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Nos Lecteurs ont la Parole

De Kantari à Baabda

Un certain nombre de présidents de la République libanaise ont séjourné à la rue Kantari : les présidents Béchara el-Khoury et Camille Chamoun – alors que le Premier ministre Riad el-Solh avait été assassiné à Amman en 1952 et plus tard le leader druze Kamal Joumblatt en 1997. Et nous avons subi d’autres assassinats politiques ces dernières cinq décennies, qui demeurent à ce jour impunis, tels ceux du Premier ministre Rafic Hariri et du ministre Fleihan, et bien d’autres, malgré des jugements par des cours internationales.

La résidence à Kantari appartenait à cheikh Fouad el-Khoury et son épouse, née Derviche Haddad. Le dernier chef d’État qui y a résidé, a été Camille Chamoun jusqu’en 1958, lorsque des blindés de l’armée en assuraient la sécurité. Cet été-là, où une guerre civile éclatait, et que les marines des États-Unis avaient abordé les plages au nord de Beyrouth, suite à l’assassinat du roi Fayçal d’Irak.

Ce n’est que quelque temps plus tard que le palais présidentiel conçu à la base par le président Chamoun, et construit à Baabda, avait été occupé par ses successeurs ! Et des décennies après, l’ancienne résidence à Kantari, avait été achetée et réaménagée par Rafic Hariri.

« De mémoire de rose on n’a jamais vu mourir un jardinier », dit le proverbe. J’ai souvenance de Nabih Berry, jeune stagiaire en 1963 occupant une pièce carrée au cabinet d’études de Me Abdallah Lahoud, au 5e étage d’un immeuble rectangulaire aux bouts arrondis adossés aux locaux de la Pan American, rue des Banques (un immeuble bâti par Saëb Salam) avec vues partielles à l’est sur la place Riad el-Solh, et à l’ouest, une petite ouverture vers la mer et pour avant-plan la tour-clocher des capucins à Bab Idriss, construite par l’ingénieur italien Umberto Turati (éduqué à l’ETP à Paris), et au sud, le bâtiment logeant la présidence du Conseil.

Le jeune avocat Nabih Berry était affable et saluait volontiers avec son plus grand sourire tous les locataires de l’immeuble. Avait-il déjà des visées politiques bien ciblées pour « habiter par Droit du roi », plus de 25 ans au Parlement ? Et n’avons-nous pas eu une poignée d’autres présidents, dont certains plus honorables ?

Et quel méli-mélo ! Bassil-Aoun, un tandem de deux êtres sur un deux-roues en déséquilibre, alliés au Hezb tendancieux et pernicieux ; et de plus opposés au groupe Amal, tout aussi mais un brin moins déséquilibré, ne sachant plus où donner de la tête ; les sunnites qui semblent unis quoique divisés entre alliances arabes ou syriennes (lire aussi iraniennes) et infiniment plus éloignés les uns des autres et tout autant des chrétiens ; ces derniers entre le marteau et l’enclume !

À nouveau, parlant de Gebran Bassil, sa main plongeant dans toutes les sauces affairistes du pouvoir, non seulement de l’Énergie et de l’Eau, mais de plus stratège aux Affaires étrangères, visé par la justice des États-Unis, et cible de quelques pays européens moins courageux pour l’incriminer, parfois même par intérêts…

« Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie… »

Allez choisir un candidat à la présidence de la République en 2022, respecté et acceptable pour la majorité, et non seulement des maronites dans notre pays, ne sera pas tâche facile ; sauf si le choix est porté vers un homme intègre et indépendant qui ferait surface par un miracle des cieux !

Mais la plupart ne voudraient ni de Bassil ni de Frangié même ni d’autres de la même trempe ; et pourquoi pas Michel Mouawad, ou le petit-fils de Michel Chiha, ou encore le député Frem, s’il faut absolument choisir un des rares membres intègres du Parlement, et qu’on lui laisse le champ libre pour gouverner, avec latitude de gérer en toute honnêteté les intérêts différés de notre pays avec une équipe honorable ?

À vrai dire, je trouve et à juste titre, les druzes Joumblatistes moins tendancieux, un brin plus raisonnables, moins nombreux et sans velléité de gouverner seuls le pays, et je pense donc moralement plus honnêtes !

Mais il faudrait tout d’abord désamorcer tous les partis politiques par un miracle des cieux, un acte qui serait inconcevable même pour les quelques rares équilibrés de nos compatriotes ! Car la majorité des partis, et sans nommer aucun, sont pour la plupart d’une extrême malhonnêteté, tapageurs et sans honte aucune ! Mais comment le dire et l’écrire sans insulter – ou presque – une grande majorité des Libanais ? La sortie de « crise » ne sera pas pour demain, et probablement jamais non plus !

Et je le répète à qui veut l’entendre : « Not in my lifetime » ; sauf « cantonner » le pays tout entier « à l’image de la Suisse » (une approche trop civilisée pour nos compatriotes, car comme l’écrivait Michel Chiha « le Liban est un pays de généraux sans troupes »), soit le mettre « miracolo » sous tutelle des Nations unies, mais cela serait-il possible ? Michel Chiha – encore lui – écrivait en 1942 que « le Liban d’aujourd’hui, vieux de cinq mille ans et davantage, ne s’étonne plus lorsqu’on dit de lui qu’il est jeune » et donc je suppose immature ? Où allons-nous, car certes à la dérive, et vers quel modèle politique nous orientons-nous ?

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Ingénieur civil

Un certain nombre de présidents de la République libanaise ont séjourné à la rue Kantari : les présidents Béchara el-Khoury et Camille Chamoun – alors que le Premier ministre Riad el-Solh avait été assassiné à Amman en 1952 et plus tard le leader druze Kamal Joumblatt en 1997. Et nous avons subi d’autres assassinats politiques ces dernières cinq décennies, qui demeurent à...

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