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Monde - Commémoration

Comment le 11-Septembre a rebattu les cartes au Moyen-Orient

Vingt ans après les spectaculaires attentats menés par el-Qaëda et le lancement de la « guerre contre le terrorisme », le bilan des interventions américaines dans la région tend à montrer qu’elles ont été contre-productives.

Comment le 11-Septembre a rebattu les cartes au Moyen-Orient

Les attentats perpétrés contre les tours jumelles du World Trade Center à New York, le 11 septembre 2001. Seth McAllister/AFP

Dans un petit coffee shop enfumé de Beyrouth, Omar joue en ligne avec des internautes de la région. Peu après 15 heures, les gens autour de lui s’attroupent, leurs yeux se rivent sur le petit poste de télévision accroché au mur. En ce 11 septembre 2001, deux avions viennent de percuter, à quelques minutes d’intervalle, les deux tours du World Trade Center à Manhattan. Au même moment, à Genève, l’ancien ministre et diplomate Tarek Mitri regarde les mêmes images avec consternation. « Mon Dieu, pourvu que ce ne soit pas des Arabes », pense-t-il très fort. Le monde entier est suspendu aux nouvelles face à la plus grande attaque terroriste du XXe siècle. L’onde de choc est colossale, le drame rapidement comparé à un nouveau « Pearl Harbor » qui, comme lui, est sur le point de bouleverser la donne politique et économique mondiale.

Dans le monde arabe, celui de toutes les contradictions, l’événement prend les populations de court et donne lieu à des sentiments divers. Rime Allaf, analyste politique et écrivaine syrienne, était à Damas à l’époque. « J’étais extrêmement surprise de voir des amis, pourtant ouverts, modernes et pas religieux, se réjouir ouvertement qu’un tel drame arrive aux Américains », se souvient-elle. Dans la région, nombreux sont ceux qui estiment que les Américains ne font que récolter ce qu’ils avaient semé. « Il y avait beaucoup de sympathie pour les victimes civiles, mais, soyons honnêtes, dans les sociétés dévastées par les actions des États-Unis et de leurs alliés, certains pensaient que les Américains avaient là un avant-goût de ce dont ils souffraient eux, Égyptiens, Algériens ou autres, depuis des années », se remémore Sinan Antoon, poète et romancier américano-irakien.

Très vite pourtant, les théories du complot explosent et beaucoup pensent qu’il est impossible que des Arabes aient pu être à la tête d’une telle opération, imputant à la CIA un énième coup de Jarnac. L’État hébreu, lui, saute sur l’occasion pour proposer son aide à son allié, « compte tenu de son amère expérience du terrorisme ». Des médias arabes l’accusent immédiatement de profiter de cette tragédie. « Les Américains n’étaient pas bien vus dans la région à cause de leur soutien inconditionnel à Israël, et cela n’a pas changé après le 11-Septembre », rappelle Tarek Mitri. Si Yasser Arafat condamne fermement ces attentats, les qualifiant de « crime contre l’humanité », dans les camps de Aïn el-Héloué et de Chatila, au Liban, des dizaines de réfugiés palestiniens manifestent toutefois leur joie en tirant en l’air des salves d’armes automatiques, tout comme en Cisjordanie. Dans la presse jordanienne et égyptienne, des journaux rejettent ouvertement la responsabilité des attentats sur Israël et sa politique de « colonisation » des Palestiniens sur laquelle Washington s’est aligné. La presse du Golfe est unanime dans sa condamnation alors que les médias officiels irakiens, eux, sont les seuls de la région à se réjouir ouvertement du drame, le président Saddam Hussein estimant que les États-Unis ont « récolté les épines de leur politique ». Tous les autres pays et potentats de la région condamnent les attentats, et ce même l’Iran, pour qui les États-Unis sont pourtant l’ennemi juré. De leur côté, les instances religieuses de 57 pays musulmans, mais aussi al-Azhar, s’empressent de condamner les attentats qu’ils estiment contraires à l’islam. « Le président Bush a clairement dit que cela n’avait rien à voir avec les musulmans. La rhétorique était plutôt modérée par rapport à ce qu’on a vu des années plus tard avec Donald Trump et le Muslim ban (qui interdit l’entrée sur le territoire américain aux ressortissants de six pays, NDLR) », appuie Rime Allaf. Mais pour une partie de l’opinion occidentale, les coupables sont désignés et à mettre dans le même sac. « Il était clair, pour nous, que ces événements allaient changer à jamais le cours de l’histoire de la région », se souvient l’analyste syrienne.

