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Nos Lecteurs ont la Parole

Beyrouth, fais-moi signe

Parce que écrire des mots d’adieu est à la mode. Mais surtout, parce que s’exprimer aide à guérir…

J’ai essayé de revenir vers toi il y a trois ans et demi.

J’ai rencontré des collègues brillants et bosseurs avec qui j’ai fondé une entreprise que j’ai adorée. J’ai découvert de jolies petites pépites et créé de beaux souvenirs avec mes amis d’enfance et ma famille. J’ai construit un cocon incroyable rempli de connexions familières. « Sabah el-kheir » et « Ya3tike el-3afié », des interjections suffisamment puissantes pour nous faire sourire quelle que soit la gravité de la situation.

L’année dernière, tu as peut-être été isolée du monde, mais tu as ramené de nombreux expatriés chez toi. Les multiples confinements dans le monde ont déclenché ce retour, et chaque catastrophe que tu as subie depuis les a fait rester plus longtemps à tes côtés.

Je me suis fait de nouveaux amis – parmi les plus authentiques – que je n’aurais jamais eu la chance de rencontrer autrement. Nous avons partagé nos luttes et nos frustrations pendant la journée puis nous avons essayé de revivre durant la nuit. Personne d’autre n’aurait pu s’identifier à ces montagnes russes émotionnelles addictives. Et c’est comme ça que ces gens ont infiltré mon cœur pour toujours. Et tout le mérite te revient à toi. Merci. Mais l’un après l’autre, ils ont commencé à suffoquer. Le monde a lentement recommencé à s’ouvrir, et le fossé entre toi et toute autre ville s’est élargi de façon exponentielle. Aujourd’hui, l’écart semble plus grand qu’il ne l’a jamais été.

J’ai essayé de rester, je le jure. J’ai emménagé dans un joyau, une maison « 3al Manara ». J’ai abandonné un travail que j’aimais pour un autre qui paye en « fresh » avec l’espoir d’entretenir ma « bulle ». Mais les choses n’arrêtaient pas de s’empirer et je me sentais piégée dans une vie (ou plutôt une absence de vie) qui était en train de me tuer. Ma bulle a éclaté.

J’en ai eu marre d’essayer.

Ce n’est pas de ta faute et je me sens impuissante. Je suis désolée que les personnes (ou plutôt des créatures vivantes narcissiques non empathiques) qui devraient s’occuper de toi, de moi et de chaque citoyen nous forcent à te quitter et à investir notre cerveau et notre talent dans toutes les villes du monde, sauf chez toi.

Suis-je égoïste ? Et si je restais ? Te relèverais-tu plus tôt ? Et si le changement n’était possible que si nous restions tous ? Pourrons-nous vivre ici heureux pour toujours ?

Fais-moi signe et je reviens immédiatement.

Aucun endroit sur la terre n’est comme toi, Beyrouth.

« Allah y2awwiki. »

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Parce que écrire des mots d’adieu est à la mode. Mais surtout, parce que s’exprimer aide à guérir…J’ai essayé de revenir vers toi il y a trois ans et demi.J’ai rencontré des collègues brillants et bosseurs avec qui j’ai fondé une entreprise que j’ai adorée. J’ai découvert de jolies petites pépites et créé de beaux souvenirs avec mes amis d’enfance et ma famille....

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