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Nos Lecteurs ont la Parole

Optimisme prudent

Chers Compatriotes,

Comme vous vous en doutez, on ne résout pas un problème à 90 milliards en deux coups de cuiller à pot.Certains signes néanmoins, au crédit des Libanais de bonne volonté qui ne manquent pas dans ce vaste univers, semblent indiquer que nous n’avons pas encore touché le fond. Mauvaise nouvelle, pourriez-vous me rétorquer, dans le sens où il y aurait encore de la marge en termes de descente aux enfers. En ce qui me concerne, je voudrais voir le verre à moitié plein en cette fin d’année, si vous le permettez, l’optimisme n’ayant jamais aveuglé les lucides, à part les rêveurs.

On ne rembourse pas une ardoise de 90 milliards d’un coup de baguette magique, mais…

Le peuple est aujourd’hui plus soudé face au pouvoir qu’à n’importe quel moment des cinquante dernières années. La diaspora s’est mobilisée pour les élections de 2022, et plus de 230 000 personnes pourront voter, depuis les ambassades et consulats du Liban un peu partout dans le monde, pour les candidats de leurs circonscriptions d’origine, malgré un suspense qui aura duré de coup de théâtre en coup de sort jusqu’à la tombée du rideau.

La satire politique et la critique des travers de la société sont bien vivantes, portées qu’elles sont par une nouvelle génération de stand-up et de one-man/woman-shows, et plus généralement d’artistes et d’activistes qui n’ont rien à envier à leurs aînés-

Suite à la tragédie du 4 août 2020, les Libanais se sont redécouvert une fibre sociale, puisqu’ils n’ont jamais été un peuple froid et fermé. Ceux qui pouvaient ont prêté main-forte à ceux qui ont tout perdu. Des associations d’aide se sont mises en place spontanément et la diaspora n’a pas été en reste. Le réseau des forces vives à travers le monde s’est mis en branle, et il est considérable. Les associations de Libanais de la diaspora, les entreprises qui ont des liens solides avec le pays, les fils et les filles du pays qui vivent sous des cieux plus cléments sur les cinq continents ont donné de leur temps et de leurs moyens pour le Liban, et les résultats sont visibles sur le terrain.

Une grande partie des dons et des aides cible aujourd’hui le système éducatif, et, en cela, les Libanais font preuve d’une grande sagesse: les générations futures seront celles qui relèveront les défis que notre génération aura subis de plein fouet, et si le Liban des années 2020 leur aura tout pris, il est permis de croire qu’il aura tout fait pour leur laisser l’éducation, c’est-à-dire l’essentiel.

D’autre part, les expatriés continuent d’affluer au vieux pays pour les vacances d’été et les fêtes de fin d’année malgré les mille outrages qu’ils rencontreront entre l’insécurité et les pénuries de carburant et d’électricité, pour n’en citer que quelques-uns, et que leurs frères et sœurs de cœur restés au pays subissent quotidiennement, stoïquement, pour l’amour de leur patrie, malgré ce qui leur en coûte, malgré ce qu’ils en disent. C’est dire à quel point le Liban est chevillé aux âmes de ses enfants, qui, s’ils ont le verbe haut, ont néanmoins un cœur à la mesure de leur grande gueule.

En fin de compte, pardonnez la naïveté de mon ton et de cet article. Ceux qui me connaissent savent que je suis d’un réalisme pour le moins ennuyeux, mais je me fais violence en ce début d’année en affichant un optimisme à la limite du raisonnable. J’en ai besoin, et vous aussi sans doute, si vous me permettez cette remarque.

Cela étant, soyons lucides, soyons prudents. « Il suffit d’un peu d’électricité et d’une connexion internet pour faire tourner la boîte », pour citer un patron libanais qui porte le Liban en son cœur, et je pense que l’on peut étendre la métaphore à un pays, mais il suffit d’un grain de sel dans ce système instable qu’est devenu le Liban pour faire basculer les choses du côté obscur.

Optimisme prudent, donc, car, en effet, on ne résout pas un problème à 90 milliards en deux coups de cuiller à pot, mais il faut bien commencer quelque part.

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Chers Compatriotes, Comme vous vous en doutez, on ne résout pas un problème à 90 milliards en deux coups de cuiller à pot.Certains signes néanmoins, au crédit des Libanais de bonne volonté qui ne manquent pas dans ce vaste univers, semblent indiquer que nous n’avons pas encore touché le fond. Mauvaise nouvelle, pourriez-vous me rétorquer, dans le sens où il y aurait encore de la marge...

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