« Guerre culturelle »

Huit mois après l’arrivée de George W. Bush à la Maison-Blanche, les attentats ouvrent un nouveau chapitre de la politique étrangère américaine. Au cours des jours suivants, les discussions s’enchaînent à un rythme effréné à Washington sur la marche à suivre. Pour l’administration Bush, le constat est sans appel : si des représailles s’imposent, le 11-Septembre a, en outre, fait exploser au grand jour l’ampleur de la menace de l’islamisme radical pour l’Occident et de l’étendue des nébuleuses jihadistes dans la région. Tout comme il met en lumière l’incapacité – ou le manque de volonté – des deux alliés traditionnels de Washington au Moyen-Orient, l’Arabie saoudite et l’Égypte, à les contrôler. Sur les 19 terroristes ayant participé à la sordide opération figurent un Égyptien et 15 Saoudiens. Leader d’el-Qaëda, Oussama Ben Laden est saoudien tandis que le numéro deux de l’organisation, Ayman al-Zawahiri, est égyptien.

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Du côté des néoconservateurs américains de l’époque dont l’idéologie a été largement forgée par la guerre du Golfe de 1991, à l’instar de Donald Rumsfeld alors secrétaire des États-Unis à la Défense et de son numéro deux Paul Wolfowitz, les attaques offrent une opportunité unique de frapper fort et de justifier un interventionnisme militaire accru dans plusieurs pays – à commencer par l’Irak de Saddam Hussein. Pour les républicains issus de la tendance plus modérée, représentés dans l’équipe de Bush par le secrétaire d’État de l’époque, Colin Powell, la priorité doit aller à la lutte contre el-Qaëda et l’Afghanistan, où est alors réfugié Oussama Ben Laden, chef de l’organisation terroriste et désigné comme responsable des attaques par Londres et Washington. Après d’âpres négociations et hésitations, le second scénario l’emporte.

Moins d’un mois après les attentats du 11-Septembre, la première riposte est lancée contre le régime des talibans au nom de la « guerre contre le terrorisme », une rhétorique qui devient alors centrale tant dans le discours que dans l’approche de l’administration républicaine à l’égard de la région. Chose qu’il qualifiera d’erreur des années plus tard, George W. Bush va jusqu’à évoquer une « croisade » contre le terrorisme, un vocabulaire d’inspiration théologique qui ravive les sensibilités historiques au Proche-Orient. « Malheureusement, le gouvernement américain a exploité l’attaque terroriste pour la présenter comme une “guerre culturelle” et l’a utilisée pour ses objectifs désastreux », déplore Sinan Antoon. « Aussi légitime que puisse être une guerre contre le terrorisme, le problème des États-Unis – non seulement sous l’administration Bush mais aussi sous celles qui ont suivi – est de voir le monde arabe uniquement sous cet angle », remarque Tarek Mitri.

Accompagnées par les forces de l’OTAN, les troupes américaines déploient d’abord leurs forces aériennes en Afghanistan à partir du 7 octobre 2001 avant de lancer des offensives terrestres. Pour les talibans, qui ne disposent ni de l’entraînement ni des ressources suffisantes pour lutter contre ce type d’intervention, la défaite sera rapide et cuisante. En seulement trois mois, les forces de la coalition – appuyées par l’Alliance du Nord qui regroupe différents mouvements afghans opposés aux talibans – avancent à une allure fulgurante du nord au sud du pays dans le sillage de la chute de Kaboul. En décembre, les accords de Bonn sont signés sous l’égide de l’ONU et prévoient, entre autres, la mise en place d’une Autorité transitoire chargée d’adopter une nouvelle Constitution.

