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Culture - Édition

Pour Ta-Nehisi Coates, « l’esclavage fait partie de l’âme américaine »

L’écrivain s’exprime à l’occasion de la parution en français de son premier roman, « La danse de l’eau », chez Fayard.

Pour Ta-Nehisi Coates, « l’esclavage fait partie de l’âme américaine »

Pour l’écrivain américain Ta-Nehisi Coates, l’Amérique ne parle pas assez des discriminations vécues par les Afro-Américains. Zach Gibson / Getty / AFP

C’est l’une des grandes voix de l’Amérique contemporaine : révélé par ses essais vendus à des millions d’exemplaires, Ta-Nehisi Coates poursuit son exploration de la condition des Noirs dans son pays à travers une première fiction sur l’esclavage, qui « fait partie de l’âme américaine ».

« J’ai changé de format, pas de combat », déclare l’écrivain de 45 ans dans un entretien à l’AFP à l’occasion de la parution en français de son premier roman, La danse de l’eau, chez Fayard.

Sorti en 2019 aux États-Unis, The Water Dancer a été un succès public et critique. Traduit en 14 langues, le livre est en cours d’adaptation au cinéma, un film produit par la star du petit écran Oprah Winfrey et l’acteur Brad Pitt.

À la manière de l’écrivaine Toni Morrison (1931-2019) dans Beloved, Ta-Nehisi Coates a ancré son récit dans un genre particulier : celui du réalisme magique pour raconter la vie d’Hiram, un jeune esclave doté d’un don surnaturel, dans la Virginie de la préguerre de Sécession (1861-1865).

Un genre qui lui permet de « rendre hommage au folklore afro-américain où magie et surnaturel sont omniprésents », souligne-t-il.

« Mémoire sélective »

Avec cette première fiction, M. Coates s’inscrit dans la continuité de son œuvre qui dénonce avec constance « le racisme systémique » d’une société encore marquée par son passé esclavagiste – pendant plus de deux siècles. « L’esclavage fait partie de l’âme américaine (...) Franchement, je me demande pourquoi tout le monde n’écrit pas à ce sujet. Pour moi, l’Amérique ne parle, tout simplement, pas assez de l’esclavage », insiste-t-il.

Et de pointer « la mémoire sélective » de son pays, qui « reconnaît que George Washington (1er président américain, NDLR) était important, mais ne reconnaît pas le fait qu’il ait détenu des esclaves comme quelque chose d’aussi important ».

Né à Baltimore (Maryland) en 1975 d’une mère enseignante et d’un père bibliothécaire et enseignant – ancien membre des Black Panthers –, Ta-Nehisi Coates développe très tôt une conscience politique.

Attiré par le journalisme, il intègre la Howard University (université prestigieuse qui forme les Afro-Américains jusqu’à la fin des lois ségrégationnistes) à Washington, mais abandonne sans en sortir diplômé.

Sa vie change en 2008 lorsqu’il publie son premier essai The Beautiful Struggle (Le grand combat, éd. Autrement). Attiré par sa plume incisive, le magazine The Atlantic lui propose de tenir un blog sur son site internet.

Comparé à Baldwin

Pop-culture, sujets politiques et sociétaux... Coates traite de tout sans jamais perdre de vue la condition des Noirs dans le pays.En 2014, son article (de 45 pages) The Case for Reparations (Plaidoyer pour des réparations) a un retentissement considérable. Il y défend l’idée d’un dédommagement des descendants d’esclaves pour rééquilibrer les différences de richesse entre Blancs et Noirs.

Un an plus tard sort Between the World and Me (Une colère noire, éd. Autrement), un best-seller qui le propulse au rang d’intellectuel : Toni Morrison, Nobel de littérature, le compare à l’écrivain James Baldwin.

Écrit sous la forme d’une lettre à son fils, le livre, aussi intime que politique, est une charge contre les discriminations vécues par les Afro-Américains. « J’ai mis beaucoup de temps à l’écrire car c’était quelque chose de très intime. Ça venait vraiment du cœur », raconte-t-il.

Le livre provoque de vifs débats dans la société américaine et est adapté pour le théâtre et sur le petit écran via une série diffusée sur HBO.

Ses prises de position suscitent des remous, comme lorsqu’il affirme que la société américaine est structurée pour générer la « suprématie blanche ». « La société américaine a beaucoup évolué sur ces questions ces dernières années. Mais il reste des forces réactionnaires qui veulent empêcher tout changement », estime-t-il.

Parmi ces forces, l’ex-président Donald Trump ? « Il a fait beaucoup de mal au pays, répond l’intéressé. Je pense qu’on mettra du temps à s’en remettre. »

Alexandra DEL PERAL/AFP

C’est l’une des grandes voix de l’Amérique contemporaine : révélé par ses essais vendus à des millions d’exemplaires, Ta-Nehisi Coates poursuit son exploration de la condition des Noirs dans son pays à travers une première fiction sur l’esclavage, qui « fait partie de l’âme américaine ».« J’ai changé de format, pas de combat », déclare...

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