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Moyen-Orient - Repère

Ce qu’il faut savoir sur la tentative d’assassinat contre le Premier ministre irakien

Contexte, enjeux, suites... Un premier point suite à l'attaque perpétrée contre Moustapha el-Kazimi à Bagdad.

Ce qu’il faut savoir sur la tentative d’assassinat contre le Premier ministre irakien

Le Premier ministre irakien Moustapha el-Kazimi présidant une réunion avec des responsables sécuritaires, quelques heures après une attaque l'ayant visé à Bagdad le 7 novembre 2021. AFP / HO / Bureau de presse du Premier ministre irakien

  • Ce que l’on sait

Le Premier ministre irakien Moustapha el-Kazimi a échappé cette nuit à une attaque aux drones chargés d’explosifs qui ont touché sa résidence dans la Zone Verte ultra-sécurisée de Bagdad. Une explosion et des échanges de tirs ont été entendus dans la capitale irakienne. Sept personnes ont été blessées parmi le personnel de sécurité, mais le Premier ministre s’en est sorti indemne.

Peu après l'attaque, Moustapha el-Kazimi  a appelé toutes les parties irakiennes au calme et à la retenue en précisant que "de lâches attaques à la roquette et au drone ne bâtissent ni des patries ni un futur".

L’attaque n’a pas encore été revendiquée. Les Etats-Unis ont fermement condamné ce qui semble être un "acte de terrorisme" et ont offert leur assistance dans l’enquête. L’Iran a également condamné l’attaque, dénonçant une sédition derrière laquelle il faut chercher des "think tanks étrangers". L’homme fort du pays, le nationaliste Moqtada Sadr, a condamné les faits. Le leader de la milice pro-iranienne Asaib Ahl-al-Haq a demandé une enquête pour prouver le caractère criminel de l’attaque, auquel cas il la condamne fermement.

Cette attaque intervient après la mort d’un manifestant vendredi lors d’un rassemblement des milices pro-iraniennes qui a tourné à l'affrontement avec les forces de sécurité. Depuis des semaines, les partis pro-iraniens affiliés à ces groupes armés en appellent aux manifestations pour contester les résultats des élections législatives du mois dernier.

  • Quels sont les enjeux?

Malgré une faible participation, les élections irakiennes du 10 octobre ont marqué un net recul de la coalition du Fateh, bras politique des Forces de mobilisation populaires (Hash-el-chaabi) pro-iraniennes, qui était devenu la deuxième force politique du pays en 2018. Depuis, ces groupes contestent les résultats des élections et font pression pour rester au centre de la vie politique irakienne.

Moustapha el-Kazimi était déjà à couteaux tirés avec les milices pro-iraniennes qui l’ont accusé d’être responsable de la mort du contestataire vendredi dernier.

L’attaque peut être interprétée comme un message adressé non seulement au Premier ministre irakien, mais également à Moqtada Sadr, l’homme fort du pays arrivé en tête des législatives et dont la ligne politique nationaliste rejette officiellement toute forme d’ingérence étrangère et condamne les milices pro-iraniennes. Une alliance tacite a été conclue entre Sadr et Moustapha el-Kazimi pour le reconduire à son poste actuel de Premier ministre, alors que l’ancien chef du renseignement irakien, proche de Washington, a également largement amélioré ses relations avec l’Iran.

Depuis l’assassinat, le 3 janvier 2020, de Kassem Soleimani, bras droit du guide suprême Ali Khamenei et pilier de la stratégie régionale iranienne, les milices pro-iraniennes semblent moins disciplinées. Dans ce contexte, certains vont jusqu'à se demander si l’attaque, au cas où elle a été conduite par un groupe pro-iranien, a effectivement reçu l’aval de Téhéran.

Cette opération intervient en outre dans un contexte de regain des tensions régionales, comme au Yémen ou au Liban, juste avant la reprise des négociations sur le nucléaire iranien prévue le 29 novembre, poussant les protagonistes à accentuer la pression sur les parties adverses dans leurs zones d’influence afin d’avancer leurs pions.

  • Que peut-il se passer suite à cette attaque ?

Certains experts craignent une confrontation entre les milices pro-iraniennes et les forces de sécurité, alors que les premières sont officiellement intégrées dans l’appareil sécuritaire irakien. Elles agissent dans les faits de manière autonome.

Alors que Moqtada Sadr a appelé l’armée irakienne à prendre les choses en main, sa disposition à chercher un compromis politique avec les milices pour la formation du gouvernement et/ou la nomination du prochain Premier ministre s'avérera décisive en ce qui concerne l'éventualité d’une confrontation.

Une question reste centrale : dans un contexte où l'Iran contre-attaque face aux pressions imposées avant la reprise sur les pourparlers nucléaires, a-t-il les moyens d’adopter une attitude confrontationnelle?


Ce que l’on sait Le Premier ministre irakien Moustapha el-Kazimi a échappé cette nuit à une attaque aux drones chargés d’explosifs qui ont touché sa résidence dans la Zone Verte ultra-sécurisée de Bagdad. Une explosion et des échanges de tirs ont été entendus dans la capitale irakienne. Sept personnes ont été blessées parmi le personnel de sécurité, mais le Premier ministre...

commentaires (1)

L'attentat a échoué. S'il a été mené de façon professionnelle, ceux qui l'ont commandité se sentent parfaitement tranquilles. Revendiquer un attentat qui a échoué est en tous cas peu glorieux, voire stupide par le discrédit qui peut en résulter en termes d'image. Donc sauf pour faire diversion avec une sorte de "pion sacrifié", il ne devrait pas y avoir de revendication. Pour autant les équilibres nationaux en Irak et les équilibres régionaux autour de l'Irak font qu'il est relativement facile, au vu de l'actualité récente, de trouver des réponses à la question traditionnelle: A qui le crime profite? Qui donc a intérêt à déstabiliser, de l'Irak au Liban, cette partie du monde? Certainement pas l'occident, et pas plus ou pas mieux les autres grandes puissances que sont la Russie ou la Chine. Alors qui? Devinez...

CODANI Didier

15 h 27, le 07 novembre 2021

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Commentaires (1)

  • L'attentat a échoué. S'il a été mené de façon professionnelle, ceux qui l'ont commandité se sentent parfaitement tranquilles. Revendiquer un attentat qui a échoué est en tous cas peu glorieux, voire stupide par le discrédit qui peut en résulter en termes d'image. Donc sauf pour faire diversion avec une sorte de "pion sacrifié", il ne devrait pas y avoir de revendication. Pour autant les équilibres nationaux en Irak et les équilibres régionaux autour de l'Irak font qu'il est relativement facile, au vu de l'actualité récente, de trouver des réponses à la question traditionnelle: A qui le crime profite? Qui donc a intérêt à déstabiliser, de l'Irak au Liban, cette partie du monde? Certainement pas l'occident, et pas plus ou pas mieux les autres grandes puissances que sont la Russie ou la Chine. Alors qui? Devinez...

    CODANI Didier

    15 h 27, le 07 novembre 2021

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