Le Parlement européen a adopté hier, avec 575 voix sur 705, une résolution sur le Liban portant un soutien sans équivoque à la population, au mouvement de contestation né du soulèvement d’octobre 2019 et à la société civile. Ce texte, qui n’a pas de valeur contraignante, est également un message clair adressé au nouveau gouvernement pour que des réformes structurelles soient mises en place au plus vite afin de lancer la coopération internationale et les plans de sauvetage.
Christophe Grudler, député au Parlement européen et membre du groupe centriste Renew Europe, espère donner ainsi un nouveau souffle au soutien international pour le Liban et sa population. « C’est un message de fraternité que les peuples d’Europe, représentés au Parlement européen, veulent envoyer aux Libanais : vous n’êtes pas seuls », déclare à L’Orient-Le Jour l’eurodéputé. Signe de leur volonté de prouver leur attachement au pays du Cèdre, les députés du groupe Socialistes et démocrates, dont une délégation avait effectué une visite à Beyrouth au début du mois de septembre, ont conclu leurs allocutions par un « ma rah netrek-kon » (nous ne vous laisserons pas tomber).
Long de 12 pages, relatant les différents dossiers en lien avec la crise libanaise, la double explosion du 4 août, l’effondrement du système bancaire et les défis humanitaires, le texte met en avant 20 recommandations adressées aux États membres et au gouvernement libanais. Parmi celles-ci, un appel pour que l’UE envoie, à la demande des autorités libanaises, une mission d’observation pour garantir la bonne tenue des élections législatives de 2022, ou la mise en place d’une task force internationale sous mandat onusien pour superviser les aides humanitaires. Le Hezbollah, seul parti politique mentionné dans le texte, est associé à la répression du mouvement de contestation et accusé, du fait de son « allégeance idéologique à l’Iran », de déstabiliser la cohésion gouvernementale. La résolution met aussi en avant la « responsabilité particulière (du Hezbollah), ainsi que celle d’autres parties (...) dans la crise politique et économique du Liban ».
« La rédaction d’une telle résolution est vraiment complexe et pour convaincre les députés, il faut peser chaque mot sans glisser vers un texte vide de sens », explique Christophe Grudler.
Laisser une chance au cabinet Mikati
L’adoption de la résolution avec une large majorité de voix représente une victoire pour le groupe Renew Europe qui a pu associer les groupes politiques de gauche, de droite et les Verts à sa démarche. Les groupes d’extrême gauche et d’extrême droite n’ont pas voté en faveur du texte et auraient à peine participé aux négociations. « Les échanges ont été extrêmement forts », confie à L’OLJ Pedro Marques, président du groupe parlementaire de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen (S&D), le point d’achoppement principal entre partis politiques étant l’instauration ou non de sanctions à l’encontre des responsables politiques libanais. Le Conseil européen avait annoncé, le 30 juillet dernier, la mise en place d’un cadre pour des sanctions ciblées contre des personnes ou entités au Liban ayant porté atteinte à la démocratie ou à l’État de droit. Mais la formation du gouvernement, après treize mois de blocage, semble avoir convaincu certains responsables européens de temporiser. « Nous comprenons le scepticisme ambiant face au nouveau gouvernement, cependant il faut lui laisser une chance d’agir. En ce moment, des sanctions seraient inappropriées et prématurées alors que cela fait plus d’un an que nous demandons la formation d’un gouvernement », ajoute Pedro Marques. Selon les informations recueillies par notre journal, une liste de noms conçue à Paris aurait fait l’objet de discussions au sein du Parlement mais aucune décision n’a, pour le moment, été prise. Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, accusé d’avoir mis en place un système de Ponzi à l’origine de la crise financière, est la seule personnalité nommément citée dans le texte.
La lutte contre la corruption, une priorité
Si le débat a été si houleux entre les députés, c’est que le recours aux sanctions, traditionnellement utilisé par l’administration américaine, n’a pas encore convaincu. Sanctionner pour corruption les élites politiques d’un pays tiers, non-membre de l’Union, est considéré par les socialistes et les groupes se situant aux deux extrêmes de l’échiquier comme relevant d’une forme d’ingérence.
« Nous laissons aux responsables libanais quelques mois pour voir si les réformes vont être menées, si un accord avec la Banque mondiale et le FMI va avoir lieu pour sauver le pays. Si les politiciens font toujours obstruction, il ne nous restera plus que les sanctions », ajoute Pedro Marques. Quelles que soient les évolutions politiques, le Parlement européen veut faire de la lutte contre la corruption des élites libanaises une priorité. Plusieurs services européens devraient se mettre en branle afin de coopérer à un niveau communautaire sur ces dossiers. « Cela peut aller très vite, nous avons plusieurs organes comme Eurojust, Europol qui se saisissent de dossiers sur demande de pays membres », ajoute Christophe Grudler. Dans ce dossier, note le député, une coopération approfondie entre la Grande-Bretagne, la Suisse et l’Union européenne afin d’identifier tout mouvement de fonds suspects, de biens mal acquis ou autres malversations a été lancé. Avec la formation du gouvernement et dans les jours à venir, l’Union demandera la levée de l’immunité de plusieurs responsables, accusés de corruption. « Au gouvernement de prouver qu’il a compris le message. Tout répit est un bonus à l’inaction, nous ne relâcherons pas la pression », avertit Christophe Grudler.
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REFREINEZ UN PEU VOS MENACES. VOUS LES FAITES RIRE A EUX ET DECEVEZ ENORMEMENT LE PAUVRE PEUPLE LIBANAIS QUI COMPTAIT BEAUCOUP SUR VOUS. LA NAISSANCE DE CET HYBRIDE D,HYDRE DE LERNES QU,EST CET ACCOUCHEMENT D,UN SIMULACRE DE GOUVERNEMENT, CLONE DE TOUS SES PRECEDENTS, N,EST PAS FAIT POUR VOUS REMERCIER.
LA LIBRE EXPRESSION
17 h 33, le 17 septembre 2021