Plusieurs centaines de partisans des Forces libanaises se sont rassemblés mercredi devantle complexe de Meerab, au nord de Beyrouth, où vit le chef du parti, Samir Geagea, afin de lui exprimer leur solidarité et soutien, alors qu'il a été appelé à comparaître devant le tribunal militaire afin de faire une déposition concernant les affrontements de Tayouné du 14 octobre. Sur place, des militants présents ont assuré leur solidarité au chef des FL et au patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, affirmant refuser une politique du "deux poids-deux mesures" au niveau des poursuites judiciaires et un "retour aux années 90", en allusion à l'arrestation, en 1994, du chef des FL, et à son procès pour son rôle dans un attentat contre une église, pendant la guerre civile et à sa condamnation, en 1996, à onze ans de prison pour "entretien d'une milice armée et trafic d'armes".
Samir Geagea avait été notifié lundi de sa convocation à comparaître à 9h ce matin devant la justice militaire. Selon des sources proches des FL, Samir Geagea n'a toutefois pas comparu au ministère de la Défense.
Les accrochages de Tayouné s'étaient produits le 14 octobre en marge d'une mobilisation du tandem chiite Amal-Hezbollah contre le juge Tarek Bitar, en charge de l'instruction sur l'explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth. Ils ont opposé des miliciens de ces partis à d’autres postés dans des quartiers chrétiens de Beyrouth où les Forces libanaises ont une forte présence, sans que l'implication des FL puisse être démontrée à ce stade. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a accusé le leader des FL d'avoir provoqué ces affrontements et de vouloir "provoquer une guerre civile". M. Geagea a toutefois démenti son implication et affirmé être prêt à comparaître devant le tribunal militaire si Nasrallah le faisait avant lui.
Le "discours patriotique" des FL
A Meerab, devant les grilles du complexe où réside M. Geagea, des centaines de personnes scandaient des slogans de soutien aux FL et à leur chef, et contre le parti de Hassan Nasrallah. "Dieu, les FL, le Hakim et c'est tout" et "Sioniste, sioniste, le Hezbollah est sioniste", ont-ils crié, adaptant un slogan habituellement lancé par les détracteurs de Samir Geagea. Ici et là, des personnes présentes brandissaient des drapeaux du parti et de l'unité Sadm, une ancienne unité militaire des FL, ainsi que des portraits du leader maronite. Dans la foule se trouvaient notamment des habitants de Tripoli et du Akkar, de confession sunnite, membres des FL.
Mohammad, trente ans, vient de Tripoli. Il indique à notre journaliste Zeina Antonios que s'il était "proche du Futur quand il était plus jeune, il a ensuite trouvé que le discours des FL le représentait désormais plus", ce qui l'a poussé à devenir membre du parti en 2019. Il affirme que Samir Geagea "n'est plus seulement un leader pour les chrétiens mais au niveau national". Les Forces libanaises "sont les seules à avoir un discours patriotique, comme elles l'ont montré notamment à Tayouné", lance-t-il.
Pour arriver sur place, les routes sont remplies de véhicules, obligeant nombre de partisans à abandonner leurs voitures pour poursuivre le trajet à pied. Nombre d'entre eux sont arrivés de Bkerké, où ils s'étaient rassemblés plus tôt dans la journée, avant de rendre par convois à Meerab..
Les deux sons de cloche
Au siège du patriarcat, Rita Kouyoumjian, qui est venue d'Achrafieh, affirme à notre journaliste être "solidaire de Samir Geagea et des jeunes arrêtés par les forces de l'ordre après les combats de Tayouné". Elle dénonce le fait que certains des jeunes appréhendés ont été "battus" par les forces de sécurité lors de leurs interrogatoires. "Nous n'accepterons pas un retour aux événements des années 90", a-t-elle lancé. "La justice doit écouter les deux sons de cloche, pas seulement le témoignage du chef des FL", ajoute-t-elle, avant de lancer : "Nous voulons un Etat souverain et non un Etat du Hezbollah et de l'Iran".
Un cinquantenaire, originaire du Chouf, se dit, lui, présent à Bkerké pour "soutenir le patriarche maronite" et ses propos de ces derniers jours. Mgr Béchara Raï a pris à plusieurs reprises position en faveur de Samir Geagea et effectué une tournée, mardi, auprès des dirigeants politiques, afin de réclamer que l'affaire de Tayouné ne soit pas politisée. "Nous refusons la politique du deux poids deux mesures", a-t-il lancé. Selon lui, les opposants à M. Geagea essaient de "réitérer le même scénario qu'en 1994. Mais nous refusons qu'une personne déjà victime d'injustice soit désormais considérée comme un bourreau". Ecartant l'éventualité d'une "guerre civile", il a remercié Hassan Nasrallah qui a "fait un très grand cadeau" à Samir Geagea en lançant ses accusations contre lui.
Mardi soir, des partisans FL s'étaient déjà rassemblés à Zahlé, dans la Békaa, en solidarité avec Samir Geagea et afin d'appeler à une mobilisation massive le lendemain en direction de Meerab.
commentaires (13)
HN a voulu montré par cette interpellation sa toute puissance dans le pays avec son allié Berry. Ils savaient à l’avance que le Akiki obéira au doigt et à l’œil alors ils ont lancé leur défi publiquement pour anéantir ce qui reste de notre justice avec les mêmes traitres placés par eux aux postes de justiciers à la noix. Et dire que RAÏ n’a vu que du feu… Un défi de plus qui finira dans la poubelle contrairement aux habitudes qu’ils ont pris depuis de décennies. Le peuple à présent connaît ses vrais ennemis.
Sissi zayyat
12 h 44, le 28 octobre 2021