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Nos Lecteurs ont la Parole

Et nous sommes des restes

On vient tous de différents coins de l’Orient, pas vrai ?

Différentes tribus, différentes races, différentes graines, différentes religions, un seul Dieu, mais plusieurs livres.

Un mélange génétique à « ARN messager » survolant les civilisations et les périodes chronologiques, tout ça. Eh oui, tout ça.

Des inconnus sous le soleil, mais connus dans l’ombre, ont tout mis dans une même marmite hypocrite, dont le couvercle cache la philosophie du bakchich, un passe-partout de tous les tiroirs, un mot-clef qui délie toutes les langues et un mot de passe magique qui extirpe les âmes des hommes et des femmes.

Nous avons vendu nos âmes au dieu argent.

Mais de sources sûres et certaines, entre deux murs tapissés d’esgourdes, ils préparent un mélange communautaire légumineux.

Toujours selon les mêmes sources, il y aurait 18 différents genres de graine de communauté : lentilles, pois cassés, haricots, lentilles corail, pois chiches, blé complet, riz, lin, chia, quinoa, orge, bulgur, épeautre, sésame, citrouille, sarrasin, avoine et graines de pastèque.

On mélange tout à l’arrache, on ajoute des épices, on cuit tout ça pour libérer les saveurs et on obtient selon les sources proches, mais loin du peuple, une chose, un mélange typiquement libanais : le makhlouta.

Et le graillou est prêt.

Et on bâfre vite.

Et le bide est plein.

Et je n’y bite rien.

Et je suis en carafe.

Et la chouille commence.

Et nous avons créé notre propre histoire avec le makhlouta.

Mais, d’après les observateurs qui dégobillent, en regardant attentivement autour de nous, nous voyons, selon les régions, des lentilles éparpillées là-bas et des pois chiches ici.

Et le makhlouta est toujours là.

Nous avons créé notre propre histoire avec le makhlouta.

Nous avons inventé nos héros perdus ; le grand prince sur son cheval blanc.

Et le makhlouta est toujours là.

Nous ne pouvons pas tout manger.

Et le makhlouta est toujours là.

Et finalement, ça donne quoi ?

Des restes.

Voilà.

Nous sommes des restes.

Des restes de l’histoire.

Des restes de la géographie.

Une ligne sablonneuse effacée autour d’une carte inventée.

Maintenant, il va faire quoi ?

Avant ou après la guerre.

Avant ou après l’explosion.

Avant ou après la thaoura

À l’évidence, avant la pénurie des rêves et après celle de l’énergie.

C’est ce que nous attendons de voir sous un éclairage sombre d’un jour noir.

Mais il faut d’abord que nous comprenions que nous sommes des restes.

Oui, des restes.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

On vient tous de différents coins de l’Orient, pas vrai ? Différentes tribus, différentes races, différentes graines, différentes religions, un seul Dieu, mais plusieurs livres.Un mélange génétique à « ARN messager » survolant les civilisations et les périodes chronologiques, tout ça. Eh oui, tout ça.Des inconnus sous le soleil, mais connus dans l’ombre, ont tout mis...

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