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Nos Lecteurs ont la Parole

Il fait nuit au Liban

La nuit est tombée sur le Liban. Tout le monde la voyait venir. Mais personne ne l’avait vue venir de cette façon. Elle est tombée comme un rideau, sans attendre la fin de la pièce. Sans permettre aux acteurs de faire leur dernière révérence. Elle nous est tombée dessus comme un couperet. Nous avons pensé nous éclipser avant la nuit, mais la soudaine éclipse du jour nous a pris au dépourvu. Et depuis, la nuit se prolonge en plein jour et semble durer indéfiniment. Elle n’a pas interrompu l’activité économique du pays. Elle a interrompu le pays tout court. Elle a rendu le pays hors service. Une ombre, large comme la mort, a tout enveloppé : effondrement, virus, explosion, la nuit a tout dévoré. Dans la nuit, les rues se sont peuplées d’êtres sans visage et de regards qui ne disent plus que la peur, la culpabilité et la honte. Dans la nuit, les uns se couchent pour disparaître, les autres attendent, figés et invisibles dans l’attente, la fin de la nuit. Dans la nuit, il n’y a que les brigands qui veillent pour prolonger la nuit. C’est dans l’obscurité qu’ils sont le plus forts. Dans la nuit, la pensée meurt et les mots ne sont que du bruit. Ils creusent des silences au lieu d’établir des dialogues. Ils divisent au lieu de rassembler. Ils nous enferment au lieu de nous libérer. Ils suscitent la haine au lieu de nous faire réfléchir sur l’importance et le respect de la vie. Dans la nuit, les mots détruisent tout espoir d’unité. Dans la nuit, nous avançons seuls, sans nous retourner. Dans la nuit, seuls les poètes scrutent l’aurore pour recueillir les premiers signes. Ils ont vu le soleil se coucher à l’ouest et savent que le soleil se lève toujours. Ils savent que la nuit, ce n’est qu’un temps, qu’une parenthèse. Ce ne sont que des ténèbres passagères, qui vont finir par s’estomper. Face à la nuit, il faut s’unir, car la nuit a peur de notre union ! La nuit est une lâche ! Prenons ensemble la nuit, sinon c’est elle qui nous prendra.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

La nuit est tombée sur le Liban. Tout le monde la voyait venir. Mais personne ne l’avait vue venir de cette façon. Elle est tombée comme un rideau, sans attendre la fin de la pièce. Sans permettre aux acteurs de faire leur dernière révérence. Elle nous est tombée dessus comme un couperet. Nous avons pensé nous éclipser avant la nuit, mais la soudaine éclipse du jour nous a pris au...

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