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Alain Khayat, l’enfant de Tripoli devenu chercheur à la NASA

Cet astronome d’origine libanaise mène une belle carrière au sein de la plus grande agence spatiale du monde, avec des recherches tournées vers la planète Mars.

Alain Khayat, l’enfant de Tripoli devenu chercheur à la NASA

Alain Khayat. Crédit NASA_Studio

De Tripoli à la NASA, le parcours du jeune Alain Khayat est loin d’être banal. Ce trentenaire, fraîchement marié et docteur en astronomie, mène une belle carrière au sein de la plus grande agence spatiale du monde, aux États-Unis. Le regard tourné vers la planète rouge, il a tout récemment fait, avec son équipe, la première découverte d’une couche d’ozone à haute altitude dans la région polaire septentrionale de Mars. Le jeune Libanais a également développé des techniques pour mesurer la vapeur d’eau sur la glace du pôle nord de Mars, à l’aide de vaisseaux spatiaux de l’agence.

En 2015 déjà, Alain Khayat avait participé à une célèbre étude montrant qu’il y avait eu par le passé, à la surface de Mars, des océans d’eau liquide qui avaient fini par s’assécher au fil de milliards d’années. Pour le journal The Independent, il s’agissait là de l’une des 15 découvertes changeant notre façon de voir le monde.

Infatigable, le jeune astronome se lance également dans le développement de techniques de transfert radiatif dans les atmosphères planétaires et travaille sur un robot opérant actuellement sur la planète rouge et baptisé « Curiosity Rover ».

C’est à Tripoli, sa ville natale, qu’a débuté le parcours de ce Libano-Américain, par une simple passion d’enfant. Dès ses plus jeunes années, Alain Khayat est fasciné par le cosmos et se pose une foule de questions au sujet de l’univers, de la vie sur terre, de ce qui a fait de nous ce que nous sommes. Des années plus tard, Alain Khayat trouve l’inspiration dans les mots du grand astronome Carl Sagan : « Votre propre vie, celle de votre groupe ou même celle de votre espèce, est peut-être due à une poignée d’agités, attirés par un besoin qu’ils peuvent à peine articuler ou comprendre, vers des terres inconnues et des mondes nouveaux. »*

Aussi rigoureux que rêveur

À l’instar de Carl Sagan, Khayat veut découvrir de nouveaux horizons. À l’école, l’élève studieux se fait remarquer par son esprit scientifique mais aussi pour son caractère rêveur. Il se souvient encore des nuits étoilées à la montagne, du télescope offert par ses parents grâce auquel il observe les étoiles, les anneaux de Saturne, la grande tache rouge sur Jupiter et les planètes Vénus et Mars. Un livre, en particulier, offert par son père, l’a marqué : celui du scientifique français Pierre Rousseau intitulé Tout ce qu’il faut savoir sur l’astronomie (Livre de poche). Après avoir tourné la dernière page de l’ouvrage, l’adolescent sait que l’astronomie est sa plus grande passion. Il comprend également que pour déchiffrer le fonctionnement de l’univers, il lui faut s’équiper de connaissances en physique et mathématiques. C’est sans surprise donc qu’il opte pour des études en ingénierie mécanique et obtient, en 2006, son diplôme de l’Université libanaise. La même année éclate le terrible conflit de 33 jours entre le Liban et Israël, mais cela n’empêche pas Alain Khayat de rêver de voyage et d’études d’astronomie aux États-Unis. « Nous présentions nos examens dans une petite salle à Beyrouth, d’où nous entendions les bombardements. Mais je n’avais pas peur. Ayant grandi durant la guerre, j’étais habitué aux complications de la situation politique locale », explique-t-il à L’Orient-Le Jour.

Deux ans plus tard, en 2008, Khayat débarque à Hawaï pour suivre des études à l’Université de Manoa, où il décroche son doctorat en astronomie. Il continuera ses recherches postdoctorales dans cette université jusqu’en 2016. « Quand je suis arrivé à Hawaï, je savais que j’avais beaucoup à apprendre. Je devais m’adapter à un nouveau système social, culturel, pédagogique. Cela ne me dérangeait pas. Je n’ai jamais cherché un traitement de faveur », dit-il. Hawaï est, selon lui, l’un des plus beaux endroits pour « se ressourcer, se fondre dans la foule tout en s’épanouissant au travail ».

Ce que l’astronome apprécie le plus aux États-Unis, son pays d’adoption, c’est qu’il y règne « un esprit plus concret, plus positif et surtout plus humble », estime-t-il. Le jeune Libanais apprécie le fait qu’entre collègues, personne ne se considère comme le meilleur. « Ici, on n’est jamais le premier. Nous travaillons en équipe avec un objectif : publier nos recherches, faire avancer et progresser les divers travaux sur lesquels nous nous focalisons », raconte-t-il.

Ses travaux ont porté entre autres sur les comètes et les atmosphères planétaires. Et pour étudier les dégazages volcaniques actuels sur Mars, il a utilisé les télescopes installés sur le volcan du Mauna Kea, à Hawaï. Le Mauna Kea étant l’un des meilleurs sites d’observation astronomique au monde, Khayat y a ressenti une vive émotion la première fois qu’il y a mené des recherches. Une émotion à laquelle il aspirait depuis sa plus tendre enfance, au Liban.

* « Pale Blue Dot : A Vision of the Human Future in Space », Random House, 1994.

De Tripoli à la NASA, le parcours du jeune Alain Khayat est loin d’être banal. Ce trentenaire, fraîchement marié et docteur en astronomie, mène une belle carrière au sein de la plus grande agence spatiale du monde, aux États-Unis. Le regard tourné vers la planète rouge, il a tout récemment fait, avec son équipe, la première découverte d’une couche d’ozone à haute altitude dans...