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Monde - Pandora Papers

Des dirigeants rejettent les accusations sur leurs milliards offshore

Les noms de Nagib Mikati, Hassane Diab, Riad Salamé ou encore Marwan Kheireddine apparaissent dans le cadre de cette enquête à laquelle ont collaboré environ 600 journalistes.

Des dirigeants rejettent les accusations sur leurs milliards offshore

Le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, dont le nom figure dans les Pandora Papers, une enquête publiée dimanche par le Consortium international des journalistes d'investigation. Photo JOSEPH EID / AFP

Plusieurs pays et dirigeants ont rejeté lundi les révélations d'une vaste enquête du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) accusant plusieurs centaines de responsables politiques, notamment Libanais, et leurs proches d'avoir dissimulé des avoirs dans des sociétés offshore, notamment à des fins d'évasion fiscale.

Publiée dimanche, cette enquête, à laquelle ont collaboré environ 600 journalistes, s'intitule "Pandora Papers", référence à la légende de la boîte de Pandore. Elle s'appuie sur quelque 11,9 millions de documents provenant de 14 sociétés de services financiers et a mis au jour plus de 29.000 sociétés offshore.

Selon ces documents, le roi Abdallah II de Jordanie a créé au moins une trentaine de sociétés offshore, c'est-à-dire dans des pays ou territoires à fiscalité avantageuse, et acheté par leur biais 14 propriétés de luxe aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, pour plus de 106 millions de dollars. En Jordanie, le Palais royal a déclaré lundi que ces "informations de presse sont inexactes, déformées et exagérées" et qu'elles constituent une "menace pour la sécurité du monarque et celle de sa famille".

Mis en cause également, le Kremlin a rejeté lundi des "allégations infondées". Selon l'ICIJ, Svetlana Krivonogikh, une femme présentée par des médias russes comme une ex-maîtresse du président Vladimir Poutine, a acquis en 2003 un appartement pour quatre millions de dollars à Monaco via des comptes offshore. D'autres proches du président sont également cités.

Dirigeants libanais

En ce qui concerne le Liban, les noms du Premier ministre actuel, Nagib Mikati, de son prédécesseur Hassane Diab, du gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, et de l'ex-ministre et président du conseil d'administration de la banque Al-Mawarid, Marwan Kheireddine, apparaissent, entre autres, dans le cadre de cette enquête. Le nom de l'ancien député et conseiller du président libanais Michel Aoun pour les affaires russes, Amal Abou Zeid, figure aussi dans les "Pandora Papers". De même que celui du président du conseil d'administration de la chaîne libanaise al-Jadeed, Tahsine Khayat, le banquier Samir Hanna, ou encore l’homme d’affaires et ancien député Neemat Frem.

Pour sa part, le Premier ministre ivoirien Patrick Achi, qui contrôlait une société aux Bahamas jusqu'au moins 2006 selon l'enquête, a démenti lundi toute "action illicite".

Pour mémoire

Paradis fiscaux : le Liban ne coopère pas

Dimanche déjà, le Premier ministre tchèque, Andrej Babis, s'était défendu d'avoir placé 22 millions de dollars dans des sociétés écran pour financer l'achat du château Bigaud, une grande propriété à Mougins dans le sud de la France. "Je n'ai jamais rien fait d'illégal ou de mal", a-t-il tweeté, "mais cela ne les empêche pas d'essayer de me dénigrer et d'influencer les élections législatives tchèques", prévues vendredi et samedi prochain.

Le président équatorien, Guillermo Lasso, a, lui, logé des fonds dans deux trusts dont le siège se trouve aux Etats-Unis, dans le Dakota du Sud, selon l'ICIJ qui épingle également les présidents du Chili et de République dominicaine. "Tous mes revenus ont été déclarés et j'ai payé les impôts correspondants en Equateur, faisant de moi l'un des principaux contribuables dans le pays à titre personnel", a assuré dans un communiqué M. Lasso, un ancien banquier. "Tous les investissements réalisés en Equateur et à l'étranger se sont toujours faits dans le cadre de la loi".

Le président congolais Denis Sassou Nguesso a détenu, pendant près de vingt ans, une société offshore dans les Iles Vierges britanniques, tandis que le président gabonais Ali Bongo y a contrôlé à la fin des années 2000 deux sociétés offshore, selon le quotidien français Le Monde, partenaire de l'ICIJ.

