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Perpétuité et 18 ans requis contre les accusés dans le meurtre antisémite d'une vieille dame



Perpétuité et 18 ans requis contre les accusés dans le meurtre antisémite d'une vieille dame

Croquis d'audience montrant Yacine Mihoub (g.) and Alex Carrimbacus (d.), les deux accusés du meurtre de Mireille Knoll, une vieille dame juive poignardée et brûlée, à Paris, lors de leur procès, le 8 novembre 2021. Photo Benoit PEYRUCQ / AFP

La vieille dame juive avait été poignardée onze fois, avant d'être brûlée dans son appartement parisien en 2018, suscitant émoi et indignation en France et à l'étranger. La justice a requis mardi la réclusion criminelle à perpétuité contre l'un des accusés, et 18 ans contre l'autre.

Le 23 mars 2018, les pompiers, appelés pour un feu dans un logement d'un quartier populaire de l'Est parisien, découvraient sur son lit, le corps de Mireille Knoll, 85 ans, lardé de onze coups de couteaux et en partie calciné. Rapidement, le fils de la voisine du 7e étage chéri par l'octogénaire, Yacine Mihoub, est interpellé, puis Alex Carrimbacus. Les deux accusés à l'enfance chaotique et au passé judiciaire déjà lourd - respectivement six et neuf condamnations - s'étaient rencontrés en détention. Depuis les faits, ils livrent des versions contradictoires et nient chacun être le meurtrier.

"Nul ne sait ce qui s'est passé" dans le huis-clos du petit appartement, hormis cette bouteille de porto bue, ces quelques bibelots prétendument volés et cette violence, a convenu devant la cour l'avocat général Jean-Christophe Muller. Mais à ses yeux, Yacine Mihoub, 32 ans, est "le seul auteur", "le responsable unique du meurtre particulièrement sauvage de Mme Knoll". Il a agi ainsi "parce qu'elle était en état de vulnérabilité", très fragilisée par la maladie de Parkinson, et ce dans "un contexte d'antisémitisme", a ajouté le magistrat. Le ministère public a assorti sa réquisition à la réclusion à perpétuité d'une période de sûreté de 18 ans à l'encontre de M. Mihoub. Quant à M. Carrimbacus, 25 ans, il n'est "ni complice, ni coauteur du meurtre" mais par "contamination", son caractère antisémite "lui est également imputable", a ajouté l'avocat général. Il a par ailleurs requis trois ans d'emprisonnement à l'encontre de la mère de Yacine Mihoub, Zoulikha Khellaf, accusée d'avoir détruit des objets en lien avec la scène du crime et nettoyé le couteau utilisé pour tuer Mireille Knoll.

Vie marquée par la Shoah 
"C'est un réquisitoire "sévère mais juste et humain", a réagi l'avocat de la famille de la victime, Me Gilles-William Goldnadel.

Charles Consigny, conseil de Yacine Mihoub, a au contraire fustigé dans sa plaidoirie un réquisitoire aux "termes moyenâgeux" et un procès qui a "réduit (son client, ndlr) à sa religion".
"C'est un crime de rage, c'est tout sauf un crime crapuleux", a pour sa part martelé Karim Laouafi, avocat d'Alex Carrimbus, exhortant les jurés à acquitter son client des chefs de vol aggravé.

Plusieurs éléments de l'enquête et des débats sont venus illustrer le "halo antisémite" et ces personnes "prisonnières de leurs préjugés" et de "stéréotypes" évoquées par l'avocat général. Il fut question des théories complotistes de M. Mihoub, qui minimisent le nombre de morts à Auschwitz, selon un codétenu. De ces bribes de conversation sur les "privilèges" des Juifs, et ce "plan thunes" qui aurait servi à appâter dans l'appartement de Mme Knoll Alex Carrimbacus, "accro" à la drogue.

Il fut aussi question de l'histoire de la victime, hantée par la Shoah : elle avait échappé à la rafle du Vel d'Hiv en 1942. Son époux et son dernier compagnon étaient des rescapés des camps de la mort.
Décrite par ses proches comme pétillante et tolérante, fan de Mike Brant, de théâtre et de sorties, Mireille Knoll voyait, malgré ce passé, "la vie en rose". Sa mort, un an après le meurtre de Sarah Halimi, une sexagénaire juive jetée de son balcon, avait entraîné une "marche blanche" à Paris et relancé le débat sur l'antisémitisme en France.

Selon l'avocat général, "les manifestations d'antisémitisme de M. Mihoub (...) avant, au moment et après les faits qui lui sont reprochés, sont évidemment nombreuses". "Si vous aviez lu le Journal d'Anne Frank, que nous avons retrouvé chez vous, vous auriez vu dans le regard de Mireille Knoll alors que vous la portiez dans sa chambre, le même regard qu'Anne Frank au bruit des bottes dans la maison dans laquelle elle était cachée", a lancé l'avocat général à M. Mihoub, impassible dans sa chemise à col ouvert.

Le verdict est attendu mercredi. 

La vieille dame juive avait été poignardée onze fois, avant d'être brûlée dans son appartement parisien en 2018, suscitant émoi et indignation en France et à l'étranger. La justice a requis mardi la réclusion criminelle à perpétuité contre l'un des accusés, et 18 ans contre l'autre.
Le 23 mars 2018, les pompiers, appelés pour un feu dans un logement d'un quartier populaire de...