Les élections à l’ordre des pharmaciens cette année sont très en vue, comme celles de tous les syndicats où, à quelques mois des élections législatives, l’on veut déceler une tendance qui pourrait se confirmer – ou pas – lors du grand scrutin national. Et peut-être que les élections de ce syndicat en particulier sont d’autant plus cruciales qu’elles interviennent à un moment où la crise du médicament fait rage depuis des mois, et où les pharmaciens sont au centre d’un grand remue-ménage qui les a souvent opposés, à tort ou à raison, aux clients furieux de ne pas trouver leurs médicaments, ou choqués par les prix après la levée partielle des subventions par le ministère de la Santé.
Aux élections de l’ordre des pharmaciens cette année, quatre listes s’affrontent : une appelée « La conscience professionnelle », présidée par l’ancien président de l’ordre (à deux reprises) Ziad Nassour, une deuxième baptisée « Mon ordre, mon soutien », présidée par Joe Salloum, une troisième, « Vers un syndicat indépendant », présidée par Naji Germanos, et une quatrième, celle des « Pharmaciens se rebellent », présidée par Faraj Saadé.
Quelque 8 000 pharmaciens inscrits et à jour dans leur cotisation (environ la moitié se rendent aux urnes généralement) seront appelés dimanche à élire 17 membres de l’ordre dans un premier temps, et le président, dans un second temps, pour succéder à l’actuel patron de l’ordre, Ghassan el-Amine.
Indépendant ou pas ?
À un niveau politique, toutes les personnes interrogées s’accordent à dire que la liste présidée par Ziad Nassour, deux fois président de l’ordre par le passé, est appuyée par les partis traditionnels, même si lui-même affirmerait le contraire. Ainsi, selon certains de ses rivaux, M. Nassour serait appuyé par le tandem chiite, le courant du Futur et par d’autres partis comme le Parti syrien national social. Nous avons en vain tenté de contacter M. Nassour hier pour recueillir ses réponses aux affirmations de ses adversaires.
Face à cette liste, trois autres se positionnent davantage dans l’opposition, et clament leur indépendance. « Notre liste, malgré son nom qui évoque la rébellion et nous rapproche de facto de la thaoura (c’est ainsi que le décrivent ses adversaires, NDLR), est surtout un regroupement de pharmaciens qui veulent améliorer les conditions du métier, explique Faraj Saadé à L’Orient-Le Jour. Je trouve impensable qu’avec toutes les pressions qui ont été exercées sur les pharmaciens récemment, accusés injustement de stocker des médicaments alors qu’ils ne font que leur métier, l’ordre n’ait pas été davantage présent pour préserver leur réputation auprès du public tout comme leurs intérêts, souvent bafoués par des compagnies. Sans compter cette politique de subvention très mal appliquée. »
M. Saadé affirme que sa liste est faite exclusivement d’indépendants non affiliés à aucun parti, mais estime aussi que le véritable enjeu est celui de la préservation des intérêts des pharmaciens et le développement du métier, non un enjeu politique d’opposition contre le pouvoir, qui ne résoudra aucun problème du secteur de la santé.
Président de la liste « Mon ordre, mon soutien », Joe Salloum est accusé par ses rivaux de n’être pas aussi indépendant qu’il le prétend, puisqu’il est affilié au parti Kataëb. « J’ai gelé mon affiliation à ce parti pour être à égale distance de tout le monde, précise-t-il à L’OLJ. Cela dit, je suis fier des valeurs de ce parti, qui sont les miennes, ce qui ne m’empêche pas d’avoir une vision pour ce syndicat. »
Pour sa part, Naji Germanos, que ses adversaires soupçonnent d’être davantage soutenu par des partis qu’il ne le prétend, assure à L’OLJ être totalement indépendant. « Le Liban est un petit pays, si j’étais affilié ou sympathisant d’un parti, ça se saurait, insiste-t-il. Et si j’ai un excellent rapport avec divers partis, ça ne change en rien l’aspiration de ma liste au changement, comme son nom l’indique. Cet ordre a toujours été très politisé, il est temps que l’action syndicale professionnelle prenne le dessus. » Il affirme qu’en cas de victoire, il se penchera sur la situation désormais désastreuse des pharmaciens dans les divers domaines où ils sont actifs.
Des efforts d’unification avortés
Pourquoi les trois listes qui se réclament de l’opposition ne se sont-elles pas unifiées contre une liste du pouvoir, menée, comme elles le notent à juste titre, par un homme qui a déjà occupé ce poste deux fois ? Les trois présidents de liste interrogés affirment avoir tenté en vain de former une liste unifiée… en se heurtant au refus des autres. Impossible de comprendre ce qui a mal tourné entre les trois pôles.
Quoi qu’il en soit, dans ces élections où les votants peuvent panacher les listes, l’issue semble imprévisible. Les observateurs se contentent d’espérer que les chances des opposants ne seront pas réduites par leur participation au scrutin en rangs divisés.
commentaires (6)
Il était une fois un pharmacien/athlète de la Place des Martyres qui a participé aux jeux Olympiques de Berlin . Au retour la tête couverte d’un salacot colonial , au lieu de rester le Roi de la Capote Anglaise (LA pharmacie en face des bordels ) - il prône la politique , la discipline, etc . du nazisme/fascisme, crée des milices pour DEVENIR LE PARRAIN ENDEUILLE : résultat ZÉRO . La politique c’est des cycles DE MALHEUR qui se répètent ; vouloir changer les spécimens de notre zoo ethnologique est pratiquement impossible. Peu d’espoir dans les élections…..
aliosha
13 h 34, le 28 novembre 2021