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Nos Lecteurs ont la Parole

L’école de la tolérance

C’était une année étrange. La fin de l’année scolaire en 1981.

À la fin de cette année, l’instabilité de la situation à Beyrouth était revenue.

Cela se tendait entre les deux parties de la ville.

Ce jour-là, nous avions dû quitter l’école vers midi, plus tôt que prévu.

Le lycée se trouvait à une centaine de mètres de la ligne de démarcation.

Au bout du long bâtiment qui traverse l’école, se trouve un escalier qui relie tous les niveaux et, depuis lequel, on découvre à chaque palier un peu plus les quartiers ouest de la ville.

Ce matin, avait-on entendu des tirs sporadiques ou des déflagrations qui annonçaient l’embrasement de la ligne de démarcation ?

Il avait été décidé d’évacuer l’école, simplement, dans le calme. Tout le monde à la maison !

Avec mes frères, et un groupe d’amis qui habitaient de l’« autre côté », nous devions nous presser, avant que la traversée ne devienne périlleuse.En fait, nous prenions un taxi collectif depuis la place du Musée national, située sur la ligne de démarcation et à cinq minutes du lycée, pour rejoindre le quartier Hamra.

Donc, en sortant de l’école ce jour-là, nous avons vu une voiture stationnée non loin de son entrée. Deux jeunes hommes en civil extrayaient du coffre ouvert quelques fusils à lunettes et des caisses contenant sans doute des munitions.

Simplement, ils allaient s’installer, probablement du côté de l’escalier du grand bâtiment qui surplombait la vue sur l’Ouest.

Le concierge de l’école se gardait bien d’intervenir, nous venions de passer dans la logique de guerre.

Cette école, qui de tout temps dispensait l’enseignement et une idée de la culture, était soudain devenue ce lieu stratégique d’où l’on pouvait supprimer l’« autre ».

Nous avons pris notre taxi-service, comme à l’accoutumée, et sommes rentrés chez nous.

Je pensais que les balles, qui siffleraient plus tard au-dessus de nos têtes, proviendraient peut-être de notre école. Angoisse.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

C’était une année étrange. La fin de l’année scolaire en 1981. À la fin de cette année, l’instabilité de la situation à Beyrouth était revenue. Cela se tendait entre les deux parties de la ville. Ce jour-là, nous avions dû quitter l’école vers midi, plus tôt que prévu. Le lycée se trouvait à une centaine de mètres de la ligne de démarcation. Au bout du long bâtiment qui...

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