Rechercher
Rechercher

Économie - Tarifs

Carburant : les prix grimpent, les subventions toujours pas totalement levées

Le ministre de l’Énergie et de l’Eau Walid Fayad a menacé de retirer les licences des stations-service restées fermées malgré la révision des tarifs.

Carburant : les prix grimpent, les subventions toujours pas totalement levées

Les files d’attente devant les stations-service se sont incrustées dans le paysage ces derniers mois. Photo P.H.B.

Le feuilleton de la levée des subventions pourrait bien encore durer quelque temps, malgré les nombreux signes qui annonçaient la fin définitive et imminente des mécanismes de la Banque du Liban en place depuis octobre 2019.

Le ministère de l’Énergie et de l’Eau a en effet publié hier la nouvelle grille des tarifs de l’essence, du mazout et du gaz en bouteille, tous sensiblement majorés par rapport à la dernière mise à jour, sans pour autant que les mécanismes de subvention financés à travers les réserves de devises de la BDL ne soient tous totalement levés. Cette mise à jour est survenue en cours de journée alors qu’elle est d’habitude publiée tôt le matin. Pour le porte-parole du syndicat des propriétaires de stations-service, Georges Brax, cette nouvelle grille tarifaire est « une nouvelle phase de la levée des subventions » qui se prolonge depuis la fin du printemps dernier. Peu avant la publication des nouveaux prix, le syndicaliste a indiqué que la tarification était attendue par les sociétés importatrices pour reprendre leurs livraisons d’essence sur le marché local, après une interruption réclamée par les douanes. Les autorités n’ont, elles, toujours pas fait d’annonce claire concernant le processus de levée de la subvention sur les carburants.

Lire aussi

Plus de 100 millions de litres d’essence doivent être déchargés, affirme Brax

En attendant, la majorité des stations du territoire restent fermées faute de stock, ce qui provoque la colère des Libanais qui ont notamment bloqué l’autoroute longeant le sérail de Tripoli (Liban-Nord). La situation semblait plus calme à Beyrouth où certaines stations-service ont ouvert leurs portes à partir du milieu de l’après-midi. Contacté en soirée, Georges Brax a toutefois laissé entendre qu’il était difficile de s’attendre à une amélioration durable de la situation si les quantités importées dans le pays n’étaient pas plus importantes. Mardi, il avait annoncé qu’un chargement de 100 millions de litres d’essence était sur le point d’être déchargé, soit de quoi assurer le plein de près de 1,7 million de véhicules en comptant un réservoir moyen contenant 60 litres.

Le ministre de l’Énergie Walid Fayad a, lui, menacé dans un communiqué de retirer les licences des stations-service demeurées fermées malgré la révision des tarifs.

Essence

Selon la nouvelle grille, le tarif de l’essence poursuit sa hausse vertigineuse au Liban et dépasse désormais les 200 000 livres libanaises pour 20 litres, soit une augmentation de 16 % depuis les derniers tarifs publiés vendredi dernier et qui affichaient déjà une hausse de 38 % par rapport à leur précédente modification. Plus précisément, les 20 litres de 95 octane sont désormais facturés 202 400 livres, contre 209 300 livres pour le 98 octane.

Selon plusieurs sources concordantes – dont celle du président du syndicat des importateurs de carburant au Liban, Georges Fayad, contacté par notre publication sœur en anglais, L’Orient Today –, le taux de change employé pour calculer ces prix en livres à partir des cours internationaux et des coûts de distribution pris en compte dans la formule du ministère est désormais de 14 000 livres pour un dollar, contre 12 000 lors de la précédente modification.

Ce taux correspond à plus de neuf fois le montant de la parité officielle de 1 507,5 livres pour un dollar, toujours artificiellement maintenue par la BDL, mais est inférieur aux 15 800 livres atteintes hier sur le marché parallèle. C’est le taux de Sayrafa, la plateforme de change de la BDL, qui s’en rapproche le plus. Ce taux évolue chaque jour en fonction d’une moyenne entre les transactions enregistrées par les changeurs et les banques au taux du marché parallèle, ainsi que les retraits effectués à 12 000 livres selon les modalités de la circulaire n° 158. Par le plus grand des hasards, la plateforme a d’ailleurs affiché hier un taux d’exactement 14 000 livres pour un dollar.Selon plusieurs sources, le mécanisme à travers lequel les importateurs échangeaient leurs livres contre des dollars au taux subventionné, puisés dans les réserves de devises de la BDL pour payer les commandes de carburant subventionné, est maintenu, mais avec le taux de 14 000 livres pour un dollar pour le moment. Une source proche des sociétés importatrices pense savoir que ce mécanisme – qui aura pour effet secondaire d’aspirer une partie des livres en circulation sur le marché – pourrait même rester dans le paysage un certain temps. Un scénario qui tient la route dans la mesure où les réserves de devises de la BDL, qui avaient atteint un niveau critique, ont été alimentées le 17 septembre par plus d’un milliard de dollars issus des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international.