Pour Washington, l’opération – qui acte l’installation sur le long terme des forces occidentales en Afghanistan – est couronnée de succès. Pour les néoconservateurs républicains, elle marque le premier pas en vue d’un projet plus ambitieux et plus vaste : celui d’une reconfiguration du Moyen-Orient au nom de la lutte contre « l’Axe du mal », considéré comme le sponsor du terrorisme. Prononcée pour la première fois par George W. Bush lors du discours sur l’État de l’Union de janvier 2002, l’expression vise l’Irak, l’Iran et la Syrie et instaure les prémices d’une polarisation de la région sur fond de considérations confessionnelles. « Sans le 11-Septembre, nous n’aurions jamais pu mettre l’Irak en tête de notre agenda », confiait un haut responsable américain au New York Times en 2003.

Unilatéralisme assumé

Si certains y voient seulement un prétexte pétrolier, le régime de Saddam Hussein, sous embargo depuis 1990 dans le sillage de l’invasion du Koweït par l’Irak, est dans la ligne de mire des néoconservateurs depuis une décennie déjà – sous couvert de considérations énergétiques, géopolitiques et diplomatiques. Renverser le dictateur irakien par le biais d’une action militaire préventive doit alors ouvrir la voie à l’installation d’un modèle démocratique stable. Plus ambitieux encore, l’objectif est d’entraîner un effet de contagion dans le reste de la région, de constituer un rempart aux organisations terroristes et de mettre au pas le reste des autocrates des pays voisins, y compris parmi les alliés de Washington. Pour les responsables américains issus de l’administration de Bush père, cette option offre une opportunité supplémentaire : achever l’opération entamée lors de l’invasion de l’Irak par les forces de la coalition pour la libération du Koweït en 1991 en allant cette fois jusqu’à Bagdad.

Mais si l’intervention en Afghanistan avait bénéficié d’un soutien tant aux États-Unis que du côté de leurs alliés occidentaux, de nouveaux obstacles se dressent cette fois face à Washington : la faiblesse des preuves avancées par les autorités américaines sur l’existence, en Irak, d’un arsenal d’armements chimiques, des lacunes légales pour justifier l’intervention, un manque de soutien international, voire une opposition catégorique – notamment de la part de la France. Aux yeux des néoconservateurs américains, la fin justifie cependant les moyens, quitte à opter pour un unilatéralisme pleinement assumé. « L’interventionnisme américain a toujours existé, mais en l’occurrence, il a été poussé à l’extrême avec la guerre en Irak. Un interventionnisme qui, en sus, n’a pas été suivi d’un projet de reconstruction d’un État », observe Tarek Mitri.

En dépit des critiques et des opposions, l’opération baptisée par le département d’État « Liberté irakienne » est tout de même lancée le 20 mars 2003. Elle bénéficie de l’appui des troupes britanniques, australiennes et d’autres contingents moins importants. En vingt jours, le régime baassiste tombe avec la prise de Bagdad par les forces de la coalition. « L’invasion de l’Irak a réveillé chez beaucoup d’Arabes le sentiment d’être toujours à la merci de cette puissance impériale, amie d’Israël, qui peut faire l’économie des intérêts de nos peuples et de nos pays », relate l’ancien ministre. Les images de la chute de la statue de Saddam Hussein sur la place Firdos sont lourdes de symboles : celui de l’effondrement d’un État après 24 ans d’une dictature sanguinaire et l’amorce d’une rupture géopolitique pour l’ensemble de la région. « La surréaction américaine dans le sillage de la décision absolument catastrophique d’envahir l’Irak a provoqué l’ouverture d’une boîte de Pandore : en donnant lieu à la montée en puissance de l’Iran, en décimant les minorités religieuses, notamment chrétiennes, et en renforçant les tendances paranoïaques et sécuritaires de la plupart des régimes autoritaires – c’est-à-dire exactement le contraire de ce qu’avaient promis les architectes de l’invasion américaine en Irak », constate Karim Émile Bitar, directeur de l’Institut des sciences politiques à l’Université Saint-Joseph.

