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Économie - Subventions

Les prix des carburants grimpent encore, les distributeurs toujours mécontents

Les prix des carburants grimpent encore, les distributeurs toujours mécontents

Le compteur d’une pompe à essence avant la modification des tarifs d’hier. Photo « L'OLJ »

Malgré la levée quasi totale des subventions sur le carburant, les rapports entre, d’un côté, le ministère de l’Énergie et de l’Eau, qui ajuste chaque semaine les prix de l’essence, du mazout et du gaz en bonbonne, et, de l’autre, les différentes filières de distribution ne sont toujours pas au beau fixe.

Selon plusieurs sources concordantes, le problème réside dans le fait que le ministère continue de calculer les prix des carburants concernés en livres libanaises en tenant compte d’un taux dollar/livre inférieur à celui qu’atteint au même moment ce même taux sur le marché parallèle. Or le processus de publication de ces tarifs est jugé trop rigide comparé à la volatilité du taux sur le marché parallèle, qui fait office de marqueur de la valeur de la monnaie nationale, la parité officielle de 1 507,5 livres pour un dollar n’étant plus appliquée que pour un nombre limité de transactions. Pour l’un des distributeurs contactés, « ce qui pouvait fonctionner lorsque la parité officielle était maintenue par la Banque du Liban (BDL) avant le début de la crise mi-2019 ou lorsque le mécanisme de subventions sur le carburant était encore pleinement opérationnel est inopérant aujourd’hui ».

Le taux sur le marché parallèle s’envole depuis le début de la semaine et flirtait hier avec la barre des 21 000 livres pour un dollar. Les prix des carburants – pas tous – ont été modifiés à trois reprises depuis la fin de la semaine dernière.

Les nouveaux tarifs

Malgré le fait que les subventions aient été presque toutes levées, c’est en principe toujours la BDL qui fournit des dollars aux importateurs pour payer les commandes d’essence via une procédure mise en place pour faire fonctionner les mécanismes de subvention, selon le syndicat des propriétaires de station-service.

Selon la dernière grille publiée hier, les 20 litres d’essence à 95 octane se vendent désormais à 242 800 livres (+9 000 livres par rapport à la semaine dernière), tandis que ceux de 98 octane, quasi introuvables sur le marché, sont facturés 250 700 livres au consommateur (+9 300 livres). Selon le porte-parole des propriétaires de station-service, Georges Brax, le taux pris en compte est de 16 000 livres pour un dollar, contre 15 500 livres une semaine plus tôt. « Le taux de 17 000 livres évoqué par certains distributeurs était celui applicable au mazout et au gaz », précise-t-il. C’est en principe toujours la BDL qui fournit des dollars aux importateurs via une procédure mise en place pour faire fonctionner les mécanismes de subvention.

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Le prix du mazout en livres est, lui, tarifé à 235 200 livres, alors qu’il se vendait à 226 600 livres il y a deux jours (+8 600 livres). Ce prix est réservé aux véhicules qui en consomment et se base sur un dollar à 18 650 livres, selon deux sources contactées. « Ce prix est inférieur de 30 000 livres par rapport à celui qu’il devrait atteindre si on se base sur les paramètres actuels, soit le taux dollar/livre sur le marché et le prix des 1 000 litres de mazout qui est de 617 dollars, sans compter l’ensemble des frais de transport, de stockage ou encore bancaires », ajoute Georges Brax. À noter que la cherté du mazout a fait exploser les factures de générateurs privés que certains abonnés ne peuvent plus payer.

Enfin, le prix de la bonbonne standard de gaz (10 kg) est désormais fixé à 201 100 livres depuis hier (+7 500 livres en une semaine), mais la bonbonne est vendue à 187 600 livres dans les centres de remplissage. Ces prix, calculés également sur une base de 18 650 livres pour un dollar selon les sources contactées, sont tout autant critiqués que ceux en livres du mazout. La livraison de bonbonnes de gaz domestique est à l’arrêt depuis vendredi, les distributeurs ayant accusé la BDL de les avoir pris de court en supprimant les subventions, ce qui a provoqué selon eux des pertes pour le secteur. Selon la chaîne LBCI, les livraisons n’avaient toujours pas repris hier matin malgré la nouvelle tarification.

L’ensemble des filières de distribution des carburants réclament une libéralisation de leurs prix, mais la crise de liquidités en devises que traverse le pays rend cette alternative particulièrement difficile à mettre en place – notamment en raison de l’impact qu’elle pourrait avoir sur la demande de dollars et le taux du marché parallèle.

Nouvelle augmentation brutale du prix du pain

Il s’agit de la hausse la plus brutale du prix du pain au Liban depuis le début de la crise, entamée à la fin de l’été 2019. Publiés hier par le ministère de l’Économie et du Commerce, les nouveaux tarifs des paquets de pain libanais (la « rabta ») ont, en une semaine à peine, fait exploser les compteurs avec une augmentation oscillant autour de 40 %, soit la plus importante depuis juillet dernier (d’environ 30 %). Ainsi, depuis hier soir, le grand paquet de pain blanc devait être vendu en boulangerie à 6 500 livres libanaises et à 7 000 livres dans les commerces (contre 4 500 livres et 5 000 livres dans les commerces le 6 octobre) pour un poids minimal de 850 grammes (au lieu de 820 grammes), soit une augmentation de 39,35 %, selon nos calculs. Le petit paquet de pain se vend, lui, à 4 500 livres en boulangerie et 5 000 livres dans les commerces (contre 3 000 livres et 3 500 livres auparavant), pour un poids minimal de 400 grammes (contre 375 grammes précédemment), soit une hausse de 40,62 %, selon nos calculs. Les tarifs de ces deux paquets de pain étaient fixés, avant la crise, à 1 500 livres et 1 000 livres, respectivement. Ces prix sont basés sur le taux de change entre la livre et le dollar, mais aussi sur l’augmentation des prix des carburants et ceux du cours du blé sur le marché mondial. Ils prennent également en compte la pénurie en électricité dans le pays. Les prix du sucre, de la levure, du sel et du sac plastique entrent également dans la tarification du pain libanais, alors que la Banque du Liban subventionne les importations de blé à 100 % au taux officiel (1 507,5 livres le dollar, contre un taux qui a dépassé hier la barre de 21 000 livres sur le marché parallèle).

Malgré la levée quasi totale des subventions sur le carburant, les rapports entre, d’un côté, le ministère de l’Énergie et de l’Eau, qui ajuste chaque semaine les prix de l’essence, du mazout et du gaz en bonbonne, et, de l’autre, les différentes filières de distribution ne sont toujours pas au beau fixe. Selon plusieurs sources concordantes, le problème réside dans le fait...

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