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Moyen-Orient - Interview express

Avec la nomination de Najla Bouden, Kais Saied tente un geste d’apaisement

Sarah Yerkes, spécialiste de la Tunisie au think tank Carnegie Endowment for International Peace, commente cette nomination.


Avec la nomination de Najla Bouden, Kais Saied tente un geste d’apaisement

Najla Bouden, nommée mercredi 29 septembre Premier ministre de Tunisie, plus de deux mois après le coup de force institutionnel de Kais Saied. Présidence tunisienne/AFP

La présidence tunisienne a annoncé mercredi la nomination de Najla Bouden, une ingénieure ayant peu d’expérience politique, au poste de Premier ministre. Cette décision survient près de deux mois après l’instauration d’un régime d’exception, le 25 juillet dernier, qui avait gelé le Parlement – au sein duquel le parti islamo-conservateur Ennahda est la principale formation – et conduit au limogeage du chef du gouvernement et du ministre de la Défense. Ces dernières semaines, les craintes d’une partie de la population tunisienne et de la communauté internationale s’étaient multipliées alors que Kais Saied n’a fait que renforcer ses prérogatives au détriment du gouvernement. Sarah Yerkes, spécialiste de la Tunisie au think tank Carnegie Endowment for International Peace, commente pour L’OLJ cette décision.

Qui est Najla Bouden et pourquoi Kais Saied l’a t-il nommée au poste de Premier ministre ?

Géologue et maître de conférences à l’École nationale d’ingénieurs de Tunis (ENIT), Najla Bouden n’est pas une personnalité politique et a très peu d’expérience dans ce domaine. Elle a servi au ministère de l’Éducation dans le passé, où elle était chargée de mettre en œuvre des projets financés par la Banque mondiale et de travailler sur la réforme de l’enseignement supérieur. Dans son allocution annonçant sa décision, il a souligné le caractère historique de la nomination de Mme Bouden en tant que première femme Premier ministre. Il faut d’ailleurs noter que Mme Bouden est originaire de Kairouan, l’une des régions de l’intérieur du pays traditionnellement marginalisées, et non des enclaves côtières d’élite. Mais globalement, on ne sait pas pourquoi Kais Saied l’a choisie.

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Cette nomination peut-elle apaiser la crise politique qui sévit depuis plus de deux mois dans le pays ?

Le fait que cette nomination intervienne quelques jours seulement après que des milliers de Tunisiens furent descendus dans la rue pour dénoncer ce que de plus en plus de gens appellent « le coup d’État de Saied » ne semble pas être une coïncidence. Cela semble être un geste pour apaiser certains Tunisiens en colère, ainsi que les puissances internationales qui se font de plus en plus entendre sur la dérive autoritaire de Kais Saied. Cependant, étant donné que le président continue de gouverner par décret, sans Parlement, ignorant la majeure partie de la Constitution, on ne peut savoir quel pouvoir elle aura ou comment cette nomination réduira de quelque manière que ce soit le contrôle total de Kais Saied sur tous les aspects du système politique tunisien.

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Quelles seront les priorités de Mme Bouden au cours des prochains jours ?

Sans savoir sur quels dossiers elle a réellement le contrôle, il est difficile de dire quelles seront ses priorités. Sa première tâche sera de former un gouvernement, qui sera probablement composé de personnes comme elle, c’est-à-dire des technocrates avec peu ou pas d’expérience ou d’affiliation politique.


La présidence tunisienne a annoncé mercredi la nomination de Najla Bouden, une ingénieure ayant peu d’expérience politique, au poste de Premier ministre. Cette décision survient près de deux mois après l’instauration d’un régime d’exception, le 25 juillet dernier, qui avait gelé le Parlement – au sein duquel le parti islamo-conservateur Ennahda est la principale formation –...

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