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Monde - Portrait

Au Venezuela, l'irrésistible ascension d'Alex Saab, Colombien d'origine libanaise, des porte-clés à la diplomatie

Homme de paille affairiste du président vénézuélien pour ses détracteurs, serviteur dévoué du chavisme et intermédiaire ingénieux pour ses soutiens, il est passé de l'ombre à la lumière mais risque désormais d'y retourner pour plusieurs années: il doit être extradé du Cap-Vert aux Etats-Unis.

Au Venezuela, l'irrésistible ascension d'Alex Saab, Colombien d'origine libanaise, des porte-clés à la diplomatie

Une affiche en faveur de la libération d'Alex Saab, Colombien d'origine libanaise naturalisé vénézuélien et détenu au Cap-Vert. Photo REUTERS/Leonardo Fernandez

Ancien vendeur de porte-clés publicitaires, Alex Saab, Colombien d'origine libanaise de 49 ans, s'est transformé en quelques années en homme lige du pouvoir de Nicolas Maduro, qui lui a offert la nationalité vénézuélienne et un passeport diplomatique.

Homme de paille affairiste du président vénézuélien pour ses détracteurs, serviteur dévoué du chavisme et intermédiaire ingénieux pour ses soutiens, Alex Saab est passé de l'ombre à la lumière mais risque désormais d'y retourner pour plusieurs années: il doit être extradé du Cap-Vert aux Etats-Unis.

Interpellé lors d'une escale technique de son avion au Cap-Vert en juin 2020, il est accusé de blanchiment par les Etats-Unis qui l'ont dans leur ligne de mire pour son aide à Maduro. Washington a régulièrement cherché à évincer du pouvoir Hugo Chavez (1999-2013) comme Nicolas Maduro, son héritier. Inculpé en juillet 2019 à Miami, Alex Saab est accusé de tirer les ficelles d'un vaste réseau qui aurait permis à Nicolas Maduro et aux membres du pouvoir de détourner à leur profit de l'aide alimentaire. Avec son associé Alvaro Pulido, également inculpé, M. Saab aurait transféré 350 millions de dollars (285 millions d'euros) hors du Venezuela sur des comptes étrangers. Les deux hommes encourent jusqu'à 20 ans de prison.

Pour mémoire

Un homme d'affaires colombien d'origine libanaise proche de Maduro accusé de corruption par Washington

Après des mois de procédure, la Cour constitutionnelle a validé son extradition et l'Etat a désormais 45 jours pour exécuter la décision. Sa défense évoque un "suicide constitutionnel", accusant les autorités d'être inféodées aux Etats-Unis. Caracas tente depuis des mois de sauver son homme lige, en faisant jusqu'à placarder sur les murs des villes du pays des inscriptions comme "Liberté pour le diplomate Alex Saab" ou créant le hashtag #FreeAlexSaab sur les réseaux sociaux.

"Jamais le chavisme ne s'était autant démené pour quelqu'un. Qu'est-ce qui explique qu'on remue ciel et terre pour lui? Qu'on veuille faire jouer son immunité diplomatique?", s'interroge Roberto Deniz, journaliste de Armando.info et spécialiste du dossier. "Il est évident qu'il y a beaucoup de peur. Il peut révéler des choses sur les montages, la circulation des fonds, les surcoûts... C'était la cheville ouvrière des affaires du régime Maduro avec les pays alliés", ajoute M. Deniz.

Essence iranienne et système italien

Fils d'un entrepreneur libanais à Barranquillla (nord-est de la Colombie), Alex Saab a commencé par vendre de porte-clés avant de se lancer avec succès dans le textile. "Guidé par son esprit d'entrepreneur cosmopolite, il cherche à dépasser les frontières" et se rend au Venezuela, attiré par "le secteur de la construction", raconte sur Youtube la série "Alex Saab, agent anti-blocus", version très officielle de sa vie. Selon cette série, M. Saab a obtenu son premier contrat au Venezuela en 2011. Sur les images, on le découvre âgé de moins de 40 ans, arborant une queue de cheval, signant au Palais présidentiel de Miraflores une "alliance stratégique" pour des "kits de constructions pour des logements sociaux". Le président est alors Hugo Chavez et Nicolas Maduro est ministre des Affaires étrangères.

"J'ai proposé un système italien de construction. Après un an de travail et de porte-à-porte, on a réussi à rentrer et ouvrir une usine", raconte Alex Saab au journal El Tiempo en 2017. Il souligne alors: "je ne connais pas le président Maduro", assurant ne l'avoir croisé que lors de cérémonies protocolaires. Mais, c'est précisément sous la présidence Maduro qu'Alex Saab connaît sa foudroyante ascension pour devenir un "ministre plénipotentiaire de l'ombre", des logements sociaux à la construction de gymnases, estime Roberto Deniz.

En 2016, Maduro lance le programme Clap (Comités locaux d'approvisionnement et de production) de distribution d'aliments subventionnés aux plus pauvres, un des points d'orgue de sa présidence alors que le Venezuela est en pleine crise économique. Selon sa chaîne Youtube, après "d'importants" succès commerciaux, Alex Saab se convertit en 2018 en "un fonctionnaire public" envoyé en "mission" pour acquérir en Russie et Iran (deux importants alliés du Venezuela) des "aliments, des médicaments et des produits pour les raffineries". Alex Saab est notamment un des artisans de la spectaculaire et paradoxale "route iranienne" qui a vu l'Iran approvisionner grâce à des tankers remplis de carburant un Venezuela alors en proie aux sanctions américaines.

Ancien vendeur de porte-clés publicitaires, Alex Saab, Colombien d'origine libanaise de 49 ans, s'est transformé en quelques années en homme lige du pouvoir de Nicolas Maduro, qui lui a offert la nationalité vénézuélienne et un passeport diplomatique.Homme de paille affairiste du président vénézuélien pour ses détracteurs, serviteur dévoué du chavisme et intermédiaire ingénieux...

commentaires (2)

Tiens tiens, il faisait déjà dans « les subventions aux pauvres ». Eh ben justement, c’est notre homme: y a du pognon à prendre par ici.

Marionet

15 h 00, le 11 septembre 2021

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Commentaires (2)

  • Tiens tiens, il faisait déjà dans « les subventions aux pauvres ». Eh ben justement, c’est notre homme: y a du pognon à prendre par ici.

    Marionet

    15 h 00, le 11 septembre 2021

  • Y a pas de quoi en fier … Dans les cercles de ce pouvoir sulfureux, les magouilles sont « la normalité » Bref… passons à autre chose…

    LE FRANCOPHONE

    13 h 54, le 11 septembre 2021

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