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Économie - Crise

Levée des subventions sur le carburant : pas d’annonce malgré les signaux

La Direction du pétrole avait ordonné mercredi l’arrêt de la distribution en expliquant devoir faire l’inventaire du carburant subventionné et non subventionné.

Levée des subventions sur le carburant : pas d’annonce malgré les signaux

Très peu de stations-service étaient ouvertes hier, suite à la décision de la Direction du pétrole demandant mercredi aux directions des installations pétrolières ainsi qu’aux sociétés importatrices de pétrole d’arrêter d’approvisionner le marché local. Photo P.H.B.

Annoncée pour la première fois il y a un an, et mise en œuvre de façon détournée depuis le printemps, la levée des subventions sur le carburant – essence, mazout et gaz domestique – se fait toujours attendre, malgré la multiplication des signaux laissant présager leur levée imminente. Dernier épisode en date, la Direction du pétrole au sein du ministère de l’Énergie et de l’Eau a informé hier soir les sociétés importatrices de carburant qu’elles seront autorisées à partir d’aujourd’hui à livrer de l’essence aux stations-service à des prix conformes à la nouvelle tarification qui doit être publiée ce matin.

La Direction a également précisé que les prix de l’essence resteront subventionnés – sans précision sur le taux – et que la réévaluation de ceux du mazout était toujours à l’étude, le ministère étant encore dans l’attente « d’informations » supplémentaires avant de communiquer sa décision définitive. Selon une source proche des filières de distribution, le taux employé pour calculer les prix en livres sera toujours de 8 000 livres pour un dollar, conformément aux modalités du mécanisme de subvention mises à jour en août, alors que celui-ci est déjà mis en place par la Banque du Liban (BDL) depuis octobre 2019.

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Concrètement, le dispositif permet aux acteurs qui importent de l’essence, du mazout et du gaz domestique d’échanger leurs livres contre des dollars ponctionnés sur les réserves de devises de la BDL. Le taux de 8 000 livres est plus de cinq fois supérieur à la parité officielle de 1507,5 livres, mais reste inférieur à celui du marché parallèle (variant autour de 13 500 et 14 000 livres pour un dollar hier), véritable marqueur de la valeur réelle de la livre depuis le début de la crise dans laquelle le pays est plongé depuis deux ans.

Revirement par rapport à mercredi

L’annonce de la Direction du pétrole, confirmée par deux acteurs du secteur à L’Orient-Le Jour, survient 24 heures après une première injonction demandant mercredi aux directions des installations pétrolières – qui sont rattachées au même ministère – ainsi qu’aux sociétés importatrices de pétrole, d’arrêter jusqu’à nouvel ordre d’approvisionner le marché local en carburant subventionné au taux de 8 000 livres pour un dollar.

La Direction avait alors justifié la mesure en expliquant devoir faire l’inventaire du carburant subventionné et non subventionné – une référence au mazout déjà vendu au prix du marché à certains groupes, dont les industriels. « Avec ce revirement, nous avons perdu une journée pour rien, d’autant plus que plusieurs importateurs attendent encore des validations ou des paiements de la BDL. Ceux-là ne déchargeront pas de marchandises (aujourd’hui) », déplore une source proche de la filière. Dans une déclaration à l’Agence nationale d’information, le porte-parole du syndicat des propriétaires de stations-service, Georges Brax, a indiqué que la « majorité » des stations-service « avaient fermé » et que les sociétés importatrices « ne (leur) avaient pas livré d’essence, conformément à la décision de la Direction du pétrole ». Georges Brax a ajouté que cette dernière n’avait aucun lien avec la levée à venir des subventions.

Le représentant des distributeurs de carburant, Fadi Abou Chacra, a lui déclaré au site local al-Janoubiya que « l’explosion de la bombe » de la levée totale de subventions sur le carburant que le président Michel Aoun et le Premier ministre Nagib Mikati – qui vient de former son gouvernement – tentaient d’éviter « depuis plus de trois semaines » avait eu lieu aujourd’hui. Il a aussi assuré que la levée des subventions sur le mazout avait déjà été actée et que celle concernant l’essence le serait « dans les prochaines heures ». La source anonyme précitée a, elle, affirmé qu’il n’y avait encore aucune décision officielle de prise, hormis celle de la Direction du pétrole.