Pour mémoire

Les transports collectifs, éternels sacrifiés du système libanais

Enfin, selon nos informations, les 20 litres se vendaient à 500 000 livres hier au marché noir, un prix en baisse par rapport aux tarifs exorbitants d’il y a une semaine, alors que la quasi-totalité des stations-service étaient fermées pour cause de rupture de stock. Certains revendeurs avaient alors été jusqu’à demander 500 000 livres, mais cette fois, pour 10 litres d’essence.

Mazout et gaz

Pour le mazout (ou le diesel) consommé par les générateurs privés – qui pallient les carences d’Électricité du Liban –, mais aussi certains véhicules, le ministère a fixé le prix des 20 litres à 162 700 livres, soit une hausse de 65 % par rapport à la dernière modification de ce tarif en livres – calculé alors sur une base d’un dollar à 8 000 livres. Le ministère a précisé sur la grille qu’il s’agit du mazout réservé à certains véhicules qui en consomment – certains bus et camions, notamment.

Les quantités de mazout subventionnées à 8 000 livres qui restent sur le marché et dont le ministère a en principe effectué l’inventaire sont réservées à une liste d’établissements (dont les hôpitaux) ou d’installations (pompes relevant des offices des eaux) détaillés dans une décision publiée lundi soir.

En dehors de ces exceptions, le mazout est vendu depuis la semaine dernière en dollars. Le prix de la tonne était fixé hier à 569 dollars, selon un importateur, qui précise que les coûts d’exploitation facturés en sus du prix de la tonne peuvent varier d’une société à une autre.

Lire aussi

La direction du pétrole met en place un mécanisme de distribution du mazout subventionné

Reste à savoir comment cette levée sera répercutée sur les tarifs des générateurs qui sont également publiés par le ministère de l’Énergie et de l'Eau, et ce chaque fin de mois. Fin août, le prix de base du kilowattheure avait augmenté de près de 20 % pour atteindre 2 367 livres. Si EDL ne fournit que quelques heures de courant par jour, beaucoup de propriétaires de générateur ont mis en place, voire parfois accentué leur propre rationnement en électricité, ce qui pourrait mitiger l’explosion des factures de septembre.

Enfin, le prix de la bonbonne de gaz standard, qui n’avait pas été modifié la semaine dernière, a été aussi amendé, selon un second document publié par la Direction générale du pétrole. Elle coûte désormais 139 700 livres, ce qui représente une hausse de 50 % par rapport au précédent tarif. Il n’était pas clair hier soir si ce prix allait s’appliquer aux bonbonnes achetées à un prix subventionné à un taux de change inférieur à 14 000 et dont le marché dispose encore de stocks.

Le feuilleton de la levée des subventions pourrait bien encore durer quelque temps, malgré les nombreux signes qui annonçaient la fin définitive et imminente des mécanismes de la Banque du Liban en place depuis octobre 2019. Le ministère de l’Énergie et de l’Eau a en effet publié hier la nouvelle grille des tarifs de l’essence, du mazout et du gaz en bouteille, tous sensiblement...

commentaires (2)

a bien y penser, le nouveau ministre a t il eu le temps, le moyen et racoler les "conseillers" intelligents afin de BIEN ETUDIER ses dossiers ? j'en doute tres fort vu le flou que le-les divers cartels& leurs sponsors Kellon ont reussi a tisser autour !

Gaby SIOUFI

10 h 15, le 24 septembre 2021

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • a bien y penser, le nouveau ministre a t il eu le temps, le moyen et racoler les "conseillers" intelligents afin de BIEN ETUDIER ses dossiers ? j'en doute tres fort vu le flou que le-les divers cartels& leurs sponsors Kellon ont reussi a tisser autour !

    Gaby SIOUFI

    10 h 15, le 24 septembre 2021

  • JE VOUDRAIS TELLEMENT, ON VOUDRAIT TELLEMENT QUE L'OLJ NOUS DISE CE QUI EN EST DES SUBVENTIONS AUX MÉDICAMENTS. SONT ELLES RENOUVELEES OU PAS ? JE/ON EST DANS LE NOIR LA. LEUR CARTEL DIT UNE CHOSE, LA BDL UNE AUTRE, LES PHARMACIES ONT LEUR IDEE LA DESSUS ?? ALORS C QUOI EN FAIT ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 52, le 23 septembre 2021

Retour en haut