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Politique - Enquête du port

Mezher perd un point dans la bataille menée contre Bitar

Objet d’un recours et provisoirement dessaisi de ses fonctions hier, le président de la chambre civile de la cour d’appel de Beyrouth ne peut plus statuer sur la demande en récusation du juge d’instruction près la Cour de justice présentée par l’ancien ministre Fenianos.

Mezher perd un point dans la bataille menée contre Bitar

Le juge Habib Mezher confronté aux militantes de Noun. Photo DR

Une fois n’est pas coutume. Le vent a tourné hier en faveur du juge d’instruction près la Cour de justice Tarek Bitar, qui se bat avec ténacité pour se confronter à la classe politico-judiciaire soucieuse de soustraire coûte que coûte aux interrogatoires les responsables politiques mis en cause dans l’affaire de la double explosion au port de Beyrouth. Le juge Habib Mezher s’est en effet vu hier suspendu de ses fonctions de président de la 12e chambre civile de la cour d’appel de Beyrouth, suite à un recours présenté contre lui par plusieurs avocats pour s’être saisi d’une affaire dont il n’avait pas la charge : à savoir notifier le juge Tarek Bitar d’une demande de dessaisissement présentée contre lui par l’ancien ministre Youssef Fenianos, mis en cause dans l’enquête sur le port. Le juge Mezher avait été ponctuellement nommé président de la 12e chambre jeudi dernier par le premier président de cour d’appel de Beyrouth Habib Rizkallah, en remplacement de Nassib Élia, qui fait l’objet d’un recours en dessaisissement également présenté contre lui par M. Fenianos. Or, le jour même de sa désignation, et alors qu’il était chargé d’étudier exclusivement la demande contre Nassib Élia, M. Mezher s’était saisi de la demande de récusation présentée par M. Fenianos contre Tarek Bitar, en joignant deux dossiers qui sont en fait séparés. De plus, il s’était empressé de notifier son confrère, et donc de le dessaisir de facto de l’enquête. Sa démarche avait suscité des remous dans les milieux judiciaires. Plusieurs collectifs d’avocats ont, dans ce cadre, présenté des recours contre lui, dont celui du groupe Mouttahidoun, qui a requis de l’écarter de la 12e chambre civile. Une requête satisfaite pour le moins momentanément, le temps que la cour saisie puisse la trancher.


« Au nom du peuple », les militants de Noun ont produit un semblant de décision judiciaire condamnant le juge Habib Mezher pour dénoncer ses actes. Photo DR

Un long processus

Dans l’attente, Tarek Bitar ne peut pas poursuivre son enquête en raison de la notification qui lui est parvenue du juge Mezher. Hier, il n’a pas pu tenir la séance prévue pour interroger le député et ancien ministre Ghazi Zeaïter. La cour devra d’abord étudier le recours présenté contre M. Mezher. S’il est définitivement écarté, une autre juridiction sera alors chargée d’examiner la demande en dessaisissement contre Tarek Bitar. Deux options s’offriront alors à ce tribunal : soit accepter la récusation de M. Bitar, et celui-ci sera alors définitivement évincé du dossier de l’enquête du port, soit la refuser, et le juge Bitar pourra alors enfin reprendre en main l’affaire.

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Mezher attaqué de toutes parts pour « avoir outrepassé ses prérogatives »

En tout état de cause, M. Mezher sera parvenu à geler l’enquête, dans le sillage de manœuvres dilatoires menées par les responsables mis en cause qui abusent de voies judiciaires pour tenter d’échapper au moment où ils devront rendre des comptes. Et dans cette logique, il faudrait s’attendre à de nouvelles demandes de récusation, notamment contre les magistrats qui avaient rejeté précédemment des recours en dessaisissement de Tarek Bitar. Les avocats des députés et ministres mis en cause semblent ainsi choisir de recourir par étapes contre ces magistrats, probablement pour ralentir au maximum la procédure de l’enquête. Rosine Hojeily, une des deux conseillères siégeant à la 12e chambre civile, a, dans ce cadre, fait l’objet lundi d’une demande en récusation. On ne sait pas quelle sera la prochaine cible parmi ses confrères.

« Prenez la fuite sinon les potences seront dressées ! »

La démarche du juge Mezher a été considérée par une partie de l’opinion publique comme la goutte de trop. Elle a d’ailleurs causé un précédent au Palais de justice, à savoir que neuf militantes de l’association Noun, créée dans le sillage du mouvement du 17 octobre, ont mis « sous scellés » son bureau, dans une action symbolique visant à exiger sa récusation.

Dans les faits, les jeunes femmes se sont concertées pour se retrouver au troisième étage du Palais de justice où travaille M. Mezher. Il était environ 9h30 et ce dernier n’était pas encore arrivé à son bureau, fermé à clé. Elles ont alors accroché à la porte des pancartes qu’elles avaient préparées. « Prenez la fuite, sinon les potences seront dressées », pouvait-on lire sur l’une d’elles. Les activistes ont en outre collé un portrait du juge Mezher avec pour légende : « Que ta conscience repose en paix ! » en allusion au fait qu’il aurait agi en violation de son devoir professionnel.

