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Nos Lecteurs ont la Parole

Quatre-vingts ans

Quatre-vingts ans... Un âge où on est censé récolter ce que l’on a semé dans une vie, un âge où entouré de ce que les ans nous ont gardé comme conjoint, enfants, petits-enfants, parents proches et amis, on aimerait profiter sereinement des années qui nous restent et de ce que nous avons amassé en souvenirs et en biens au cours d’une vie bien remplie. Ou bien courir encore le monde en participant à des croisières modestes ou mirobolantes, selon les moyens à notre disposition.

À la veille de ce huit signe d’éternité suivi de ce zéro qui en réduit l’effet, je réfléchis à ce que me réservent mes dix prochaines années. Il est vrai que cette pandémie du Covid-19 et tous ses variants ont réduit sur toute la planète les possibilités de contact avec les proches ou de voyages à l’étranger, mais quid d’une octogénaire au pays du Cèdre ?

Les réponses sont toutes en point d’interrogation.

- Vais-je avoir accès à mon compte en banque en devises étrangères ?

- Pourrai-je vendre un bien à un prix décent pour maintenir un train de vie confortable ?

- Pourrai-je continuer à vivre entourée de mes proches ou bien l’un après l’autre vont-ils quitter le pays pour des cieux plus cléments ?

- Mon assurance santé que je paie à prix d’or fera-t-elle face le cas échéant ?

- Ce pays que j’ai tant aimé va-t-il péricliter et changer définitivement de visage ou renaître encore une fois de ses cendres ?

- Verrai-je enfin, sous les verrous ou exilés, ces monstres véreux qui nous ont amenés à cette situation par leur vénalité ou incompétence ?

Avec le sourire, je remercie ceux qui m’ont souhaité un joyeux anniversaire tout en espérant des réponses à mes questions.

Mais ce qui me taraude l’esprit, ce sont les octogénaires de mon pays appartenant à une classe que l’on appelait jadis moyenne et qui a disparu, qui ne peuvent plus avoir accès aux médicaments ni à une alimentation décente, ni à l’électricité, ni au chauffage, ni à des soins médicaux, ni à des transports raisonnables et qui voient leurs enfants trimer pour presque rien et leurs petits-enfants privés de presque tout. Ce sont ces « tétas »-là qui m’attristent et me fendent l’âme car ce sont elles qui ont des années durant été la pierre d’angle des familles libanaises et qui voient fondre comme neige au soleil tout ce qu’elles ont trimé à construire toute leur vie, par la faute de ceux qui sont aux commandes de ce « pays paradis rendu enfer ».


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Quatre-vingts ans... Un âge où on est censé récolter ce que l’on a semé dans une vie, un âge où entouré de ce que les ans nous ont gardé comme conjoint, enfants, petits-enfants, parents proches et amis, on aimerait profiter sereinement des années qui nous restent et de ce que nous avons amassé en souvenirs et en biens au cours d’une vie bien remplie. Ou bien courir encore le monde...

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