L’offensive américaine fait alors le jeu des principaux adversaires de Saddam Hussein dans la région, avec qui il est à couteaux tirés depuis la guerre du Golfe. Pour Damas, Téhéran, Le Caire et Riyad, elle marque la fin du turbulent règne du dictateur. Surtout, les actions de l’administration Bush en Afghanistan en 2001 d’abord, puis en Irak deux ans plus tard, font indirectement les affaires de la République islamique. La chute des talibans puis du régime sunnite de Saddam Hussein de part et d’autre de ses frontières laisse soudainement les mains libres à l’Iran pour accélérer son projet d’expansion de Téhéran à Beyrouth, en passant par Bagdad et Damas. Un plan d’autant plus facilité par l’intronisation, en Afghanistan, du gouvernement de Hamid Karzaï qui entretient de bons rapports avec le régime iranien. En Irak, l’installation chaotique d’un pouvoir chiite et l’enlisement des forces américaines permettent à la République islamique, qui fait l’objet d’un embargo pétrolier et économique mis en place par les États-Unis depuis 1995, d’étendre ses tentacules dans ce qu’elle considère comme étant son arrière-cour à des fins politiques et confessionnelles, mais aussi économiques et énergétiques. L’arrivée, en 2005, du nouveau président iranien issu de l’aile ultraconservatrice Mahmoud Ahmadinejad combinée à la répartition des supplétifs iraniens à travers les pays arabes et des velléités nucléaires iraniennes scindent davantage la région et exacerbent la concurrence préexistante pour le leadership du monde musulman entre le bloc chiite et le bloc sunnite, dont l’Arabie saoudite est la tête de file.

Symbole de ce bras de fer, l’Irak plonge dans un conflit fratricide communautaire, cristallisé par la « guerre des mosquées » de février 2006 à la suite d’une explosion dans un mausolée chiite à Samarra, imputée à des activistes sunnites. La période est également marquée par la montée en puissance des mouvements islamistes dans la région, avec l’intensification des attaques terroristes menées à travers les réseaux liés à el-Qaëda, du Maghreb à la péninsule Arabique. « L’État islamique d’Irak » est quant à lui proclamé en 2006 dans le sillage d’une fusion de plusieurs groupes jihadistes quelques mois après la mort du chef d’el-Qaëda en Irak, Abou Moussab el-Zarqaoui. « La soi-disant guerre contre le terrorisme menée par les États-Unis en réponse au 11-Septembre a produit plus de terreur et plus de terrorisme dans la région et a entraîné la mort de centaines de milliers de civils innocents en Afghanistan et en Irak », fustige Sinan Antoon. Au total, la « guerre contre le terrorisme » a fait plus de 1,3 million de morts en Irak, en Afghanistan et au Pakistan, selon une étude historique menée par l’organisation nobelisée Physicians for Social Responsability et publiée en 2015.

« Fiasco sur toute la ligne »

Pour une partie de la rue arabe, l’arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche, en 2009, laisse espérer un réajustement de la politique américaine au Moyen-Orient. Après huit ans sous l’administration Bush, les relations entre Washington et la région sont tendues. « Au Moyen-Orient, beaucoup de personnes ont eu le sentiment que les États-Unis étaient devenus un colosse aux pieds d’argile, indique Karim Émile Bitar. Ils ont d’abord succombé à l’hubris puis à la surextension impériale, en pensant qu’ils pouvaient être présents simultanément sur plusieurs terrains d’affrontement en Afghanistan, en Irak, au Yémen ou encore en Somalie. »

Le 4 juin 2009, le discours prononcé depuis l’Université du Caire par le président américain – alors en exercice depuis seulement cinq mois – a une dimension historique, en incarnant une main tendue pour une réconciliation avec le monde arabo-musulman et une rupture avec son prédécesseur avec l’annonce d’« un nouveau départ ». Une promesse dont les contours restent cependant flous. Ils ne se préciseront que quelques années plus tard, dans le sillage des printemps arabes de 2011 et du refus de Barack Obama d’intervenir en Syrie en dépit de l’utilisation d’armes chimiques par Bachar el-Assad contre son peuple, pourtant fixée comme ligne rouge par Washington.

