Une girafe embonpoint
Décida un beau matin
Dans l’arène de se jeter,
Car vraiment persuadée
Que différence elle ferait,
Pour pouvoir ressusciter
Une peuplade fatiguée,
Accablée et harassée
Par de coriaces sangsues,
Qui ne sont jamais repues.
Notre hardi mammifère
À la vieille hyène se frotta,
Qui soufflait le chaud et le froid,
Justifiant ainsi son droit,
De vouloir tout boycotter
Au nom de droits usurpés,
Sans même daigner se soucier,
De toutes les humiliations,
Sacrifices et privations,
De la jungle émaciée,
Qui pour encore subsister,
Mange de la vache enragée,
À longueur de chaque journée.
Mais la girafe obstinée,
À la charge revenait,
En ceci encouragée
Par un trio de damnés,
Qui à gogo la flattaient,
Espérant y récolter,
Une brassée de lauriers.
La hyène tout enchantée
D’avoir pu neutraliser
Cette bête entêtée,
En lui fourguant affidés,
Et multiples croche-pieds,
Rentra ensuite se coucher,
Bien sereine et rassurée,
Sa basse besogne achevée.
La girafe encerclée
D’un quarteron de protées,
Sa fierté dut ravaler,
Se disant très attristée,
De ne pouvoir imposer
Toute sa bonne volonté,
Face à de vils carnassiers
Qui l’écrasent de leurs pieds.
Dans sa tanière calfeutré,
Le grave renard ricanait,
Par le gros rat appuyé.
Ce désordre synchronisé,
Qu’il avait bien orchestré,
Soutenu par des laquais,
Et plein d’autres écervelés
Rampant comme des rubanées
Pour de maigres grains de blé,
N’avait fait que rabaisser,
Pour ne pas dire humilier,
Le semblant d’autorité
De la girafe ébranlée.
Le crapaud toujours frustré
Par son inhabilité
De n’avoir jamais osé
Trancher là où il fallait,
Du coin de l’œil observait
Ce bazar qui présageait
Encore plus d’adversités
Pour la jungle étrillée.
Le corbeau incommodé
Par ce moche état de fait,
Du haut de son olivier,
Il avait beau croasser,
Les oreilles nous rabâcher,
Et pourtant rien n’y ferait,
Car il s’était avéré
Incapable de chambouler
Tout ce carcan enfiellé.
Le placide caméléon
Qui guettait à l’horizon,
Une simple prémonition
Pour redorer son blason,
À l’évidence se rendit,
Puisque très vite il comprit
Que pour se faire une santé
Le silence il faut garder.
Quant au putois jacassier
Ton refrain on le connaît,
Nul besoin d’en rajouter,
Il ne fait que t’enfoncer,
Et l’on n’est guère avancés.
Cesse donc tes singeries,
Tromperies et perfidies,
Et rejoins vite ton terrier.
Face à ce charivari,
Notre jungle est amoindrie
Par cette amère tragédie
Qui est loin d’être finie.
Souvenez-vous mes amis,
Que fléchir n’est pas admis,
La conscience ne s’achète pas,
De notre honneur il y va.
Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.
commentaires (0)
Commenter