Au total, des liens ont été établis par l'ICIJ entre des actifs offshore et 336 dirigeants et responsables politiques de premier plan qui ont créé près de 1.000 sociétés dont plus des deux tiers aux Iles Vierges britanniques. Environ deux millions des 11,9 millions de documents proviennent du cabinet d'avocats panaméen Alcogal (Aleman, Cordero, Galindo & Lee) qui selon l'ICIJ a joué "un rôle majeur dans l'évasion des taxes" et est impliqué dans la création de comptes pour dissimuler l'argent de plus de 160 personnalités. "Alcogal rejette ces spéculations, inexactitudes et mensonges", selon un communiqué.

"Cela démontre que les gens qui pourraient mettre fin au secret de l'offshore, en finir avec ce qui s'y passe, en tirent eux-mêmes profit", a commenté dimanche dans une vidéo le directeur de l'ICIJ, Gerard Ryle. "On parle de milliers de milliards de dollars." Pour Maira Martini, chercheuse de l'ONG Transparency International, cette enquête apporte une nouvelle "preuve claire que l'industrie offshore fait le jeu de la corruption et de la criminalité financière, tout en faisant obstruction à la justice". "Ce modèle économique" basé sur le secret financier "ne peut plus continuer".

Shakira et Dominique Strauss-Kahn

Parmi les personnalités citées figurent également la chanteuse colombienne Shakira, le mannequin allemand Claudia Schiffer ou la légende indienne du cricket Sachin Tendulkar. Apparaissent aussi les noms de l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, pour l'achat d'un bien immobilier à Londres, du Premier ministre libanais Najib Mikati et de l'ancien ministre français Dominique Strauss-Kahn. L'ex-directeur général du Fonds monétaire international (FMI) a fait transiter plusieurs millions de dollars d'honoraires de conseil à des entreprises par une société marocaine exempte d'impôts, selon l'enquête.

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Au total, selon Le Monde, 600 Français apparaissent dans l'enquête dont "un conspirationniste d'extrême droite" qui a recouru à une société aux Seychelles "pour vendre livres et pilules miracles".

Dans la plupart des pays, ces faits ne sont pas susceptibles de poursuites. Mais pour les dirigeants, l'ICIJ dresse un parallèle entre le discours anti-corruption de certains et leurs placements dans des paradis fiscaux. Le président kényan Uhuru Kenyatta a ainsi maintes fois affirmé sa détermination à lutter contre la corruption et à obliger les officiels kényans à la transparence quant à leur patrimoine. Pourtant, selon les "Pandora Papers", M. Kenyatta possède une fondation au Panama et plusieurs membres de sa famille directe détiennent plus de 30 millions de dollars logés dans des comptes offshore.

Créé en 1997 par le Centre américain pour l'intégrité publique, l'ICIJ est devenu une entité indépendante en 2017. Son réseau compte des journalistes d'investigation dans plus de 100 pays et territoires, avec quelque 100 médias partenaires. L'ICIJ s'est fait connaître, début avril 2016, avec les "Panama Papers", une enquête appuyée sur quelque 11,5 millions de documents provenant d'un cabinet d'avocats panaméen. Ils détaillaient les avoirs cachés de milliers de clients de Mossack Fonseca, dont des personnalités de premier plan. L'onde de choc de cette publication a notamment entraîné la démission du Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson et du chef du gouvernement pakistanais Nawaz Sharif.

Plusieurs pays et dirigeants ont rejeté lundi les révélations d'une vaste enquête du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) accusant plusieurs centaines de responsables politiques, notamment Libanais, et leurs proches d'avoir dissimulé des avoirs dans des sociétés offshore, notamment à des fins d'évasion fiscale. Publiée dimanche, cette enquête, à...

commentaires (8)

Personne n’est contre le fait que des personnes s’enrichissent grâce à leur savoir faire ou à leur bonne étoile. Ce qui pose problème ce sont ceux qui se tuent pour arriver au pouvoir de n’importe quel pays corrompu pour s’enrichir sur le dos des citoyens qui triment et qui se tuent à la tâche pour vivre décemment. Mais le pire des scénarios jamais vu, c’est le cas unique du Liban où les politiciens et responsables de tout genre se sont accordés pour piller le pays et de mettre à sec toutes les caisses en finissant par voler l’argent du peuple durement gagné tout en lui imposant des lois pour bénéficier des miettes qu'ils veulent bien lui accorder s'il restait à carreaux et ne les dérangeait pas dans leur sale besogne de destruction totale du pays. Conclusion, la fraude aux impôts n’est pas condamnable moralement, pas autant que le vol en réunion et qui est de loin plus déshonorant surtout lorsqu’il est commis par ceux qui sont payés pour assurer la sécurité de cet argent et veiller sur ses déposants. Le vol reste un crime pour lequel tous les voleurs devraient payer.