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Préserver la justice des interférences politiques

Les activistes ont ensuite apposé un cachet de cire rouge sur un document rédigé à l’image d’une décision judiciaire. « Au nom du peuple, le bureau du magistrat Habib Mezher est mis sous scellés en raison du crime qu’il a commis contre la justice et les victimes de l’explosion au port : il a outrepassé ses prérogatives en émettant une décision abusive et suspecte entachée de manœuvres frauduleuses, et a tenté de divulguer le secret de l’enquête. » Les militants faisaient référence à la tentative de M. Mezher d’obtenir l’intégralité du dossier constitué par le juge Bitar. Jointe par L’Orient-Le Jour, Elvia Saghbini, une des militantes de Noun, affirme que lorsque M. Mezher est arrivé à son bureau, elle l’a interpellé avec ses camarades en l’accusant d’outrepasser ses prérogatives, lui rappelant que « sans justice, il n’y a pas de Liban ». M. Mezher leur aurait déclaré que si elles désirent lui parler, il faut qu’elles en demandent l’autorisation au premier président de la cour d’appel, Habib Rizkallah. Il se serait ensuite réfugié au bureau de ce dernier.

« La double explosion au port est une affaire maîtresse pour les Libanais », clame Mme Saghbini, soulignant que « si les responsables ne sont pas sanctionnés dans ce dossier, il n’y aura plus aucun espoir pour la justice et la redevabilité ».

Une fois n’est pas coutume. Le vent a tourné hier en faveur du juge d’instruction près la Cour de justice Tarek Bitar, qui se bat avec ténacité pour se confronter à la classe politico-judiciaire soucieuse de soustraire coûte que coûte aux interrogatoires les responsables politiques mis en cause dans l’affaire de la double explosion au port de Beyrouth. Le juge Habib Mezher s’est en...

commentaires (7)

Mais je comprend pas ou sont vos fines plumes d’avant ?!?! L’OLJ ce n’est pas que je dénigre les nouveaux mais les anciens avaient tendance à nous éduquer maintenant on ne voit que les nouvelles du jour comme tous les papiers .. mais ce qui nous intéressaient c’étaient bien sûr avoir les nouvelles du jour mais jumeler avec des connaissances d’avant comme faisait michel Hajji Georgious ou michel Touma ou encore zyad makhoul … les nouveaux sont bons mais ont besoin de plus de maturité

Bery tus

19 h 00, le 10 novembre 2021

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • Mais je comprend pas ou sont vos fines plumes d’avant ?!?! L’OLJ ce n’est pas que je dénigre les nouveaux mais les anciens avaient tendance à nous éduquer maintenant on ne voit que les nouvelles du jour comme tous les papiers .. mais ce qui nous intéressaient c’étaient bien sûr avoir les nouvelles du jour mais jumeler avec des connaissances d’avant comme faisait michel Hajji Georgious ou michel Touma ou encore zyad makhoul … les nouveaux sont bons mais ont besoin de plus de maturité

    Bery tus

    19 h 00, le 10 novembre 2021

  • CEUX QUI REPOSENT LEUR ESPOIR DE FINIR AVEC LA TRINITE DIABOLIQUE DU MAL SUR LES LEGISLATIVES SERONT DESILLUSIONNES UNE FOIS LES ELECTIONS FINIES ET LES PRETENDUS MOUMANA3ISTES ET LES TRAITRES CHRETIENS LEURS COMPLICES SORTIS DEFAITS DE LES VOIR METTRE EN DOUTE LE DEROULEMENT HONNETE DES ELECTIONS, DEMANDER LEUR ANNULATION ET DECLARER LEUR NON PARTICIPATION A AUCUN GOUVERNEMENT. LA CRISE D,AUJOURD,HUI ET DE TANT DE FOIS AVANT SE REPETERA. CA S,IL Y AURA DES ELECTIONS. LES COMPLICES CHRETIENS ET MEMBRES DE LA TRINITE DIABOLIQUE DU MAL TRAVAILLENT AVEC TOUTES LEURS FORCES POUR LES ANNULER.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 04, le 10 novembre 2021

  • Le Liban est né avec des institutions immatures, comme un bébé invalide, mignon quand même au début , attirant l amour de ses parents et des amis. Mais en vieillissant, les carences des institutions ont été exploitées par les uns et par les autres et l état et ses structures sclérosées, qui auraient dû évoluer , sont restées figées dans le clientélisme ottoman... Criminels tous ces hommes politiques qui s y ont succédés sans faire émerger un état moderne , seule solution qui permette la construction du pays. Quel gâchis .

    Moussalli Philippe

    10 h 15, le 10 novembre 2021

  • Le Tribunal du Peuple va prendre un vrai visage très bientôt et poursuivre en justice tous les politiciens, les hauts fonctionnaires et leurs proches pour tous les méfaits commis en commençant par leur faire restituer tout l’argent public détourné et dérobé. Le conseil de fuir le pays n’est pas vain car même les forces armées légales qui crèvent de faim comme le reste de la population va arrêter de défendre tous ces corrompus et voleurs au pouvoir depuis des dizaines d’années

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 23, le 10 novembre 2021

  • Le hezbollah nous avait bien dit qu’il ferait tout pour empecher le juge Bitar d’arriver a la verite. Il s’est ainsi accuse’ lui-même …si besoin est ! Honte a tous ces ‘’responsables’’ minables qui ont laisse faire alors qu’ils savaient bien a qui appartenait le nitrate meurtrier. Tous des vendus.

    Goraieb Nada

    08 h 02, le 10 novembre 2021

  • "En tout état de cause, M. Mezher sera parvenu à geler l’enquête,". Eh oui! C'était bien le but - et il a tout de même ete atteint.

    Yves Prevost

    06 h 29, le 10 novembre 2021

  • MALHEUREUSEMENT LA POLITIQUE PREND TOUJOURS LE DEVANT SUR LA JUSTICE. CE SONT LES COUTUMES AU LIBAN. ET CE N'EST PAS AUJOURD'HUI EN LA PRÉSENCE DE L'ARMADA DU HEZBOLLAH QUE LES CHOSES VONT CHANGER.

    Gebran Eid

    05 h 31, le 10 novembre 2021

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