Sur le fond, les grandes lignes de la politique étrangère américaine restent les mêmes, avec la protection d’Israël au premier plan et le maintien des alliances traditionnelles en dépit des considérations des droits humains. Mais le mandat de Barack Obama amorce le désengagement américain au Moyen-Orient. Tirant les conclusions de l’échec de l’administration précédente dans la région, le démocrate veut se retirer des « guerres sans fin » au profit d’un pivot vers l’Asie. Quatre mois avant le discours du Caire, Barack Obama avait annoncé le retrait des troupes américaines d’Irak pour août 2010, avec pour but de ne maintenir que des missions d’entraînement de l’armée irakienne et des activités antiterroristes. Les réalités du terrain vont toutefois le rattraper. La mort en mai 2011 d’Oussama Ben Laden, tué dans la ville pakistanaise d’Abbottabad dans le cadre d’une opération militaire menée par les commandos de la marine américaine, marque la fin d’une longue traque de dix ans, mais elle n’efface pas l’héritage d’el-Qaëda.

Dans la foulée des soulèvements qui ont balayé la région en 2011, les dix années suivantes sont marquées au fer rouge par la guerre en Syrie et la montée en puissance de l’État islamique en Syrie et en Irak en 2014, les opérations de la coalition occidentale antiterroriste menée par Washington puis la chute du « califat » en 2019.

Dans le monde arabe, les cartes ont été rebattues. Le renversement de Hosni Moubarak en Égypte, chantre de l’anti-islamisme lâché par Washington, et l’intervention sous l’égide de l’ONU contre Mouammar Kadhafi en Libye ont encouragé les autocrates du Golfe à renforcer la répression contre toute forme de dissidence sous couvert de lutte contre le terrorisme. La concurrence pour le leadership au Proche-Orient – exacerbée dans le sillage de la guerre au Yémen – s’est cristallisée autour des agendas iranien et saoudien d’une part, et de la rivalité entre l’axe turco-qatari, pro-islam politique, et l’axe formé par Riyad, Abou Dhabi et Le Caire, d’autre part. À l’ère de la préparation de l’après-pétrole, les priorités sociales et économiques internes ont pris le dessus dans le Golfe.

Quant aux investissements massifs américains en Irak, ils sont loin d’avoir donné les résultats escomptés et le bilan est amer. La guerre contre le terrorisme, trop vague et trop large en termes de cible, n’a pas été accompagnée d’une stratégie concrète de reconstruction de la nation irakienne par Washington. « La guerre contre le terrorisme a été un fiasco sur toute la ligne », résume Karim Émile Bitar. « D’autant plus que, contrairement à ce que pensent beaucoup dans le monde arabe, cela n’a pas profité aux finances américaines. Cette guerre a laissé l’Amérique plus endettée que jamais », remarque-t-il. Au total, les deux décennies de guerre contre le terrorisme, incluant l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie et le Pakistan, ont coûté 8 000 milliards de dollars aux États-Unis, selon des chiffres publiés par The Cost of War Project de l’Université Brown.

Un fiasco résumé par les images de la débâcle à l’aéroport de Kaboul lors de l’évacuation de milliers d’Afghans le mois dernier, dans le sillage du retrait américain d’Afghanistan annoncé en mai et achevé le 31 août. Vingt ans après les attentats du 11-Septembre et la chute des talibans, la mouvance fondamentaliste est de retour au pouvoir. « Le retrait d’Afghanistan marque la fin de toute sorte d’interventionnisme américain, estime Tarek Mitri. La politique étrangère des États-Unis ne risque plus de pousser à une implication dans différentes régions du monde au point de l’entraîner dans des bourbiers. La page de cette époque est tournée. »

Dans un petit coffee shop enfumé de Beyrouth, Omar joue en ligne avec des internautes de la région. Peu après 15 heures, les gens autour de lui s’attroupent, leurs yeux se rivent sur le petit poste de télévision accroché au mur. En ce 11 septembre 2001, deux avions viennent de percuter, à quelques minutes d’intervalle, les deux tours du World Trade Center à Manhattan. Au même moment, à Genève, l’ancien ministre et diplomate Tarek Mitri regarde les mêmes images avec consternation. « Mon Dieu, pourvu que ce ne soit pas des Arabes », pense-t-il très fort. Le monde entier est suspendu aux nouvelles face à la plus grande attaque terroriste du XXe siècle. L’onde de choc est colossale, le drame rapidement comparé à un nouveau « Pearl Harbor » qui, comme lui, est sur le point de bouleverser la donne politique et...
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