Sissi zayyat

17 h 18, le 04 octobre 2021

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Commentaires (8)

  • Personne n’est contre le fait que des personnes s’enrichissent grâce à leur savoir faire ou à leur bonne étoile. Ce qui pose problème ce sont ceux qui se tuent pour arriver au pouvoir de n’importe quel pays corrompu pour s’enrichir sur le dos des citoyens qui triment et qui se tuent à la tâche pour vivre décemment. Mais le pire des scénarios jamais vu, c’est le cas unique du Liban où les politiciens et responsables de tout genre se sont accordés pour piller le pays et de mettre à sec toutes les caisses en finissant par voler l’argent du peuple durement gagné tout en lui imposant des lois pour bénéficier des miettes qu'ils veulent bien lui accorder s'il restait à carreaux et ne les dérangeait pas dans leur sale besogne de destruction totale du pays. Conclusion, la fraude aux impôts n’est pas condamnable moralement, pas autant que le vol en réunion et qui est de loin plus déshonorant surtout lorsqu’il est commis par ceux qui sont payés pour assurer la sécurité de cet argent et veiller sur ses déposants. Le vol reste un crime pour lequel tous les voleurs devraient payer.

    Sissi zayyat

    17 h 18, le 04 octobre 2021

  • Les jeunes générations n'ont pas idée de ce que c'était le Liban. Avec les Présidents Chamoun et après Chéhab le Liban était devenu l'Eldorado du M.O. Les entreprises occidentales basées presque toutes au Liban pour travailler au M.O., les conseillers dans le domaine du pétrole à Beyrouth, tous. Les banques ouvraient des lettres de Crédit pour faciliter le commerce de plusieurs pays, etc. Le port faisait plus du transit que pour le marché local. En revanche l'Etat n'imposait pas les gains réalisés à l'étranger ni les fortunes des résidents et le système fonctionnait à merveille. Des milliers d'hommes d'affaires libanais se déclaraient résidents au Liban alors qu'ils sillonnaient le monde entier sans payer d'impôts, leurs familles étaient basées . La jalousie des pays voisins a causé ce qui est arrivé mais l'Occident n'était pas mécontent, le Liban était trop prospère et trop libre beaucoup trop libre. Les pays prétendument libres n'aiment pas ça. En 1976 Kissinger ne voulait pas que la guerre s'arrête pour toujours au Liban. Sa doctrine politique est de grouper tous les problèmes dans un petit pays pour éviter la contagion. A la haine des étrangers se rajoutent celle qui est bien pire, celle des organisations palestiniennes et certains libanais vendus qui ont détruit méthodiquement et sans pitié commerce et industrie. Sincèrement, il faut se féliciter que tous les libanais n'ont pas perdu leur argent au Liban et que certains restent debout grâce à l'argent déposé à l'étranger

    Shou fi

    15 h 01, le 04 octobre 2021

  • Et alors ? Comme si tout ça est du nouveau ? Ni un pas en avant ni un pas en arrière. On cancane uniquement dans l’espoir de chasser le cafard. Si l’occasion se présente beaucoup ne vont pas hésiter à faire le même choix !

    aliosha

    12 h 55, le 04 octobre 2021

  • Intéressant. Mais ce serait également interessant de savoir pourquoi le ministère des finances du Liban ne demande pas les informations sur les comptes bancaires à l’étranger des residents libanais, alors que l’échange automatique d’information est déjà en place depuis plusieurs années! Dans ce cadre, le Liban communique les données bancaires de sa diaspora afin qu’elle s’acquitte de ses taxes dans les pays d’accueil, mais l’inverse n’est même pas demandé par le Liban...A la Suisse par exemple. Est-ce que l’OLJ pourrait nous donner une réponse?

