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Moyen-Orient - Militaire

Israël aurait visé des sites de production d’armes chimiques en Syrie

De nombreuses rumeurs circulent à propos d’opérations menées par le régime de Bachar el-Assad en vue de reconstituer son stock d’armes chimiques.

Israël aurait visé des sites de production d’armes chimiques en Syrie

Des civils se tiennent face à des immeubles endommagés, sur le site d’une attaque chimique présumée à Douma, le 16 avril 2018. Photo AFP

Les forces israéliennes auraient mené des frappes contre trois sites présumés de production d’armes chimiques en Syrie le 8 juin dernier, a rapporté lundi le Washington Post. Selon le quotidien américain, les cibles étaient situées près d’an-Nassiriyah, au nord de Damas, et aux alentours de Homs. L’opération aurait tué sept soldats au total, dont un colonel et un ingénieur travaillant au sein d’un laboratoire militaire syrien classé top secret. Alors qu’Israël mène régulièrement des frappes en Syrie contre des installations iraniennes, l’opération de juin est inhabituelle dans le sens où elle a cette fois visé des activités supervisées par Damas. Conformément à son protocole habituel, l’armée israélienne n’a pas fait de commentaire au sujet de ces frappes.

Ce raid semble toutefois s’inscrire dans le cadre des craintes grandissantes de l’État hébreu de voir le régime de Bachar el-Assad reconstituer son arsenal d’armes chimiques, ce qui présenterait une menace directe à la sécurité de l’État hébreu, et plus largement des pays voisins. Ainsi, l’ancien chef du Shin Bet et actuel député du Likoud Avi Dichter a affirmé lundi que « si le régime Assad n’a pas hésité à utiliser des armes chimiques contre des civils, il va de soi que tout équipement syrien en armes neurotoxiques serait une véritable source d’inquiétude pour Israël ». « Si le régime les utilise contre des Syriens, imaginez par vous-même ce qu’il pourrait faire d’autre », a-t-il souligné, cité par le Times of Israel.

Si le recours aux armes chimiques contre des civils avait été présenté par l’ancien président américain Barack Obama comme une ligne rouge dès les débuts du conflit en Syrie, l’utilisation du gaz sarin par le régime dans la Ghouta le 21 août 2013, qui avait fait plus de 1 200 morts, n’avait pas donné lieu à une réponse militaire de la part des Occidentaux. Peu après, Damas avait cependant rejoint l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) tandis qu’une résolution avait été adoptée la même année par ses membres pour le démantèlement de l’arsenal chimique syrien. Dans le cadre d’une opération internationale sans précédent, près de 1 300 tonnes d’agents chimiques avaient alors été transportées hors de Syrie pour être détruites en mer Méditerranée dans des incinérateurs à bord d’un navire américain spécialement modifié, rapporte le Washington Post. Selon l’article, « Damas contrôlait l’un des stocks d’armes chimiques les plus importants et les plus avancés au monde au moment du déclenchement de la guerre en Syrie en 2011, y compris des centaines de tonnes de sarin et de VX, deux des agents de guerre chimique les plus meurtriers jamais fabriqués ».

Redémarrer la production

Mais si les autorités syriennes démentent avoir eu recours à des armes chimiques après 2013, la majorité des attaques recensées par l’OIAC depuis – sur plus de 200 – sont attribuables à Damas, à l’instar des attaques au gaz sarin à Khan Cheikhoun en 2017 ou encore au chlore à Douma et à Saraqeb en 2018. L’administration de Donald Trump avait notamment tiré 59 missiles Tomahawk sur la base militaire d’al-Chaayrate en avril 2017, en réponse à l’emploi d’armes chimiques par le régime syrien à Khan Cheikhoun.

Alors que de nombreuses rumeurs circulent depuis ces dernières années à propos d’opérations menées par le régime de Bachar el-Assad en vue de reconstituer son stock d’armes chimiques, des responsables au sein de services de renseignements américains et occidentaux cités par le

Washington Post assurent que les frappes israéliennes menées en juin « ont fait partie d’une campagne visant à arrêter ce que les officiels israéliens pensent être une tentative naissante de la Syrie de redémarrer sa production d’agents neurotoxiques mortels ». En 2019, le département d’État américain avait par ailleurs accusé Damas de continuer secrètement son programme de production d’armes chimiques.

En 2020, les forces israéliennes avaient déjà mené un raid similaire à celui du 8 juin au sud-est de Homs sur la base d’informations suggérant que le régime syrien avait commencé à acquérir des précurseurs chimiques et le matériel nécessaire en vue de rétablir ses capacités de production d’armes chimiques. Selon des responsables occidentaux du renseignement cités par le Washington Post, ces frappes auraient été lancées après l’acquisition d’une large quantité de phosphate de calcium par Damas à destination de l’unité militaire syrienne connue sous le nom de Branche 450, une division du principal laboratoire syrien, le Centre d’études et de recherche scientifiques (officiellement démantelé en 2014 suite à un accord négocié par Washington et Moscou). Utilisé notamment comme additif alimentaire, le phosphate de calcium peut être facilement transformé en trichlorure de phosphore, un précurseur du sarin et d’autres agents neurotoxiques, souligne l’article. Le mois dernier, le directeur général de l’OIAC, Fernando Arias, a en outre indiqué que Damas omet toujours de déclarer son stock d’armes chimiques et d’accueillir des enquêteurs de l’organisation sur son sol en dépit de l’accord de 2013. En avril, les États membres de l’OIAC ont voté la suspension des droits de vote de la Syrie sur la base d’une enquête l’accusant de nouvelles attaques au gaz toxique.

Les forces israéliennes auraient mené des frappes contre trois sites présumés de production d’armes chimiques en Syrie le 8 juin dernier, a rapporté lundi le Washington Post. Selon le quotidien américain, les cibles étaient situées près d’an-Nassiriyah, au nord de Damas, et aux alentours de Homs. L’opération aurait tué sept soldats au total, dont un colonel et un ingénieur...

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