Le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, qui a reçu à Beyrouth vendredi matin le ministre italien de la Défense, Lorenzo Guerini, a assuré que des efforts sont en cours pour réunir à nouveau le gouvernement, en crise depuis le 12 octobre dans un Liban en plein effondrement économique.
"Nous sommes déterminés à surmonter tous les obstacles pour réunir à nouveau le gouvernement et poursuivre les efforts que nous avons commencé à déployer pour remettre le Liban sur la voie du redressement et du sauvetage", a affirmé M. Mikati, dans le cadre d'un message aux Libanais adressé à l'occasion de Noël.
Le gouvernement Mikati ne s'est plus réuni depuis plus de deux mois sur fond de tensions concernant l'enquête sur la double explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth. Les ministres du tandem chiite Amal-Hezbollah refusent de participer à tout Conseil des ministres que pourrait convoquer le Premier ministre Nagib Mikati tant qu'ils n'ont pas de garantie que le sort du juge Bitar y sera tranché. Le Hezbollah fait en effet pression pour un limogeage du juge d'instruction, alors que le mouvement Amal veut le dessaisir du volet politique de l'affaire. En attendant une solution à cette crise politique, M. Mikati refuse de réunir son cabinet, de peur qu'il n'implose. Un marché politique qui était en gestation entre les différents protagonistes ces derniers jours et liant le sort du gouvernement à celui du juge Bitar et des élections législatives du printemps 2022 a fini par échouer, aggravant encore plus la crise politique dans le pays.
"Sacrifices" des soldats italiens
En outre, le Premier ministre libanais a affirmé à M. Guerini que le Liban "respecte la résolution 1701 du Conseil de sécurité et toutes les autres résolutions sur ce plan", en référence à la cessation des hostilités entre le pays du Cèdre et Israël, après la guerre de juillet 2006. Nagib Mikati a ensuite remercié l'Italie pour son "soutien constant au Liban sur tous les plans" et sa participation à la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), évoquant les "sacrifices de ses soldats pour la stabilité et la sécurité dans le Sud" du pays.
Pour sa part, Lorenzo Guerini a rappelé que "le Liban a une place importante aux yeux de l'Italie et la présence italienne au sein de la Finul renforce cela". Il a rappelé que quatre hauts gradés italiens ont dirigé cette force, les Casques bleus au Liban étant actuellement chapeautés par le général italien Stefano del Col.
M. Guerini a ensuite souligné que Rome "soutient le Premier ministre libanais et les efforts déployés pour mettre en place les réformes requises pour traiter la situation au Liban". Des réformes qui se font attendre depuis des mois par une communauté internationale qui conditionne toute aide financière à la mise en place de ces changements. "Le Liban peut entièrement compter sur l'Italie pour le soutenir au niveau des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI) et toute autre institution internationale concernée", a ajouté le ministre italien, alors que les négociations entre Beyrouth et le FMI n'ont toujours pas abouti, l'assistance financière du Fonds semblant indispensable pour redresser le Liban. "Quant à notre soutien à l'armée libanaise, il est total et nous nous engageons à accélérer le processus pour que cette aide soit livrée", a conclu le ministre.
L'armée libanaise est en effet perçue comme le dernier rempart au Liban contre tout incident sécuritaire dans un pays au bord du gouffre. Mais la troupe est fortement impactée par la crise économique et survit grâce aux aides internationales en tous genres.
Cet entretien entre Nagib Mikati et Lorenzo Guerini s'est déroulé en présence de l’ambassadrice d'Italie au Liban, Nicoletta Bombardiere. Le ministre italien de la Défense s'est également réuni avec son homologue libanais, Maurice Slim. M. Slim a exprimé "l'attachement du Liban au renforcement de la coopération militaire entre les deux pays et le rôle effectué par l'Italie au sein de la Finul". Il a dans ce contexte insisté sur l'attachement du Liban à la force onusienne, alors que des incidents épisodiques opposent des habitants de certains villages du Sud aux Casques bleus, comme mercredi soir.
Lorenzo Guerini a quant à lui promis que l'Italie restera engagée au sein de la force onusienne, même après la fin prochaine du mandat du général del Col. "L'Italie attend la réponse de l'ONU concernant l'ajout d'un navire (italien) à la flotte de la Finul", a dans ce contexte révélé le ministre italien. Il a enfin souligné que Rome est prêt à répondre favorablement aux besoins médicaux militaires du Liban.
Le ministre Guerini doit enfin inspecter dans le Sud du pays le contingent italien de la Force intérimaire des Nations unies au Liban, précise l'ambassade d'Italie au Liban. Son communiqué ne mentionne en revanche aucun rendez-vous entre le ministre et le président de la République, Michel Aoun, ni avec le président du Parlement, Nabih Berry.
commentaires (9)
Au fait, si les ministres ne peuvent plus se réunir pour travailler. Ils sont payés pour quoi faire svp ? Merci
CASSOLY Olivier
18 h 32, le 27 décembre 2021