Aide-nous, cheikh Bachir, à renouer un jour
Avec ta belle histoire ;
À nous ensoleiller, en cette nuit qui court,
Du jour de ta victoire ;
Aide-nous à revivre avec ton bel esprit,
Avec l’esprit d’un peuple ;
Car l’esprit souverain, nous l’avons désappris :
Le cèdre se dépeuple.
Aide-nous, cheikh Bachir, à renouer demain
Avec le vivre-ensemble ;
À transcender nos clans, à nous serrer la main
Propre, qui te ressemble ;
Aide-nous à tracer entre nous un grand trait
D’union nationale ;
À voir dans ce pays ton rayonnant portrait
À l’expression finale ;
À abattre nos peurs, nos murs confessionnels
Nos clôtures sectaires,
Et les têtes de pont aux desseins fusionnels
Des forces étrangères ;
Aide-nous à trouver le Liban-vocation
Et le Liban-message ;
Et à perdre à jamais le Liban-partition
Ou le Liban-passage ;
À chanter le credo de la laïcité
Aux voix républicaines,
À contempler la paix, l’art de notre cité
Loin de ces cris de haine.
Aide-nous à bâtir un État vrai, de droit,
Maître de ses frontières,
De son sol, son destin, un État fier et droit,
État à part entière ;
Un État dont la tête est saine, en bon état,
À la justice égale ;
Un État sans ghettos et sans mini-État,
Sans armées illégales ;
Un État épanoui, libre et indépendant,
Qui vole de ses ailes,
Qui n’admet en son sein ni gagnants ni perdants,
Car son hymne les mêle !
Un État fait pour tous, bref un État-nation
Qui fond dans un seul moule
Chrétiens et musulmans, cassant les négations
Et leurs effets de foule.
Aide-nous, cheikh Bachir, enfin à nettoyer
Toutes nos écuries,
Mais d’abord, pour ce faire, aide-nous à broyer
Nos maux, nos incuries ;
Aide-nous à briser ce pouvoir corrompu,
Porté par des crédules,
Instaurer un nouveau, après avoir rompu
Ces pourris sans scrupules !
Aide-nous, cheikh Bachir, car toi, tu l’aurais pu !
Si la haine si lâche
N’avait pas, bassement, un jour interrompu
Ton héroïque tâche.
Aide-nous à sortir de l’infecte prison,
À racler cette fange,
Car oui, tu peux le faire, à travers ta maison :
La maison des Phalanges !
Ils sont là, tes enfants, fils, neveux, compagnons…
Ils ont pris la relève !
Ils marchent sur tes pas, brandissant ton fanion,
Pour exaucer ton rêve !
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