrepartie, Youssef Khalil signerait, avec la bénédiction de M. Berry, le décret d’ancienneté des officiers de l’armée, pour la plupart chrétiens, de la promotion 1994, dite « la promotion Aoun ». Cette querelle entre les deux présidents remonte déjà à plusieurs années et s’articule principalement autour de l’obligation constitutionnelle ou non du contreseing du ministre des Finances.

Il semble désormais de plus en plus improbable que le chef de l’État Michel Aoun puisse réunir sous sa houlette les principaux chefs de file politiques dans le cadre du dialogue national élargi auquel il avait appelé fin décembre. L’initiative que le président avait lancée dans une ultime tentative de sauver son mandat de la crise politique qui paralyse les institutions a...

commentaires (7)

Celui qui n'a jamais dialogué sincèrement avec les autres ne peut être sérieux en invitant au dialogue.

Esber

19 h 08, le 10 janvier 2022

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Commentaires (7)

  • Celui qui n'a jamais dialogué sincèrement avec les autres ne peut être sérieux en invitant au dialogue.

    Esber

    19 h 08, le 10 janvier 2022

  • Avec une personne mourante mais lucide on lui tient la main et on essaie de tenir une conversation pour que le trépas arrive sans trop d'émoi... le prez tient la main de la Patrie et engage le dialogue ...

    Wlek Sanferlou

    15 h 00, le 10 janvier 2022

  • Je compte les jours qui restent à ce régime qui n’a été synonyme que de malheurs pour nous. On n’a jamais connu ça, même pas durant sa guerre destructrice contre les FL. Généralement les pays ont un grand homme par siècle, nous nous avons eu la plus grande catastrophe de tous les temps

    Lecteur excédé par la censure

    11 h 04, le 10 janvier 2022

  • Aoun connaissait d’avance la position des partis opposants et leur refus catégorique de tendre la main à celui à qui ils avaient fait jadis confiance et qui a saccagé le pays par son comportement d’enfant gâté qui bloque et s’entête selon son humeur du jour où les ordres qu’il a reçu, des fossoyeurs, ses amis et alliés de toujours. Il essaie de trouver le moyen de mettre le saccage et la destruction du pays sur le dos des patriotes qui refusent de renouveler l’expérience en s’alliant de nouveau à lui pour réaliser ses projets mortifères et mener le pays en enfer tel qu’il l’avait promis. Il va se retrouver avec le CPL, BERRY et le HB pour ce dialogue nationale et tant lieux pour eux. Nous libanais patriotes refusons de nous retrouver autour d’une table où les fossoyeurs continuent de bloquer le pays pour faire valoir leur conditions oh combien désastreuses pour notre nation sous prétexte de la sauver. Si Aoun ne sait pas ce qu’il fait c’est qu’il a perdu le nord et pour ce faire il faut le destituer car un pays en naufrage mérite d’avoir à sa tête un président patriote qui a toute sa faculté mentale et c’est loin, très loin d’être le cas.

    Sissi zayyat

    10 h 57, le 10 janvier 2022

  • IL CHERCHE LE DIALOGUE MAINTENANT, APRES AVOIR DETRUIT LE PAYS AVEC SON GENDRE ET LES MERCENAIRES IRANIENS, POUR ESSAYER DE REDORER SON BLASON. BASS KABOULOU MAY BERDE 3ALA TIZOU GEAGEA ET HARIRI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 55, le 10 janvier 2022

  • Inutile! On ne dialogue pas avec une milice qui a le doigt sur la gâchette , et fait chanter le pays ! L’histoire l’a prouvé trop de fois.

    LeRougeEtLeNoir

    08 h 47, le 10 janvier 2022

  • "Le dialogue voulu par Aoun sérieusement compromis". "Voulu"? Pa sûr! S'il l'avait vraiment voulu, pourquoi avoir attendu 5 ans? Ce qui est important pour Aoun, c'est d'avoir annoncé sa "volonté" de dialoguer, pas le dialogue lui-même. Si cette conférence devait se tenir, il serait dans une position embarrassante: devoir choisir entre deux intérêts diamétralement opposés, celui du Liban et celui du Hezbollah. Finalement, Hariri et Geagea pourraient bien lui avoir sauvé la mise.

    Yves Prevost

    07 h 28, le 10 janvier 2022

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