    Sam

    10 h 57, le 04 octobre 2021

  • Mikati est un homme riche d'origine et c'est un homme d'affaire. Ok il peut avec 1% de sa fortune aider sa ville de TRIPOLI. ( on ne sait pas d'ailleurs s'il le fait en douce). Ceci dit, rien à voir avec les "nouveaux riches" comme Aoun et famille ( une TV, une banque etc..) ou Berri et famille qui a fait fortune durant la guerre ou même le gouverneur de la BDL qui est censé "protéger" l'argent des libanais entre autres. Ces sociétés OFF SHORE dont vous parlez ne sont pas illégales. Au contraire, elles sont légales juridiquement parlant et c'est entre autre le but de leur existence. En revanche, moralement? Oui ca se discute. Ceci dit, Mikati a son fric à l'étranger et donc évite de payer des impôts aux pays étrangers. Ce n'est pas une fuite des impôts vis à vis du fisc libanais qui est quasi nul et ne fait pas peur aux riches libanais. Si les riches libanais ont leur fric à l'étranger, ce n'est pas à cause du fisc libanais mais à cause de la situation instable au liban. NUANCE. Ceci dit , Il faut faire le distinguo entre "familles riches depuis toujours" et "les nouveaux riches" actuels ( dont les libanais). En espérant ne pas subir la censure insupportable de l'OLJ qui censure la parole libre. Nos commentaires ne portent pas atteinte à la partie "privée" des personnalités publiques mais des commentaires et avis envers des personnalités publiques sans toucher aux parties personnelles et privées de leurs vies perso.

    LE FRANCOPHONE

    10 h 50, le 04 octobre 2021

  • AU LIBAN, SI TU ES RICHE, LES GENS NE VEULENT PAS SAVOIR COMMENT, TU SERAS RESPECTÉ. MAIS SI TU ES EXTRÊMEMENT HONNÊTE ET TRAVAILLANT TOUTE TA VIE POUR LE PAS, MAIS FAUCHÉ, T’ES CONSIDÉRÉ COMME UN CON. TROP BON TROP CON. MIKATI PEUT FAIRE DES COUPS TANT QU’IL VOUDRA, C’EST DE L’INTELLIGENCE. SACRÉ PAYS

    Gebran Eid

    10 h 00, le 04 octobre 2021

  • LE SALUT DE L,OLJ NE VIENDRA PAS DE LA CENSURE. JE CONSEILLE L,ADMINISTRATION DE L,OLJ COMME SUIT : 1 - ARRETEZ CETTE CENSURE HONTEUSE ET OFFOSANTE ET HUMILIANTE ENVERS VOS ABONNES DONT VOUS FAITES TAIRE LA LIBRE EXPRESSION. 2 - REVENEZ A LA PRESENTATION PRECEDENTE DE LA RUBRIQUE DES REACTIONS CAR VOS ABONNES VEULENT S,ADRESSER A L,OPINION PUBLIQUE ET NON ENTERRER LEURS LIBRES EXPRESSIONS DANS DES DEDALES OU LA MAJORITE ECRASANTE DES LECTEURS NE SAVENT PAS OU ALLER CHERCHER POUR LES LIRE. 3 - HONOREZ VOTRE ROLE DE PRODROME DE LA LIBRE EXPRESSION EN HONORANT LES LIBRES EXPRESSIONS DE VOS ABONNES. 4 - AIDEZ-NOUS POUR VOUS AIDER DEVRAIT ETRE VOTRE MOT D,ORDRE SINON JE NE VOUS VOIS PAS PASSER LE CAP DE BONNE ESPERANCE. 5 - JE SOUHAITE QUE MES CONSEILS PORTENT LEUR FRUIT. LE JOURNAL PROSPERERAIT ET LES INTERNAUTES POURRAIENT VOIR HONORER LEURS LIBRES EXPRESSIONS ET COMMUNIQUER LIBREMENT AVEC LE PUBLIC, CE QUI EST LE BUT DE TOUS LES FORUMS. 6 - NE PERDEZ PAS LA CHANCE. SANS LES ABONNES POINT DE JOURNAL. 7 - J,AI FAIT MON DEVOIR EN CONSEILLANT. DIEU M,EST TEMOIN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 25, le 04 octobre 2021

  • C'est completement legal de faire des societés offshore pour les riches. Mais c'est illegal de voler l'argent des contribuables. Mikati a fait son argent dans le secteur privé, contrairement a Salameh ou Diab. Il faut distinguer le chien du loup, juger plus durement les politiciens, et d'un autre coté essayer d'attirer des riches au liban pour creer des emplois.

    Tina Zaidan

    09 h 15, le 04 octobre 2021

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