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Nos Lecteurs ont la Parole

Briser le cycle

Il a 3 ans. Il dort sur un trottoir mal éclairé, dans les bras de sa mère, à quelques mètres d’un tas de déchets.

Elle a 6 ans. Elle pleure seule dans un coin de rue mal éclairée, à quelques mètres d’un tas de déchets.

Il a 9 ans. Il fume une cigarette sur un trottoir mal éclairé, à quelques mètres d’un tas de déchets.

Elle a 12 ans. Elle cherche à manger dans un coin de rue mal éclairée, dans un tas de déchets.

Il a 15 ans. Il joue avec une arme en plastique, je l’espère, dans une ruelle mal éclairée, à quelques mètres d’un tas de déchets.

Elle a 18 ans. Elle rentre seule chez elle le soir en marchant, en longeant des marées de tas de déchets.

Il a 21 ans. Il ne sait pas lire. Il ne sait pas écrire. Il rêve de servir son démagogue, au milieu d’un tas de déchets.

Elle a 24 ans. Elle est mariée. Elle a deux enfants. Elle les fait dormir dans ses bras, dans une ruelle mal éclairée, à quelques mètres d’un tas de déchets.

Il a 27 ans. Il n’a pas un rêve, pas un sou, il dort dans une rue mal éclairée, à quelques mètres d’un tas de déchets. Mais il est fier de servir son démagogue.

Et le cycle se répète, encore et encore.

Je crois fondamentalement en l’école de la vie. Je crois fondamentalement qu’on n’en apprend jamais autant que par l’expérience et les difficultés de la vie.

Mais je crois aussi fondamentalement en la force de l’éducation. En la force d’un papier et d’un crayon. En la force de la lecture. En la force du savoir.

Je crois en la psychologie. En la profondeur des blessures qui nous sont infligées dès notre plus jeune âge. Blessures dont les cicatrices ne s’effacent que très rarement, ou très difficilement, au cours d’une vie.

Je crois en la jeunesse. En sa capacité à faire les choses autrement. En sa capacité à faire avancer les choses. En sa capacité à apprendre des erreurs de ses aînés.Et briser le cycle. Mais comment briser un cycle lorsqu’on y naît ? Comment briser un cycle lorsqu’on ne connaît que ça. Lorsqu’on ne sait pas qu’en dehors de ce cycle, il y a la joie, il y a la liberté. Lorsqu’on ne sait pas qu’en dehors de ce cycle, il y a la vie.Comment expliquer à qui ne connaît que la rugosité des trottoirs que la douceur des draps est un droit ?

Comment expliquer à qui ne connaît que l’obscurité de la rue que la lumière sécurisante est un droit ?

Comment expliquer à qui ne connaît que la puanteur d’un tas de déchets que l’air frais est un droit ?

Comment expliquer à qui ne connaît que la douleur que la santé est un droit ?

Comment expliquer à qui ne connaît que la faim que se nourrir est un droit ?

Comment expliquer à qui ne connaît que la violence que le confort est un droit ?

Comment expliquer à qui ne connaît que l’ignorance que le savoir est un droit ?

Comment expliquer à qui ne connaît que la soumission que la liberté est un droit ?

Comment expliquer à qui ne connaît que la perversion que l’innocence est un droit ?

Comment expliquer à qui ne connaît que la misère que le bonheur est un droit ?

Comment expliquer à qui ne connaît que le chaos que la vie est un droit ?

Je crois aussi fondamentalement qu’on peut en dire long sur un pays simplement en observant sa jeunesse. Et notre jeunesse se meurt.

Et pourtant, la solution au problème se résume à un mot : éducation.

L’éducation est un droit dont notre jeunesse a durant trop longtemps été privée.

Et donc les cycles se répètent. Et donc les choses stagnent. Et on cherche en vain des solutions aux problèmes.

Mais au fond, la finalité débute au commencement. La finalité débute avec un papier, un crayon, et la capacité à penser, la capacité à s’exprimer.

Éduquer cette jeunesse, c’est éduquer les générations futures.

C’est briser le cycle. C’est faire avancer les choses. C’est faire changer les choses.

Éduquer cette jeunesse, c’est sauver le pays. C’est sauver la planète.

Et ça pourrait commencer aujourd’hui.

Parce qu’il n’est jamais trop tard pour faire changer les choses.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Il a 3 ans. Il dort sur un trottoir mal éclairé, dans les bras de sa mère, à quelques mètres d’un tas de déchets.Elle a 6 ans. Elle pleure seule dans un coin de rue mal éclairée, à quelques mètres d’un tas de déchets.Il a 9 ans. Il fume une cigarette sur un trottoir mal éclairé, à quelques mètres d’un tas de déchets.Elle a 12 ans. Elle cherche à manger dans un coin de rue...

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Elie Chammas

00 h 09, le 18 novembre 2021

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Commentaires (1)

  • ????

    Elie Chammas

    00 h 09, le 18 novembre 2021

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