Toujours est-il que l’absence de calendrier clair sur la levée des subventions sur le carburant a continué hier de provoquer des problèmes d’approvisionnement en essence et en mazout pour les différents acteurs économiques du pays, tandis que de nombreux libanais garent leurs véhicules devant les rares stations-service qui ouvrent encore régulièrement dans l’espoir de pouvoir, au mieux, faire le plein ou d’acquérir ne serait-ce que quelques litres.

Désorganisation

La situation était extrême hier avec quelques rares stations ouvertes, pour la plupart afin de servir des militaires et des membres des différentes forces de sécurité. « Certains points de vente ont conclu des contrats avec des institutions pour stocker du carburant que ces dernières ont acheté », a justifié une seconde source proche de la filière. Sur l’autoroute de Baabda, une de ces stations, qui avait ouvert pour servir des membres de l’armée, a rapidement dû refermer suite à l’énorme bouchon provoqué par les automobilistes venus se garer à proximité dans l’espoir de pouvoir faire le plein. « Il n’y a plus une goutte d’essence dans le pays, même le marché noir est à sec », plaisantait un automobiliste qui faisait la queue à cet endroit. De fait, la désorganisation dans laquelle se déroule la levée de subventions a naturellement favorisé le détournement d’une partie des carburants importés au profit de la contrebande vers la Syrie ou des receleurs locaux qui attendent la levée des subventions pour revendre les quantités en question.

La levée des subventions se fait donc toujours attendre, en alimentant au passage les spéculations. Certains soupçonnent par exemple la classe dirigeante de faire artificiellement baisser le taux livre/dollar sur le marché parallèle pour faire passer la pilule de la levée de subventions. Gravitant autour de 19 000 livres depuis plusieurs semaines, ce taux a en effet reculé de 5 000 livres environ depuis la formation du nouveau gouvernement vendredi dernier pour passer sous la barre des 14 000 livres pour un dollar.

Si rien ne permet de démontrer un quelconque lien entre ces deux évènements, certains experts rappellent que l’Inde avait profité de la baisse des cours mondiaux du pétrole au milieu des années 2010 pour réduire sensiblement ses propres subventions sur les hydrocarbures.

Annoncée pour la première fois il y a un an, et mise en œuvre de façon détournée depuis le printemps, la levée des subventions sur le carburant – essence, mazout et gaz domestique – se fait toujours attendre, malgré la multiplication des signaux laissant présager leur levée imminente. Dernier épisode en date, la Direction du pétrole au sein du ministère de l’Énergie et de...

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Ils peuvent annoncer tout ce qu’les veulent mais tant que l’enturbanné n’a pas donné son feu vert rien ne se fera. Un épouvantail en guise de président et des fossoyeurs qui tiennent les rênes du pouvoir pour mener le pays la où ils ont décidé depuis plus de 10 ans en obéissant au doigt pointé et à l’œil de ce vendu. On se demande ce que l’opposition attend pour mettre fin à cette mascarade autorisée par les pays aidants sous le regard hagard des citoyens libanais à qui on a coupé les ailes consciemment et qu’on leur demande de voler. Nous sommes abandonné à notre triste sort par tous ceux qui ont promis et failli en nous trahissant. Macron doit savoir maintenant quel goût a la trahison puisqu’il vient de la subir de la part des australiens et des américains réunis. Il y a quand même un Dieu quelque part.

Sissi zayyat

11 h 49, le 17 septembre 2021

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Commentaires (1)

  • Ils peuvent annoncer tout ce qu’les veulent mais tant que l’enturbanné n’a pas donné son feu vert rien ne se fera. Un épouvantail en guise de président et des fossoyeurs qui tiennent les rênes du pouvoir pour mener le pays la où ils ont décidé depuis plus de 10 ans en obéissant au doigt pointé et à l’œil de ce vendu. On se demande ce que l’opposition attend pour mettre fin à cette mascarade autorisée par les pays aidants sous le regard hagard des citoyens libanais à qui on a coupé les ailes consciemment et qu’on leur demande de voler. Nous sommes abandonné à notre triste sort par tous ceux qui ont promis et failli en nous trahissant. Macron doit savoir maintenant quel goût a la trahison puisqu’il vient de la subir de la part des australiens et des américains réunis. Il y a quand même un Dieu quelque part.

    Sissi zayyat

    11 h 49, le 17 septembre 2021

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